Nous étions nombreux à l’attendre… et il est là ! Et c’est avec un immense bonheur que nous voyons Michel Duffranc rejoindre aujourd’hui la mêlée « Puissance 15 ». Cet ancien ¾ centre, enfant de Tyrosse, landais jusqu’au bout des crampons, a connu tous les honneurs sur les terrains de Rugby.
Et comme à Saint-Vincent-de-Tyrosse, le Rugby ne s’arrête jamais, il lui voue encore et toujours son énergie, et plus encore, en tant que dirigeant. Rencontre avec un homme attachant au plus haut point, guidé par les valeurs de simplicité et de partage… des valeurs qui sont prépondérantes dans ce petit coin du Sud des Landes situé entre terre, mer, vie et… Rugby. Adishatz, Michel !
Envoyez un message à Michel Duffranc
Côté Rugby
Bonjour Michel, tu es Tyrossais… donc le Rugby, je pense que tu ne pouvais que très difficilement y échapper. C’est à quel âge et dans quelles circonstances que tu as poussé pour la première fois la porte de l’Union Sportive Tyrossaise ?
Cela s’est passé tout naturellement à Saint-Vincent-de-Tyrosse, où de la catégorie minime en scolaire, je suis passé par les cadets du club… C’était en 1970, j’avais alors 14 ans. C’était chez nous le parcours « normal », car tous les gamins étaient initiés à ce sport dès les classes primaires.
Je me souviens qu’à l’heure des récréations, un morceau de bois de 15 centimètres nous servait de ballon ! Et nous imitions alors nos internationaux, que l’on admirait le samedi après midi sur l’écran noir et blanc lors des rencontres du Tournoi des 5 Nations : ils s’appelaient Jo RUPERT, Jean-Pierre LUX, Guy et Lilian CAMBERABERO , André DUBERTRAND … Et ils étaient tous de chez nous.
Pour un club centenaire, la tradition voulait que tous les jeunes passent par ce sport : Etait-ce par habitude, par héritage, par émulation ? Nous ne nous posions même pas la question, car la seule chose qui importait, c’était la défense du clocher et des valeurs transmises par nos aînés… Telle une mission divine !
A partir de là, ça a été quoi ton aventure avec le Rugby ? Et de ta riche carrière de joueur, puis de dirigeant, quels sont les moments les plus forts que tu voudrais bien nous faire partager ?… Je sais que nous serons nombreux, y compris Outre Mer, à prendre un immense plaisir à lire ce que tu vas nous confier.
Depuis les cadets j’ai donc continué la progression normale, jusqu’à l’équipe première. J’ai toujours joué en rouge et bleu à Tyrosse, hormis 2 saisons passées à Mont-de-Marsan où, à l’époque, ma mère avait trouvé du travail. Au Stade Montois, j’ai joué avec Benoît DAUGA, j’avais alors 18 ans, lui en avait 36, j’ai été entrainé par Christian DARROUY, et je buvais les conseils enthousiastes d’André BONIFACE… Il était en avance de 30 ans sur son époque !
Puis ce fut le retour à Saint-Vincent-de-Tyrosse, où je jouais ¾ centre et ¾ aile, avec comme point d’orgue, en 1981, la finale du championnat de France Groupe B, gagnée contre Montauban à Agen.
La fête pour honorer ce titre a duré 2 jours, et toute la population y a participé. Jamais je n’avais senti aussi près de nous une ville et une région, le Pays Tyrossais. Notre victoire était la leur, et la joie de tous était la même… Ce fut un immense moment de partage.
J’ai eu aussi le bonheur de faire partie de l’équipe de France, lors de la tournée en Nouvelle-Zélande, au cours de laquelle on gagna les Blacks le 14 juillet à Auckland… à l’autre bout du monde. Puis après ma carrière de joueur, je suis passé du côté des dirigeants, comme beaucoup le font ici.
Et j’étais Président du club lorsque nous avons accueilli à Saint Vincent, en 1997, les 1ères « Rencontres PUISSANCE 15 ». Ce fut une énorme émotion que de voir arriver en terre landaise des représentants de clubs des 4 coins de France : Ils venaient de Lille, de Meaux, du Grésivaudan Belledonne, de Givors, de La Verpillière, de Rennes, de Quimper,… de l’Ile de La Réunion, dont la délégation était emmenée par Michel HIRIGOYEN, l’enfant du pays installé là-bas.
La municipalité de l’époque et son maire, Jean-Claude SESCOUSSE, ainsi que de nombreux partenaires du club, avaient ouvert en grand leurs portes (et leur emploi du temps) durant 3 jours pour des moments d’échanges économiques, touristiques, culturels, rugbystiques… . Là encore, nous avons vécu ensemble un grand moment de partage. Grâce à « l’effet Réseau » insufflé par le Rugby et Puissance 15, les distances étaient abolies, seuls comptaient les valeurs humaines, le cœur, l’amitié. Nous ne nous connaissions pas, mais nous étions déjà frères.
