Parti de sa Mayenne natale, c’est à l’Ile de La Réunion, terre de ses racines paternelles, que ce garçon entrera de plein pied dans le monde d’Ovalie…
C’est en effet au Sporting Club Chaudron que Yoann Médard va non seulement chausser les crampons, mais aussi s’investir dans la gestion et l’administration du club Dionysien… Un tremplin qui l’amènera ensuite à travailler 14 années durant pour le compte du Comité de Rugby de La Réunion où, entre autres, il entendra souvent le Président Coupou entonner « Tit Fleur fanée »… Et puis, depuis peu revenu en Métropole, c’est grâce au fabuleux « Passeport Rugby » que Yoann est en train de se frayer un beau chemin en ce pays de Toulouse, auprès de filles habillées en « Rouge & Noir », les couleurs du Stade Toulousain… Des filles qui n’ont pas fini de faire parler d’elles… Merci Yoann !
Bonjour Yoann, le rugby et toi… Ca commence où et quand ?… Et lui et toi, quels chemins avez-vous suivis ensemble jusque là ?
Laval, Mayenne (53)
J’ai toujours été fan de ce sport… Gamin, j’ai poussé près de ma mère à Laval, dans la Mayenne, qui n’est pas vraiment une terre de rugby, et j’adorais regarder les matchs du Tournoi des V nations à la télé avec mon grand-père, qui lui était un passionné ! Malheureusement, ma mère ne voulait pas que je joue car elle me trouvait trop maigre (!!) et finalement, ce n’est qu’à 18 ans, en 99, que j’ai fait mon entrée officielle dans la famille ovale… C’était à La Réunion, l’île de mes racines paternelles, où à l’époque j’ai pris la décision de venir vivre après l’obtention de mon bac en comptabilité.
A mon arrivée à Saint-Denis-de-La-Réunion, je me suis très rapidement inscrit au Sporting Club Chaudron Rugby, dont le terrain n’était qu’à quelques mètres de chez ma grand-mère, chez qui j’habitais. J’ai rejoint les Juniors du club, qui étaient entraînés à l’époque par Didier Adekalom, et mon intégration a été très rapide… j’ai bien sûr commencé à l’aile (bizutage oblige !), et j’ai même été amené à jouer… 2ème ligne… Car mon faible poids me permettait de me faire porter très haut dans les touches !!
L’année suivante je suis Senior, et en plus de ma casquette « joueur », je me retrouve également rapidement entraîneur de l’école de rugby et Secrétaire Général du club… En fait, j’avais pris une année sabbatique, et j’ai donné 100% de mon temps au SC Chaudron, où j’ai fait de magnifiques rencontres comme, entre autres, celles de Didier Adekalom, Fred Rivière, Georges de Fondaumière, Pascal Welmant, Bertrand Bareights… Tous ces gars là m’ont pris sous leur aile et j’ai grandi avec eux.
Ayant des notions comptables, j’ai en parallèle bénéficié d’un emploi-jeune au Comité de Rugby de La Réunion, alors présidé par Daniel Martin (juste avant qu’il ne passe la main à Armon Coupou), pour assister le Trésorier et assurer des tâches administratives… Au total, je resterai 14 ans au Comité Réunionnais, que j’ai quitté en juin 2014 ! Je jouerai et serai dirigeant au SC Chaudron jusqu’en 2006, et dans le cadre de mon job au Comité, j’accompagnerai ensuite la création du club de Saint-Bernard à La Montagne, la « re-naissance » du club de La Redoute (le CSAG) et du Rugby Club Panonnais, et la création également du Rugby Club de Saint-Leu.
En juin 2014, je quitte La Réunion et je m’installe à Toulouse, où je me rapproche tout naturellement du Stade Toulousain Féminin, dont je connaissais quelques joueuses membres de l’Equipe de France qui a participé plusieurs fois au Tournoi International à 7 organisé par le Comité de Rugby de La Réunion. C’est comme ça que je suis initialement entré en contact avec David Gérard, Président du club, lequel m’a, au fil du temps et de nos rencontres, proposé de devenir, après avoir été simple bénévole, Coordinateur Général de l’équipe, fonction que j’exerce depuis juillet 2015.
