Ce garçon a pris tout son temps avant de se mettre au rugby, mais il n’y a là rien d’inquiétant, car c’était pour se « faire un pied », ce qui lui fut bien utile quand plus tard il eut la lourde tâche de devoir mettre entre les perches…
Et le jour où enfin Pascal Pinsolle ouvrit la porte d’Ovalie, ce ne fut pas pour faire de la figuration. Non seulement joueur, il s’engagea très vite dans une vocation d’éducateur, qui le mena naturellement à celle d’entraîneur, fonction dans laquelle il eut le bonheur suprême de toucher le bois… Rencontre avec ce pur Capbretonnais qui nous raconte « son » incroyable pays, dont les habitants n’ont qu’une peur, c’est qu’on leur vole « leur » Estacade… Mais ils n’ont rien à craindre, car le précieux trésor est bien gardé par des sentinelles surfant sur des boucliers de bois d’une valeur inestimable… Merci Pichine !
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Bonjour Pascal, tu as mis un certain temps à venir jouer au rugby… Tu peux nous raconter ?
Je suis originaire de Capbreton, où j’ai toujours habité. Et effectivement, j’ai mis un peu de temps avant de venir au rugby, bien que lui soit venu à moi dès ma plus tendre enfance. Mon grand-père, mon père, mes oncles étaient tous d’anciens joueurs. Quand j’étais gamin, mon père était dirigeant au Biarritz Olympique, du coup j’ai rarement loupé un match à Aguilera dans ma jeunesse, et ça me donnait l’incroyable chance de pouvoir aller voir les joueurs dans les vestiaires, comme Serge Blanco et toutes les stars de l’époque.
Mon père m’a donc transmis le « virus » du B.O., dont je suis aujourd’hui toujours atteint, et que j’espère transmettre à mon tour à mon fils, Victor.
De l’autre côté, ma maman est originaire de Saint-Vincent-de-Tyrosse, et là, pareil, mon grand-père m’emmenait de temps en temps à la Fougère supporter l’US Tyrosse… C’était l’époque où le « Petit Poucet » Tyrossais jouait contre les plus grands clubs de l’élite, et j’adorais cette ambiance (parfois « chaude » pour les adversaires !) où le village était tout entier réuni pour défendre ses couleurs.
Mais malgré cet environnement familial très favorable à la pratique du rugby, et après avoir hésité à plusieurs reprises, j’ai d’abord commencé par jouer au foot et à toucher à pas mal de sports comme le tennis, la pelote et le judo. Et ce n’est finalement qu’à 17 ans qu’avec un copain lui aussi footballer, Bastien Couret, j’ai pris une licence pour rejoindre les Juniors de Capbreton qui, entraînés par Coco Milhères, étaient en entente avec Tyrosse.
Par contre, donc, quand tu t’y es mis… Tu t’y es mis ! Quel est ton curriculum rugby jusqu’à ce jour ?
Oui, c’est vrai que mon intégration en Ovalie a été très rapide, et grâce à Michou Bégard, un dirigeant Tyrossais, j’ai pu rejoindre les Reichel de l’US Tyrosse, au poste d’arrière. Venant du foot, j’avais, comme on dit, « un pied », et ça m’a beaucoup aidé dans mon apprentissage. A vrai dire, tout ça était un peu inespéré pour moi, car avec les Tyrossais j’ai eu la chance de rencontrer les plus grands clubs de l’élite en Juniors, dans une ambiance extraordinaire.
A Tyrosse, je faisais partie de la génération « 80 », qui succédait à la fameuse « 79 » emmenée par François Gelez, Filou Pery, ou encore Lionel Duthil. Notre capitaine était Nicolas Bayer, que tu vas retrouver un peu plus loin dans mon parcours… Durant cette expérience, j’ai vraiment réalisé ce que faire partie de la famille tyrossaise voulait dire : La solidarité, l’amitié… Il en est d’ailleurs resté une association, « Les Copains d’Abord », dont je salue ici tous les membres. Et puis mon séjour en « Rouge & Bleu » à Semisens m’a permis d’y rencontrer Anne-Sophie, ma compagne, qui joue au hand à l’US Tyrosse… Donc vraiment, ce ne fut que du bonheur !
Au sortir des Reichel, clairement, je n’avais pas le niveau pour jouer en Seniors à Tyrosse, et après avoir fait quelques matchs en équipe réserve, je suis revenu dans mon club formateur, à Capbreton… Il y a 15 ans maintenant.
Me voilà donc joueur à Capbreton, qui évoluait alors en Fédérale 3 et en Fédérale 2, tantôt en I, tantôt en réserve, et tantôt à l’arrière, tantôt à l’aile. Et toujours grâce à mon pied, j’ai aussi hérité au passage du rôle de buteur, partagé avec quelques autres de mes coéquipiers… Une « mission » que j’appréciais particulièrement.