« Notre force c’est d’y croire »… telle est la signature de l’US Tyrosse Côte Sud. Serait-ce à dire que le Rugby, c’est comme une « religion » à Saint-Vincent-de-Tyrosse ? Et au-delà de ça, c’est quoi qui fait la spécificité du club de cette « ville-village » dont la renommée va bien au-delà des Landes ?
Notre devise ne fait pas exception à ce credo… Lorsqu’on aura tous compris l’importance de nos pensées et de notre richesse intérieure, on aura fait un saut quantique. Des hommes dans leur vie se sont servi de ce pouvoir : Nelson MANDELA, Victor FRANKL, et bien d’autres. De plus, à Tyrosse, nous avons, tout comme les « Blacks », une fougère comme emblème.
La fougère est l’une des plantes les plus vieilles de l’humanité, et elle est toujours là … nous aussi ! Notre histoire continue, la vie continue, le Rugby continue… .
Au-delà de Tyrosse, pour quels clubs as-tu, ou as-tu eu, un petit faible ? Et quels sont les quelques joueurs dont tu voudrais ici saluer le talent ?
J’aime le Stade Toulousain pour son jeu complet, et j’ai beaucoup aimé le Racing de Franck MESNEL en son temps, pour son côté fantasque. Côté joueurs, je salue en particulier Serge BLANCO, pour ses relances et son côté intuitif, et Daniel DUBROCA, pour son fair play et sa générosité (entre autres). Et puis je saluerai aussi Paul Dubert (et à travers lui tous nos joueurs), notre N° 9 et capitaine à Tyrosse. Lui, il surfe sur la pelouse ! Il est le symbole de notre club, issu de la filière tyrossaise (son père fut en son temps lui aussi un excellent demi de mêlée). Il représente le travail obscur des éducateurs de l’école de rugby. Il bute, il crée, il a une passe superbe et des jambes de feu. Il lui faut juste mûrir sa propre connaissance.
Serge Blanco
Daniel Dubroca
Pour toi, c’est quoi qui caractérise le plus le Rugby, et quelles sont les valeurs qu’il porte qui te paraissent essentielles ?
Le Rugby, c’est d’abord le partage des moments, qu’ils soient bons ou moins bons. C’est aussi le respect des autres, le respect de soi-même, le respect de l’arbitre. Nous avions il y a quelques années conçu notre « Charte du Rugby Tyrossais », et je crois qu’elle résume bien ce que nous partageons tous ici, à Saint-Vincent, que nous soyons joueur, dirigeant, supporter, partenaire.
Et je profite de l’instant pour saluer ici l’idée des « Socios », qui émane de Christian LACLAU (Co-président du club avec Robert DIRRIBERY), consistant à faire de ces « Socios » (c’est-à-dire potentiellement toute personne dont le cœur bat, ne serait-ce qu’un tout petit peu, pour l’US Tyrosse), collectivement, le Partenaire n°1 du club. Toutes ces initiatives relèvent de la même essence : celle du partage, simplement.
Et comment ressens-tu l’évolution récente de ce sport ? Quels sont pour toi les points positifs, et à quoi faut-il veiller néanmoins ?
André ALVAREZ, international et éducateur tyrossais disait, il y déjà 40 ans, que l’évolution du Rugby passerait, soit par un agrandissement des terrains de jeu (ce qui semble assez improbable), soit par une diminution du nombre de joueurs !!! Or ni l’un ni l’autre n’ont vu le jour, et il faut faire attention à l’asphyxie car le risque est que l’on en demande encore plus aux joueurs, au détriment de leur organisme.
Pour le côté positif je pense que le professionnalisme a permis des avancées sur d’autres plans, notamment mentaux: concentration, visualisation, sophrologie… Bref une meilleure connaissance de soi, ce qui nous rappelle la devise de Socrate : « Connais toi toi-même, et tu connaîtras les Dieux ».
Michel, voilà 18 ans, déjà !, venant de La Réunion, je t’ai rencontré pour la première fois à Saint-Vincent, afin de te présenter « Puissance 15 », qui fonctionnait depuis 2 ans sur l’île. Tu étais alors Président du club, et accueillir l’US Tyrosse comme premier club métropolitain dans ce réseau naissant fut pour moi une immense fierté. Que retiens-tu de cette époque des « pionniers », et comment vois-tu la relance que nous tentons d’opérer aujourd’hui ?
A l’époque, nous avons tenté cette première aventure, basée d’abord sur l’humain, sans grands moyens, mais avec beaucoup de cœur. Et nous avons été nombreux à en retirer des choses extrêmement positives… La preuve, on en redemande ! Le Rugby a été un moyen de nous ouvrir, au-delà du simple jeu de Rugby, pour aller à la découverte d’autres horizons, d’autres coutumes, d’autres contextes. Je garde des souvenirs magnifiques des Rencontres Puissance 15 à La Réunion (nous étions 70 Tyrossais présents !) ou encore dans le Grésivaudan.
