Samedi - 23 Novembre 2024

Nicolas Gestas / Directeur du Rugby Club Massy Essonne


C’est Nicolas Gestas qui nous rejoint aujourd’hui, et je sais que vous allez être nombreux à savourer les lignes qui suivent. Il a grandi en Ile de France, mais rattrapé dès son plus jeune âge par ses racines paternelles, cela fait belle lurette qu’il porte le ballon ovale bien serré contre son cœur…

A tel point que sa longue histoire d’Amour avec le Rugby, qu’il a vécue un temps aussi dans l’Océan Indien, ne cessera jamais. Nicolas est à l’image de ce club de Massy :

ouvert, généreux, travailleur, combatif, performant, réaliste… et d’une convivialité rare ! Un club qui, dans le monde tel qu’il va actuellement, dispose de magnifiques atouts pour s’installer durablement dans l’élite du Rugby français… Merci Nico !

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Salut Nico, tu me l’as déjà dit 20.000 fois, mais ma mémoire me joue des tours… entre le Rugby et toi, qui a fait le premier pas ? C’était où, quand, et …pourquoi le Rugby ?

Ca a commencé jeune, en région parisienne, où résidait alors ma famille. Mon père, natif de Came dans les Pyrénées Atlantiques, nous a mis au Rugby mon frère et moi, dès l’âge de 7 ans, dans le Val de Marne, à la VGA Saint Maur (94).

Et ensuite, ça a été quoi, ta relation avec le Rugby ? Vous ne vous êtes jamais vraiment quittés je crois…

J’ai joué 15 ans à Coulommiers (77), une saison à Vincennes (94), jusqu’à une mutation professionnelle dans l’Océan Indien, où j’ai évolué pendant 4 ans au XV Dionysien, à la Réunion, comme joueur/trésorier (!).

J’ai ensuite passé 3 ans à Madagascar, où avec un copain nous avons créé un club sur l’Ile de Nosy Be, au sein duquel nous assurions les rôles de dirigeants/entraîneurs/joueurs (!!). J’ai arrêté de jouer à mon retour de Madagascar, j’avais alors 33 ans.

Puis ce fut la rencontre avec le RC Massy où je suis entré en 1998 comme dirigeant, avant d’en devenir le Directeur fin 2003. Et au total, bien sûr, beaucoup de joie et d’émotions fortes durant toutes ces années…

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Clin d’œil vers les amis de La Réunion


En effet… et j’ai eu la grande chance de partager quelques-uns de ces moments avec toi, en particulier dans l’Hémisphère Sud sous le maillot du XV Dionysien! Bon, alors dis nous, ça sert à quoi principalement un Directeur dans un club de Rugby ?

Le rôle d’un Directeur de club est simple : « garder le cap et rester à flots», à savoir mettre en application les décisions des élus, tout en préservant l’équilibre financier du club.

La clé de voûte de la fonction consiste à fédérer, au cœur du projet du club, des compétences internes (salariés, bénévoles) et externes (chefs d’entreprises, politiques), pour garantir un développement pérenne … Les relations humaines sont donc au cœur du système.

Au poste que tu occupes, qu’est-ce qui t’incombe personnellement plus particulièrement ? Qu’est-ce qui te demande le plus d’énergie ? Et c’est quoi que tu aimes par-dessus tout ?

Nicolas-Gestas-Directeur-du-Rugby-Club-Massy-Essonne-2Dans une structure comme la nôtre, le maître-mot est : « polyvalence », ce qui implique un éventail de fonctions très large, à assurer avec énergie. Ce qui demande le plus d’énergie ?… C’est justement de transmettre l’énergie !

Et ce que j’aime par-dessus tout, c’est d’abord de rencontrer des personnes de tous horizons, pour transmettre ou partager la passion du Rugby. Et c’est aussi de rester au contact des jeunes, de leur enthousiasme, de leur joie de vivre. Même si parfois ils font montre d’une impatience et d’une exigence déconcertantes, la relation s’avère toujours positive.

De par ta « mission » au sein du club, et ta personnalité, tu es l’un des représentants emblématiques du RCME, un des tous premiers gardiens et porteurs de ses valeurs… Quelles sont pour toi celles qui sont les plus importantes, et qui font véritablement le « made in RCME » ?

Logo-massy-rugbyMéfions-nous du mot « valeur », sur-utilisé aujourd’hui, car comme s’interroge le sage : « quelle est la valeur de nos valeurs ? ». Inutile de préciser que le Rugby n’est pas une chose « naturelle » ici, et c’est la raison pour laquelle au RCME nous réalisons beaucoup d’efforts pour faire corps avec notre territoire, sur des missions parfois très éloignées du Rugby.

C’est un travail de fourmi, qui porte ses fruits sur un long terme, mais nous sommes fiers de représenter tout le coté positif de la banlieue : jeunesse, dynamisme, ouverture. Symbole significatif qui renvoie à l’actualité : notre stade Jules Ladoumègue se trouve à équidistance d’une synagogue et d’une mosquée, comme quoi le Rugby transcende les conflits sociaux, ethniques ou religieux pour ne s’attacher qu’à l’humain… ça, ça a certainement de la valeur.

