Et ce sera donc Serge Edmond, Président du RC Massy de 1999 à 2004, qui sera le premier à entrer dans la Mêlée « Puissance 15 » nouvelle mouture… . Rencontre avec ce « Provençal Massicois » (à moins que ce ne soit l’inverse !), « autodidacte du rugby » comme il le dit lui-même, et que nous sommes allés rencontrer dans la chocolaterie qu’il co-dirige avec bonheur depuis 4 ans, dans ce magnifique pays du Vaucluse dont il est originaire. Et où l’on s’apercevra qu’une partie de son cœur est restée bien accrochée, en « bleu et noir », du côté de Massy… Merci Serge !
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Côté Rugby
Bonjour Serge, raconte-nous quand, où, et comment est apparu le rugby dans ta vie ?
Mes premiers souvenirs de rugby commencent à l’orée des années 60, quand l’employeur de mon Père m’amenait le dimanche dans sa Citroën DS supporter le SUC XIII, qui était alors le club phare de Cavaillon, évoluant en première division du Championnat de France à XIII. L’odeur de camphre s’échappant des tribunes en bois surplombant les vestiaires, voire le fait de pouvoir quelquefois toucher ces « gladiateurs », tout cela laisse des souvenirs indélébiles à un môme de 6 ans !
En parallèle, c’était pour moi la découverte du XV au travers des retransmissions télé du Tournoi de 5 Nations les samedis après- midi, avec Roger Couderc comme « 16eme Homme », et des « figures » telles que Spanghéro, Gachassin, et autre Aldo Gruarin ! Puis en 1971, j’ai connu ma future épouse, fille du trésorier du club de Bédarrides….un signe !
Et ensuite, quel a été ton parcours en terre de rugby ?
C’est un parcours atypique, avec quelques matches en scolaire, puis l’accompagnement de mon fils Aymeric à l’Ecole de Rugby du SUC XV à Cavaillon. En 1989 c’est la « migration » vers Massy suite à une mutation professionnelle, et là commence une fabuleuse histoire d’hommes. D’abord comme premier supporter d’Aymeric avec l’équipe des minimes du RC Massy, puis en charge des bidons d’eau et des oranges et citrons !
Ensuite la rencontre de mon Ami Vincent Dupond, avec qui nous prenons en charge la Commission Partenariat. Puis la Présidence du RC Massy de 1999 à 2004 ! Aujourd’hui, de retour en Provence depuis 10 ans, je continue de suivre l’évolution du RCME de loin physiquement, mais avec toujours la même intensité de cœur. Je garde un contact étroit avec grand nombre de dirigeants du club, et bien sûr il y a également et surtout quelques visites régulières chaque saison pour vivre les moments forts en direct avec eux !
Bon alors justement… si tu devais choisir et nous faire partager quelques moments intenses que tu as vécu avec le R.C. Massy, ce serait lesquels ?
Chronologiquement, je retiendrai ma première semaine de Présidence avec 2 enchaînements inoubliables : Le vendredi soir, veille de notre finale Cadets contre le Stade Toulousain, le « dîner des Présidents » au restaurant la Cascade à Paris, entre Pierre Albaladéjo et Claude Dourthe, où en quittant la table, Michel Palmié, dit « La Palme », m’a soulevé comme une brindille en me disant « Sois pas inquiet, tu vas la gagner cette finale !! » Je suis monté dans ma voiture les larmes aux yeux… Et le lendemain, samedi, quand j’arrive à 17h00 sur la pelouse du Stade de France, déjà garni de milliers de supporters, où la grande finale opposera tout à l’heure le Stade Toulousain à Montferrand, quand je lis sur le « planchot » : « Stade Toulousain : 0 / RC Massy 0 »… Quelle fierté pour ce Club et ses dirigeants, qui ont bâti tout cela pierre après pierre ! En second lieu, ce qui m’a marqué pour longtemps c’est la qualité des Hommes et des Femmes qui composent ce Club. Nous avons fait des choses remarquables par simple passion et par simple plaisir de construire ensemble. Après avoir quitté ce magnifique Club, cette cheville ouvrière que nous formions s’est transformée en cercle d’amis proches. Quel autre sport que le rugby peut t’apporter cela ?
