Résumé de l’épisode précédent :
Au moment où cet épisode commence, Cinq Dieux aux noms prédestinés (Hèr, Hue!, Gêè!, Bée et Hi-Grec) viennent d’être chassés manu militari du Congrès des Dieux de 1823 qui se tint dans la ville de Rugby en Angleterre, après qu’ils aient osé affirmé qu’il est normal que la planète ne tourne pas rond, puisqu’elle est… ovale !
Bannis par leurs pairs pour hérésie suprême, et se sentant investis d’une mission fondatrice d’un Monde Nouveau, voilà nos Cinq Zigotos errant au petit matin dans la ville de Rugby. Harassés et assoiffés par les joutes verbales et l’épreuve qu’ils viennent d’endurer au Congrès, ils pénètrent alors de manière intempestive dans le premier pub qu’ils trouvent ouvert sur Lancaster Road.
Le bistrot est tenu par un surprenant couple de tauliers : une splendide jeune femme, aux atours gracieux plus que charmants lui conférant des allures de déesse, et une espèce de vieux grippe-sou acariâtre, sec et décati, qui visiblement pourrait être son père.
D’abord méfiant vis-à-vis de ce fantasque et tonitruant soi-disant Quintet Divin qu’il soupçonne d’en vouloir à son oseille, le taulier finit par être rassuré après multe tergiversations et, s’imaginant déjà pouvoir tirer profit de la situation, va même jusqu’à offrir une tournée de bibine, la spécialité de son établissement…
ÉPISODE 2 :
Chacun ayant mis la sienne (y compris bien sûr la patronne !), c’est donc au bout de la septième tournée que nos Cinq Fondateurs eurent une révélation: le breuvage servi ici était largement meilleur que l’Hydromel. Il restait maintenant à savoir s’il était doté des mêmes pouvoirs magiques (sujet sur lequel tout le monde allait très rapidement être rassuré).
Et puisque pour faire table rase du passé et construire l’avenir avec enthousiasme il faudrait bien choisir une nouvelle boisson officielle dans le Nouveau Monde, ils décidèrent que cette boisson, ce serait… la bibine !
Ravi, le taulier se frottait déjà les mains à la perspective des conséquents profits que ce point de règlement allait lui rapporter. Aussi, c’est avec une joie non retenue, un état dans lequel il ne se mettait que très rarement, qu’il accompagne l’heureuse nouvelle d’une initiative qui en ravit plus d’un :
— Excellente idée… vraiment ! Allez, j’remets la mienne alors !
L’affaire semblant être partie sur d’excellentes bases, il fallait à présent s’organiser pour la suite des évènements. Hi-Grec, indéniablement Celui des Cinq doté du plus grand sens des responsabilités, donne ses directives :
— Bon, taulier, va falloir qu’on soit tranquille ici pendant quelques jours… aussi, tu vas aller tirer le rideau de ton bouclard…
— Ah bon ! Mais… ils vont trouver ça bizarre les habitués, qu’ça soit fermé… nous on est ouverts sept sur sept ! Faut absolument que j’leur donne une explication, sinon ils vont pas comprendre et ils sont capables d’app’ler les flics ces cons si on leur donne pas d’nos nouvelles. Et puis dis-donc, c’est bien beau tout ça, mais j’vais perdre un sacré paquet d’pognon dans c’t’affaire moi. Et en plus, aujourd’hui, c’est jour de marché !
— T’inquiète pas pour l’oseille… tu seras remboursé au centuple et peut-être même pour la postérité. Euh… et puis pour le motif de la fermeture- surprise, t’as qu’à mettre un écriteau « Fermé pour cause de travaux de fondations » … comme ça tu ne leur mentiras qu’à moitié, vu qu’on est là pour fonder.
Une fois le rideau tiré, c’est à la lueur de quelques bougies allumées à la hâte que les maîtres des lieux assistent à une scène dont l’image restera à jamais gravée dans leur mémoire… une scène au cours de laquelle nos Cinq Pères décident sur le coin d’un zinc d’établir ici-même leur quartier général, et se jurent, dans un remake du célèbre « Serment du Jeu de Paume » des Constituants du siècle d’avant, de ne quitter l’endroit, ensemble, qu’une fois leur mission accomplie.
À compter de cet instant, installés dans l’arrière-salle jouxtant le bar, il leur faudra cinq jours, et une quantité invraisemblable de fûts de bière, pour définir les bases du Nouveau Monde… un minimum soit dit en passant pour des travaux de fondation dignes de ce nom !
Traversé par un éclair de génie (ce qui n’est pas vraiment surprenant pour un Dieu, et lui-même était particulièrement coutumier du fait), le Grec prend à nouveau l’initiative et annonce à ses Compères, en continuant d’user d’un ton solennel :
— Parce qu’en toute circonstance il faut être sérieux sans se prendre au sérieux, le fondement du Monde Nouveau que nous allons bâtir sera un jeu… Un jeu d’équipe, puisque l’Esprit d’Équipe est un trésor inestimable… Un jeu de ballon qui fera courir ses pratiquants, ce qui leur fera le plus grand bien… Un ballon à l’image de notre planète… Un ballon… ovale !
Puis il ajoute :
— Eu égard à nos patronymes et à la cité dans laquelle nous sommes en ce lieu réunis, il est inutile de faire compliqué pour trouver le nom de ce jeu qui n’existe pas encore et que nous allons inventer, et que nous nous devrons d’élever au niveau d’un art de vie… Par la force des choses, ce jeu ne peut s’appeler autrement que… « Rugby » !
Et il termine ainsi :
— Bien, j’ai assez parlé… Maintenant, Mesdieux, c’est à nous de jouer et on a un sacré boulot qui nous attend… Qui veut commencer ?
Et après ?
Ami lecteur, si tu veux connaître le début et la suite de cette histoire qui va amener ce Quintet Divin, fortement aidée par la Taulière, à établir les règles qui présideront à la destinée de la Planète Ovale pour des siècles des siècles grâce à l’effet magique de la bibine, il te suffit de cliquer ici…
« Et Dieux merci… William Webb Ellis prit le ballon dans ses mains »
Edition Puissance 15 – 2020 / 266 pages dont 15 illustrations
Texte : Frédéric POULET
Illustrations : Jean-Michel UCCIANI (planète ovale, portraits des Dieux du Rugby, les tauliers, la bibine, Hi-Grec, le ballon, l’équipe au pied des poteaux, la taulière)
Autres illustrations : Pixabay : bougie, nuage et éclairs
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