Parmi tous les moments forts que tu as vécus dans l’environnement du rugby, si tu devais en faire ressurgir 3 qui t’ont particulièrement marqué, ce serait lesquels ?
Alors je te parlerai d’abord du titre de Champions de La Réunion obtenu en 2005 avec le SC Chaudron, entraîné par Didier Adekalom et Georges de Fondaumière, et présidé par Thierry Moulan. Cette année là a été particulièrement dure pour le club, car plusieurs membres avaient connu des évènements dramatiques, ce qui a eu pour conséquence de tisser des liens de solidarité extraordinaires dans tout le groupe Seniors, I et Réserve confondues… Nos 2 équipes se sont retrouvées en finale dans leurs championnats respectifs, avec à la clé un titre de Champions Honneur pour la I (avec l’exploit de battre le RC Saint-Pierre, qui dominait alors le rugby Réunionnais), et de Vice-Champions Promotion d’Honneur pour la II.
Ce titre de 2005 a eu une continuité en 2006 puisqu’il nous a permis, en tant que Champions de La Réunion en titre, d’aller défier les Champions de Madagascar, les « 3FB », sur leurs terres, pour disputer la Coupe de l’Océan Indien, remise en jeu chaque année entre les 2 îles… Et devant plus de 15.000 spectateurs, on est allé gagner chez eux… Un moment rugbystique et une aventure humaine extraordinaires !
Un autre moment très fort pour moi, ce fut le 1er Tournoi International Féminin de Rugby à 7 que nous avons organisé à Saint-Denis lorsque je travaillais au Comité de Rugby de La Réunion, en 2008… A cette occasion nous avons reçu les équipes nationales d’Afrique du Sud, de France, de Madagascar, de Mayotte, et l’équipe féminine de La Réunion complétait le tableau… Ce fut un magnifique évènement, remporté par les Springboks Féminines, qui avaient battu la France en finale.
J’évoquerai enfin le titre de Championnes de France Elite 2 Armelle Auclair, obtenu par les filles du Stade Toulousain en juin dernier contre Bayonne, après une magnifique saison où le match de la montée pour le Top 8 s’est joué contre La Valette… Un titre que je n’ai vécu pour ma part qu’en tant que bénévole, mais qui reste pour moi un moment énorme.
Tu es depuis peu devenu le Coordinateur Général des Féminines du Stade Toulousain… En quoi consiste ta mission ?
Au sein de l’équipe dirigeante, je m’occupe essentiellement de toute la partie administrative et des liens avec le Comité et la Fédération, ainsi que de l’organisation et de la logistique des rencontres à domicile, assisté de nombreux bénévoles… On ne manque pas de travail, et il se fait toujours dans la bonne humeur !
Et alors, cette équipe des Féminines du Stade Toulousain, tu peux nous la présenter dans ses grandes lignes ?
Présidé par David Gérard, le « Stade Toulousain Rugby Féminin » a été créé en 2014, et il est une émanation directe de l’Avenir Fonsorbais Rugby Féminin. Notre effectif actuel est d’environ 120 joueuses au total… 80 Seniors et une quarantaine de Cadettes (-18 ans). Notre équipe Equipe I, entraînée par Philippe Gleyze et Pierre Marty, évolue en Top 8, le plus haut niveau français, et notre Equipe II, entraînée par Gérard et Eric Betous, est en Championnat Fédérale (correspond à la 3ème « division » chez les filles).
Toulouse étant une ville étudiante et très attractive, pas mal de filles viennent de l’extérieur, y compris de l’étranger : Canada (Latoya Blackwood, vice-championne du monde en titre), Irlande, Suède… Une mixité géographique et culturelle qui fait souffler un esprit très ouvert et très sympa sur cette équipe… Chaque fille apporte quelque chose au groupe, par son jeu, mais aussi par ses racines. Aucune n’est pro, la plupart sont étudiantes ou travaillent, notamment chez certains de nos partenaires. Elles ont 3 entraînements par semaine à Ernest Wallon, et jouent leurs matchs sur le stade du TOAC, qui se trouve juste en face. On a un public fidèle qui est de plus en plus nombreux, avec des cuvées qui vont jusqu’à 1500 spectateurs, ce qui est extrêmement encourageant et nous aide beaucoup, entre autres, dans la mise en place de notre projet de partenariat. Autour de David Gérard, une quarantaine de dirigeants et de bénévoles accompagnent au quotidien les Féminines du Stade… Je ne peux pas citer tout le monde, mais je leur adresse ici un gros clin d’œil !