Selon toi, qu’est-ce qui fait l’ADN du R.C.Massy Essonne ?
La formation me semble être la composante originelle de l’ADN du RCME, c’est un axe prioritaire depuis toujours. Au-delà de ce pilier fondamental il y a également la vision du rugby insufflée depuis sa création par des dirigeants de grande qualité, à tous les niveaux de la structure. Chacun est animé de la même passion et tend vers le même objectif : « faire grandir le Club » ! Tout cela se traduit notamment par le grand nombre de joueurs de haut niveau issus du Club et évoluant aujourd’hui dans les différentes équipes du Top 14.
D’autre part, il me semble également important de souligner le caractère social du Club. Notamment son implication dans l’intégration de tous les gamins issus d’une mixité culturelle et cultuelle forte qui fait l’identité de Massy. A ce titre je tiens à rendre un hommage appuyé et sincère à tous ceux qui en qualité d’éducateurs et d’entraîneurs œuvrent depuis toujours dans ce sens. Alors, chapeau bas Messieurs, Jacques, Alain, Patrick, Jean Daniel, Christophe, Olivier, Gilles, François, Henri, Stéphane… et tant d’autres, ils se reconnaîtront. Je ne peux tous les citer, et m’en excuse cependant je tiens à dire à chacun « Respect et Merci ».
Hormis le R.C.M.E. quels autres clubs affectionnes-tu tout spécialement ?
Sans hésiter, le premier que je citerai est le Stade Toulousain, pour tout ce qu’il a apporté comme qualité de jeu, avec une culture et des gênes du jeu d’évitement profondément ancrés. Le second serait le R.C.Toulon, à la fois pour sa capacité à se surpasser depuis toujours pour le maillot, et par l’évolution qu’a apporté au monde sclérosé du rugby son Président actuel. Même si je ne partage pas tout chez lui, notamment ses excès, j’ai néanmoins un grand respect pour le travail et les résultats accomplis. Enfin, le troisième que je citerai, pour des raisons affectives, est l’AS Bédarrides, club d’un « irrésistible village gaulois » de moins de 6000 âmes, qui réussit à évoluer en Nationale dans les années 70, et dans lequel mon beau-père a longtemps œuvré comme dirigeant.
Et quels sont les joueurs qui t’ont le plus impressionné ?
Le premier que j’ai « badé », comme on dit familièrement en Provence, est Jérôme Gallion, pour son intelligence de jeu et sa classe naturelle. J’ai eu l’énorme plaisir de le côtoyer au cours du Super Challenge à Toulon, lui Président du RCT, et moi du RCME. L’Homme est à l’image du joueur : « Grand » !
Jérôme Gallion
Le second est Yannick Jauzion, pour ses qualités rugbystiques et son attitude des plus exemplaires ! Quel beau joueur, humble et discret, qui savait faire briller ses partenaires comme personne.
Yannick Jauzion
Le troisième, c’est Éric Champ (encore un Toulonnais !). Il incarne pour moi les valeurs fondamentales du rugby : l’engagement, l’honneur du maillot, la capacité d’analyse et d’adaptation immédiate aux situations. Et il a su continuer à le démontrer dans sa carrière post rugby.
Éric Champ
Et j’en citerai un quatrième, qui est la synthèse de toutes ces qualités ! Il joue en Bleu et Noir et s’appelle Florent Maleville ! C’est simplement un grand joueur, un exemple à suivre, un futur grand dirigeant du RCME !
Qu’est-ce que tu aimes le plus dans le rugby, que t’a-t-il apporté dans ta vie ?