Parallèlement à ma carrière de joueur, sollicité par le Président de l’époque, Jacques Darrieux, je me suis très rapidement investi comme éducateur à l’Ecole de Rugby du Club, qui était en pleine restructuration. J’ai donc passé tous les diplômes nécessaires (en compagnie notamment de François Lux, avec qui j’entraînerai plus tard la Sélection Minimes des Landes) et je me suis occupé de l’Ecole de Rugby pendant 10 ans en tant que Responsable Sportif. Ca a été une mission très sympa, menée avec toute l’équipe des éducateurs du club… On était parti avec une quarantaine d’enfants, et on en est à l’heure actuelle à plus de 150.
Après avoir raccroché mes crampons de joueur, j’ai été sollicité à la Noël 2012 par Cédric Larrieu, l’entraîneur des avants de l’équipe Seniors, pour venir m’occuper des lignes arrières. Cédric, dit «Matole», a été mon capitaine, mon coach, on se connait depuis l’enfance, et j’ai bien sûr accepté de venir l’épauler, même si ce n’était pas si simple pour moi, car il me fallait coacher des joueurs dont j’étais le coéquipier quelques mois avant, et prendre la suite de Charly Ducamp, pour qui j’ai un profond respect…. Et ça s’est finalement avéré être une magnifique aventure humaine, qui s’est soldée en fin de saison par le titre de Champions de France 1ère Série ! Un titre complètement inattendu au départ, et qui nous a totalement comblés quand notre capitaine, Nicolas Bayer (encore lui !) a brandi le bouclier… Nicolas avec qui j’assurerai la saison suivante l’entraînement des Séniors.
Et puis, après 3 saisons passées avec les Seniors du Capbreton Hossegor Rugby, je viens de décider de prendre un peu de recul pour l’instant, histoire de profiter un peu plus de ma petite famille. Mais il y a fort à parier que je remettrai ça avec les catégories jeunes du club… Laissons un peu de temps au temps.
Si tu devais nous faire partager quelques-uns de tes meilleurs moments dans ce parcours, ce serait lesquels ?
Alors chronologiquement, j’évoquerai d’abord la montée en Fédérale 2, en 2003. Je me rappelle que pour le match de la montée (à l’époque, le premier de poule montait directement), on recevait Mérignac dans une ambiance assez « survoltée » dans le stade… Je me souviens des vestiaires, de la délivrance et de la joie immense à la fin du match.
En 2009 et 2010, il y a eu 2 demi-finales de Championnat de France perdues avec la Réserve, une équipe de copains surnommée « Les Corniauds » (beaucoup se reconnaîtront), et emmenée par notre coach Popol Guillemin, un sacré personnage qui était à l’époque la cheville ouvrière du club. On perd une fois après les prolongations, et l’autre fois de 2 points… Vraiment, on n’est pas passé loin, et c’est un super souvenir, même si on n’est pas allé au bout !
En 2011, un très beau parcours avec l’Equipe 1ère, où on perd en finale du Championnat de France Honneur, contre Montesquieu Volvestre. C’était le dernier match de Sébastien Roque, un 3/4 centre ancien pro qui avait joué à Colomiers, à Castres, à Bayonne et à Dax avant de finir sa carrière chez nous. C’était aussi le dernier match officiel de l’US Capbreton, puisque le club a fusionné dans l’été suivant avec l’AS Hossegor, pour donner naissance au Capbreton Hossegor Rugby.
Et puis en 2013, l’apothéose, avec notre titre de Champions de France en 1ère Série, que j’ai donc obtenu pour ma part en tant que co-entraîneur avec Cédric Larrieu. C’est une très belle fierté car ce n’était pas gagné au départ… On est passé par plusieurs barrages, et on gagne Saint-Malo en finale, 20 à 5… Ainsi, 36 ans après nos aînés qui avaient eux aussi été Champions de France 1ère Série en 1977 (une équipe dans laquelle jouaient mon père et mon oncle), on écrivait nous aussi une belle page de l’histoire du club… Je salue tous mes compagnons de route.
Je profite aussi de l’occasion pour adresser un clin d’œil à Bruno Lasserre, ¾ centre et Président de l’Amicale des Joueurs, grâce à qui nous avons pu jouer des matchs internationaux (!) en République Dominicaine et en Jamaïque, à l’occasion de déplacements hauts en couleur… Ca aussi, ce sont des souvenirs impérissables !
Tu connais bien le Capbreton Hossegor Rugby, que peux-tu nous dire de ton club ?
L’US Capbreton et l’AS Hossegor ont donc fusionné en 2011 pour devenir le Capbreton Hossegor Rugby, qui joue en bleu, jaune et rouge, réunion des couleurs des 2 clubs. Nous évoluions la saison dernière en Honneur, mais suite à la refonte du championnat, l’équipe jouera la saison prochaine en 1ère Série, avec pour objectif de vite remonter en Honneur.