Enfin, l’Essonne et Massy en particulier semblent moins touchés que d’autres régions par le marasme ambiant, nous essayons, à notre échelle, de surfer sur cette vague. Le potentiel de développement du Rugby s’avère colossal dans notre environnement, pour preuve le choix les dirigeants fédéraux de localiser en Essonne le CNR, le siège de la FFR et le futur grand stade.

Hormis le RCME, quels sont les clubs et les joueurs qui t’ont vraiment marqué jusque là ?

Difficile pour moi de sortir du lot tel ou tel, car comme tout le monde, partout où je suis passé, j’ai noué des liens forts avec une quantité incroyable de gens grâce au Rugby, qu’ils soient dirigeants, joueurs, supporters ou partenaires.

Jusqu’à présent, quels sont les meilleurs moments que tu as vécus avec le RCME ?

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Maison du Rugby de Massy

Là aussi, difficile de faire un choix, car en 16 années de présence au club, j’ai vécu de l’intérieur son immense évolution, qui l’a amené de Fédérale 3 à la Pro D2, avec au passage un doublement de ses licenciés. Autant dire que les bons moments furent légion.

J’ai notamment le souvenir de soirées mémorables à la Maison du Rugby, sous la présidence de Serge Edmond, soirées dignes des meilleurs albums de Goscinny et Uderzo. Avec la professionnalisation du club et l’évolution du code de la route, les agapes sont moins intensives… mais le plaisir de se retrouver entre amis demeure !

Peux-tu concevoir la vie sans Rugby ? Qu’est-ce que ce sport te donne, en particulier, dont tu aurais beaucoup de mal à te passer ?

Alors là je vais me permettre de paraphraser un anonyme perspicace : « Peut-on vivre sans Rugby ? Oui… mais moins bien ». Donc, autant vivre avec…

Nicolas, « Puissance 15 », tu connais mieux que personne, car tu as été au tout début du commencement de l’histoire… C’était à La Réunion, en 1994. Que retiens-tu de notre épopée de la fin des années 90, et comment vois-tu la relance que nous opérons aujourd’hui ?

Le réseau Puissance 15 constitue un formidable vecteur de cohésion et d’image pour un club de Rugby. Je suis persuadé que les échanges entre des territoires susciteront de l’intérêt auprès des partenaires publics et privés.

Un club doit faire preuve d’innovation pour justifier la confiance placée en lui par ses partenaires, et c’est notamment vrai sur des zones comme la nôtre où la culture du Rugby n’est pas prédominante. Il faut donc en profiter pour mettre en avant des aspects originaux de son territoire, et chacun n’en manque pas.

Enfin, si les liens sont restés aussi forts entre les « pionniers » du réseau Puissance 15 à travers la France, c’est bien que les relations humaines restent la clé de voûte de l’édifice.


ICO-ville-2 Côté Ville


D’où es-tu originaire, et où as-tu grandi ?

Je suis né dans le Val de Marne, j’ai passé mon adolescence en Seine et Marne et j’ai fait mes études à Paris. En revanche, pour les grandes vacances, il y avait une destination obligatoire durant toute ma jeunesse : les Landes ! Et j’y retourne toujours avec autant de bonheur.

Tu connais bien Massy et l’Essonne, qu’est-ce que tu aimes particulièrement sur ce territoire ?

A l’instar de l’Ouest américain, l’Essonne et Massy ont longtemps constitué une « terra incognita », avec une variété incroyable de populations et de cultures qui se côtoient dans une volonté de bien vivre ensemble. Il y a encore des champs cultivés à Massy, autour des plus grandes entreprises du CAC40, et tout ça à 10 km de Paris !

Et au-delà de Massy et de l’Essonne, à quelles autres régions es-tu attaché ?

Les Landes, l’Espagne et l’Ile de La Réunion, trois régions d’où je garde d’extraordinaires souvenirs, peut-être de la nostalgie liée aux époques de la vie…

Hormis le Rugby, quels sont tes principaux centres d’intérêt et d’activités dans tes moments de loisirs ?

Un club phagocyte beaucoup de temps, ce qui restreint les autres possibilités de loisirs, notamment le week-end. Mais je me suis mis sur le (très) tard au karaté, pour pratiquer un sport avec mes enfants. Et curieusement, j’ai tout de suite accroché à cette discipline exigeante, à des années-lumière du monde du Rugby.

Bon Nico, les meilleures choses ont une fin, et là on va devoir se quitter pour un instant, mais quand même, à part le fameux « Tic et Tac » que tu maîtrises à la perfection et grâce auquel tu fais lever les foules, quelle chanson voudrais-tu fredonner avec nous, à cet instant précis ?

N’importe quelle chanson de Boby Lapointe ou d’Aristide Bruant.

Alors, dans ce cas, c’est moi qui vais te donner le « la »… et je sais que tu vas te régaler !


ICONE-VIDEOAristide Bruant « A la Bastille »


ICONE-VIDEO« Aux frais de la princesse »


ICONE-VIDEOBoby Lapointe / « Ta Katie t’a quitté »


ICONE-VIDEOFramboise


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Site Internet du Rugby Club Massy Essonne


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Interview et photos de portrait par Frédéric Poulet


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