Je suis très attaché aux valeurs fondamentales que le rugby véhicule depuis toujours… mais soyons vigilants à les faire perdurer : Le respect, l’humilité, le partage et le don de soi. Ces valeurs sont tout à fait transférables dans la vie professionnelle et dans la vie tout court ! C’est pourquoi la définition « Ecole de rugby, Ecole de la vie » me parait définir au mieux l’essence de ce sport. Le rugby m’a permis de rencontrer des Hommes et des Femmes magnifiques. Grand nombre d’entre eux sont aujourd’hui des amis fidèles ! Et au-delà des rencontres, j’ai vécu des émotions intenses tant avec la joie de la victoire qu’avec la détresse de la défaite, où l’on se doit de trouver les mots justes (existent-ils ?). Et puis, pour moi aussi ce fut une école de vie. Autodidacte en la matière, j’ai beaucoup appris au contact de chacun des membres de l’équipe administrative et sportive du RCME.
Quels sont les faits qui t’ont le plus marqué dans l’actualité récente du rugby ?
En premier lieu la remontée immédiate du RCME en PRO D2 à l’issue d’une seule année de purgatoire en Fédérale 1… Signe que le RCME est un grand club ! D’ordre plus général, l’arrivée de mécènes dans un grand nombre de clubs me parait nécessaire pour l’évolution du rugby. Néanmoins soyons vigilants à ce que chacun reste à sa place, et n’œuvre que pour l’intérêt général du club et pas forcément pour valoriser son égo.
En tant que Président du RC Massy, tu étais partie prenante lors de la version 1 de « Puissance 15 », comme l’avait été avant toi Francis Forestier, ton prédécesseur. Que retiens-tu de ce que nous avons réalisé tous ensemble à cette époque ?
« Puissance 15 » fait partie des moments forts de mon parcours rugby. D’abord par la rencontre des hommes impliqués dans cette aventure. Ce qui a fait prendre immédiatement le ciment du projet, au-delà du concept même, fut encore et toujours la qualité des hommes qui le portaient. Avec Vincent Dupond, qui avait en charge la commission Partenariat du Club, nous avons tout de suite accroché à ce projet novateur.
en juillet 2000, où lors du repas de gala, la salle entière s’est levée pour entonner sous la baguette d’Alain Berthe, alors Président du R.C. Vannes, ces magnifiques chansons bretonnes, notamment « Mon P’tit Garçon » ! Il me souvient avoir perçu quelques larmes au coin des yeux de certains… Quel grand moment !! Mais au-delà de cette amitié, cette complicité cette sincérité que nous avons vécues, que peut- on retenir de Puissance 15 ? Un concept en phase avec le rugby, basé sur le partage et la complémentarité des compétences. La « première version » s’est construite sur les relations humaines au travers de clubs marqués par des valeurs communes, qui ont su les proposer et les communiquer à leur environnement économique. Il faut souligner ici le travail considérable réalisé par Fred et Nicolas, porteurs de ce projet, qui ont su convaincre et fédérer par la passion qu’ils transmettaient. Quel message adresser à l’aube de la relance ? Fédérer de nouveaux clubs sur la base des fondations déjà posées tout en prenant en considération les évolutions du rugby lors de ces dernières années me semble réalisable. Je pense que le concept initial, complété par les nouveaux critères définis, accroit son attractivité et répond, de fait, aux attentes actuelles des partenaires tant institutionnels que privés.
Côté Ville
Combien de temps as-tu vécu à Massy, et quels en sont pour toi les principaux atouts et attraits ?
15 années… et 15 années de bonheur ! J’ai pu profiter de sa proximité avec Paris, apprécié sa mixité sociale et culturelle, sa gare TGV qui (entre autres !) met Avignon à moins de 3 heures et a largement contribué au développement économique de la ville. Et n’oublions pas son opéra-théatre, qui offre une ouverture sur la culture musicale, universelle et nécessaire au développement de chacun.
Et à part Massy, quels sont les autres territoires pour lesquels tu as un attachement tout particulier ?