Nous avons donc 2 équipes Seniors, une équipe Bélascain, et chez les jeunes, nous sommes en entente avec MACS (Maremne Adour Côte Sud), qui regroupe Capbreton / Hossegor, Soustons, Saint-Jean-de Marsacq et Saint-Vincent-de-Tyrosse.
Au total, on vit dans un club très sympa, dans lequel il y a une très bonne ambiance et beaucoup de jeunes et où, comme dans beaucoup d’autres, on essaie de structurer les choses… Compte tenu de notre localisation géographique côtière (privilégiée !), les gens de « l’intérieur des terres » nous affublent souvent du titre de « surfeurs » quand on se déplace chez eux… Mais ça nous va très bien et on assume totalement !
Quelle est ton activité professionnelle ?
pour initier les enfants de 6 à 12 ans à la pratique sportive. On dispose d’une école multisports où on accueille les enfants après l’école et où on leur fait découvrir toutes les activités sportives de Capbreton. L’idée est de les éveiller à plusieurs disciplines pendant 2 ans, sur des cycles d’un mois, pour qu’ensuite ils puissent s’engager dans le sport qui leur convient le mieux… En fait, je me régale dans ce travail, et j’en profite pour remercier Jérôme Abadia, avec qui j’ai joué, et qui m’a véritablement formé au niveau professionnel tant à l’OMS qu’au club de plage « Les Marsouins » !
J’interviens également dans les écoles, notamment depuis la réorganisation du rythme scolaire, dans le cadre des « T.A.P. » (Temps d’Activité Périscolaire). J’ai bien sûr énormément de contacts et d’échanges avec tout le milieu associatif Capbretonnais, très riche (il y a 42 associations sportives sur la commune) et très actif.
Tu es Capbretonnais depuis 35 ans et tu connais donc ta ville et sa région par cœur… Si on vient te voir là-bas, quels sont les 2 endroits que tu nous emmènes forcément visiter ?
Des endroits magnifiques, ici, il y en a plein, mais forcément, je vous emmène d’abord voir l’Estacade, une jetée en bois située à l’embouchure du port et qui est le symbole de notre ville de pêcheurs… J’y suis d’autant plus attaché que mon grand-père paternel était marin-pêcheur, et comme mon père, j’ai reçu de lui en héritage le surnom de « Pichine » (ça veut dire « petit poisson »)… Tout le monde m’appelle comme ça ici. En fait, les Capbretonnais passent la voir tous les jours l’Estacade, au cas où, tu sais… Si jamais on nous la pique… C’est ce qu’on appelle ici faire le traditionnel « tour de plage »… Juste pour voir si tout est bien en place !
Ensuite, je vous emmènerai dans des lieux un peu plus sauvages, sur des chemins forestiers ou des plages un peu moins touristiques. Et puis bien sûr, on ira forcément au stade, un endroit où je passe beaucoup de temps entre mon boulot et le rugby… j’en connais les moindres recoins.
Et quand ils ne sont pas sur le pré, où a-t-on le plus de chance de rencontrer les joueurs du Capbreton Hossegor Rugby ?
Ah oui, il y a quelques bonnes adresses si tu arrives ici avec un « passeport rugby ». Chez Alex Mangia par exemple, un de nos joueurs, qui tient « L’Hôtel de la Plage », à Hossegor et qui a réussi l’exploit de surfer sur le bouclier quand on a été champions…
Surf on the bouclier…
Tu pourras aussi aller à Capbreton chez Hugo & Manu, à « L’Endroit », pour des soirées tapas, et également dans un autre lieu mythique, le « Café de la Gare », pour aller boire un verre chez Thierry après l’entraînement du vendredi.
Pascal, tu as reçu le « ballon Puissance 15 » des mains de Thomas Barbe, toi qui fus l’un des tous premiers à lui apprendre à le manier… A qui le passes-tu à ton tour ?
Déjà, je remercie beaucoup Thomas car sa passe me fait vraiment plaisir, car il fait en effet partie des toutes premières générations de gamins que j’ai entraînés à l’école de rugby.
Maintenant, ce ballon, je voudrais le transmettre à Nicolas Bayer, un vieux compère qui transpire le rugby et le ballon ovale depuis sa plus tendre enfance.
Pour faire voyager le ballon au-delà de Capbreton, je vais aussi taper à suivre en direction de mon cousin, Johan Capdeville, qui joue à Anglet avec qui il vient d’accéder à la Fédérale 1.
Et puis, à l’occasion de mon portrait, je tiens aussi à évoquer la mémoire de Fabien Dubertrand, dit « La Louche », un ami qui est décédé sur le terrain, et dire à sa famille que j’ai une énorme pensée pour lui et pour eux.
Site Internet du Capbreton Hossegor Rugby
Interview : Frédéric Poulet
Photos : Photos de Une de Pascal: PP / Photo « rugby » de Pascal joueur : Hervé Lebrun / Photo Equipe Seniors du CHR : Jean Daraïdou / Vue Estacade Capbreton : Fotolia
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