Le rugby féminin se développe de façon considérable depuis quelques années… Comment vit-on cet « état de fait » quand on en est acteur au quotidien ?
qui est enfin devenu un sport à part entière aux yeux d’un nombre grandissant de personnes, et qui chaque jour progresse… Tout en sachant que la marge de progression est encore énorme ! C’est ce qui est très excitant, car cela veut dire que beaucoup de choses sont à structurer au niveau des clubs… On a donc du pain sur la planche, et c’est tant mieux !
Quelle est ton activité professionnelle ?
J’ai récemment créé une société de vente d‘équipements sportifs, complètement personnalisables. Je suis entre autres revendeur des marques Gilbert, Pro’Ac, Sol’s…
Yoann, tu es par tes racines à la fois Mayennais et Réunionnais… Que retiens-tu de ces 2 départements distants de 10.000 kms ?
Le métissage est une chance et je l’ai toujours vécu ainsi, c’est une des caractéristiques essentielles de La Réunion ! La Mayenne est une terre essentiellement agricole, avec un secteur agroalimentaire très développé (dont le fleuron est le Groupe Lactalis, 1er groupe laitier mondial et 1er fromager européen!). C’est un lieu de transition au carrefour de la Bretagne, de la Normandie et de l’Anjou. Son relief est formé de collines et de vallées peu profondes, il est donc peu marqué et culmine à un peu plus de 400 mètres d’altitude… Tout le contraire de La Réunion, avec ses paysages escarpés, ses cirques, ses pitons, son volcan et son sommet culminant, le Piton des Neiges, qui s’envole à plus de 3000 mètres ! Ce que je retiens par-dessus tout de La Réunion et ce que j’y apprécie le plus, c’est la qualité des relations humaines.
Et tu vis depuis peu à Toulouse… Qu’as-tu découvert en arrivant ici ?
J’ai surtout eu la confirmation de quelque chose dont je me doutais… C’est l’énorme place que prend ici le Stade Toulousain dans le cœur des gens… Tu sens que c’est véritablement une institution, et quand tu arrives de l’extérieur, c’est impressionnant. En gros, pour caricaturer un peu, je dirai qu’ici, « quand le Stade Toulousain va bien, tout le monde va bien… Et quand il va mal, tout va mal ! ». Le rugby, et le Stade Toulousain Féminin en particulier, a été pour moi un magnifique facteur d’intégration ici… Il m’a permis de me créer rapidement un réseau d’amitié et de lien social… Mais ça je crois qu’on est tous d’accord pour dire que c’est une des vertus essentielles de notre sport.
Donc ça y est… Te voilà toi aussi dans la « Mêlée Puissance 15 »… A qui fais-tu la passe pour venir nous y rejoindre ?
Ce ballon Puissance 15, je vais l’adresser à 2 personnes… A Mickaël Teyssèdre, Président du Sporting Club Rugby Chaudron à La Réunion, parce que pour moi c’est là-bas que tout a vraiment commencé côté Rugby et que j’y ai de très nombreux amis… Et je vais également faire la passe à David Gérard, Président des Féminines de Toulouse, car le projet qu’il mène dans ce club est tout simplement magnifique, et ce sera pour lui l’occasion de t’en parler plus longuement.
Yoann, on va se quitter avec quelle chanson ?
En l’honneur de l’Ile de La Réunion, ce sera « Tit fleur fanée »… Avec un gros clin d’œil à tous les Réunionnais, et en particulier à Armon Coupou, le Président du Comité de Rugby de La Réunion… Il la chante à merveille!
Jean Pierre Boyer – Tit fleur fanée
Site Internet du Stade Toulousain Rugby Féminin
Interview : Frédéric Poulet
Photos : Photo « Une » de Yoann : Sylvie Demarcq / Photos « rugby » de Yoann: Archives YM / Photos Filles du Stade Toulousain Féminin Rugby : Teiva Faure / Vue Ile Madagascar : Fotolia 62388110 / Vue Piton des Neiges : Fotolia 33718474 / Vue Laval : Wikipédia – Pymouss 44 – CC BY SA 3.0
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