La Provence, car c’est ma région d’origine, avec ses paysages variés, ses villages, ses spécificités de terroirs et sa douceur de vivre. N’oublions pas aussi la valeur travail portée notamment par les « Gens de la terre provençale », qui démontrent au quotidien que sieste et pastis sont de simples clichés. Et puis Paris, qui à n’en pas douter est une des plus belles (la plus belle ?!) ville du monde.
Sur le plan professionnel, quel a été ton parcours, et quel métier exerces-tu aujourd’hui ?
« Autodidacte de formation », j’ai notamment travaillé au sein d’un grand groupe agroalimentaire où j’ai occupé différentes fonctions dans les domaines de la production, logistique, achats et qualité. C’est mon évolution dans cette entreprise qui m’a conduit à Massy en 1989. Puis en 2004, après 25 années au sein de ce groupe, ce fut le retour en Provence pour la réalisation d’un projet personnel avec mon épouse, la reprise d’une torréfaction, boutique, salon de thé.
Aujourd’hui je suis co-gérant de la Chocolaterie Castelain, à Chateauneuf-du-Pape, rachetée il y a 4 ans avec un ami associé. Nous nous sommes connus durant ma « période parisienne », avons travaillé vingt ans ensemble et avons une véritable complémentarité de métiers et d’expertise. Lui est en charge de la commercialisation et du marketing, j’assure pour ma part la gestion de la production et des achats. Ce projet aussi est bâti sur une relation forte de confiance et de respect mutuel. Nous employons 26 collaborateurs et avons réalisé 4 millions d’Euros de chiffre d’affaires en 2013. Nous fabriquons des chocolats sous 4 formes: les tablettes, les bonbons, les moulages et les turbinés. Nous avons deux Maîtres Chocolatiers qui assurent les différentes étapes de la fabrication, ainsi que la partie développement de nouveaux produits. A titre d’exemple nous lançons cette année une ganache au Yusu et 4 ganaches « terroirs », chacune ayant des spécificités aromatiques bien distinctes.
Par quels types de contacts professionnels pourrais-tu être intéressé ?
Ce qui fait la richesse du concept « Puissance 15 », c’est avant tout la mixité des profils des acteurs du réseau, quel que soit leur statut (dirigeant, partenaire, joueur, institutionnel,…). Alors, au cours des futures rencontres, nul doute que nous croiserons des personnes avec qui nous partageons sur nos valeurs communes. De fait, le contact plus « professionnel » s’en trouve facilité, et les opportunités de collaboration s’ouvriront naturellement, sans pour autant les provoquer « à tout prix ».
Et à part le rugby et le chocolat, quels sont tes principaux centres d’intérêt dans tes moments de loisir ?
Lorsque j’ai un peu de temps, ce sont principalement la lecture, le golf, la cuisine et la musique…
Bon, pour finir ce bon moment passé ensemble… Tu sais que dans le monde du rugby, les chansons ne sont jamais bien loin… Alors, si tu devais nous en faire écouter juste une, que tu aimes particulièrement, qu’elle ait traversé ta vie il y a longtemps ou pas, ce serait laquelle ?
Peut-être « Mistral gagnant » de Renaud… Et pour rester dans le cadre du rugby, ce serait sans doute « Le Dimanche à quinze heure ». Ce texte reflète bien ce qu’est l’esprit rugby, même si je dois (en toute amitié pour l’auteur) corriger une contre vérité. En effet, je peux témoigner que même en ayant que très peu joué, tu comprends « qu’on ait le cœur serré lorsque revient Septembre » !! Car la passion de ce sport habite tout un chacun impliqué dans la vie de son Club !
Mistral gagnant
Le dimanche à 15h
Site Internet Rugby Club Massy Essonne
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Interview et photo portrait par Frédéric Poulet
Photo des chocolats Bernard Castelain par Dominique Milherou
Photo rugby J.D. Lapèze
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