Je n’avais pu me rendre à celles de Vannes, mais elles furent également mémorables pour ceux qui les vécurent. Ce qui est formidable dans cette famille du Rugby, c’est que la richesse intérieure des individus est bien souvent inversement proportionnelle au niveau où joue le club… mais heureusement on rencontre aussi des personnes de grande valeur dans les clubs de haut niveau.
discourir, placer les invités lors d’un repas, nettoyer la salle, chercher des sponsors, trouver du travail, remonter le moral, etc… Bref, des gens qui « font » ce qu’est la vraie vie du Rugby. « L’effet Réseau » nous a permis aussi d’ouvrir nos consciences en desserrant le béret de nos têtes. Nos rencontres et contacts étroits nous ont permis d’apprécier nos différences, et de conjuguer la mosaïque de nos accents, de nos traditions et de nos couleurs de peau.
Tous différents, et pourtant tous semblables ! La relance de Puissance 15 passe aussi par l’outil Internet qui, à l’image des échasses landaises, démultiplie la communication et les pas que nous faisons les uns vers les autres, et favorise le jaillissement d’idées, et donc de projets. Les hommes ont mûri, les clubs sont organisés, le lancement du 2ème étage de la fusée peut commencer, pour que ce projet bénéficie à tous : joueurs, dirigeants, public, partenaires, territoires.
Côté Ville
Imagine un instant que tu sois nommé « Ambassadeur de Saint-Vincent-de-Tyrosse et du pays avoisinant », et que tu doives en quelques lignes en vanter les attraits, et évoquer 2 ou 3 lieux que tu aimes personnellement beaucoup… Alors là, tu nous dirais quoi ?
Excepté les 2 années passées à Mont-de-Marsan, j’ai toujours vécu ici. Saint-Vincent-de-Tyrosse, c’est avant tout un « centre » : un centre entre Dax et Bayonne, un centre entre la forêt et la mer, un centre entre la Nationale 10 et la voie ferrée… Et être au centre permet de profiter de tout et de ne manquer de rien !
J’aime particulièrement notre stade de Rugby avec sa foule dominicale venant partager sa passion avec son équipe. J’aime l’histoire de ma ville avec le Rugby (André ALVAREZ disait en son temps que le contenu dépassait le contenant…). J’aime notre forêt landaise, si belle lorsque le soleil projette l’ombre de ses cimes sur le tapis des bruyères. J’aime enfin notre océan, si beau l’été, si grandiose l’hiver.
Alors effectivement, maintenant on comprend mieux pourquoi la ville de Saint-Vincent-de-Tyrosse a choisi comme devise « Entre terre et mer, la vie »… Cela aurait aussi pu être « Entre terre et mer, le rugby », tant le rugby fait ici partie de la vie. Et quand il t’arrive de laisser un instant la terre, la mer et le rugby qui t’ont fait grandir, c’est où que tu aimes aller ?
Nous partons peu, mais nous apprécions la région du Lot où la tante de Christine, ma femme, possède une maison. Là bas, c’est le retour à la simplicité, à la rusticité, dans un décor de pierres et de nuits étoilées magnifiques, presque irréelles. Un endroit où nous sommes en contact direct avec la Nature.
Au niveau professionnel, dans quel domaine exerces-tu ?
Je suis agent d’assurances pour le groupe international AVIVA. Je suis en association avec Jean Pierre CARDONA. Nous sommes 7 pour 3 points de vente : Peyrehorade, Saint-Vincent-de-Tyrosse, Hossegor. Nos domaines d’activité sont les assurances et les placements financiers (AFER. AVIVA VIE). Nous sommes en mesure de proposer tout type d’assurance.
Entre la terre, la mer, la famille, le boulot, le Rugby, les réponses à mes questions (!),… bref, quand tu as un peu de temps devant toi, que fais-tu volontiers ?
J’aime la philosophie, mais pas celle qu’on nous apprend durant notre scolarité, non… j’aime celle, toute simple, de la vie de tous les jours, celle où l’œil averti décode les signes. Méditer, accéder à d’autres formes de pensée, comprendre la nécessité de notre intériorité, j’avance pas à pas, modestement.
Pour finir j’aime le golf, même si les premiers coups furent révélateurs de mes manques. On se construit aussi en s’acceptant tels que nous sommes.
Et dans tous ces moments qui font ton quotidien dans ton beau pays Tyrossais, quelle chanson t’arrive-t-il de fredonner parfois ?
« Prendre un enfant par la main », d’Yves DUTHEIL. J’aime cette chanson, parce qu’elle est le symbole de la vie : former, rendre autonome, et donner de l’Amour.
Prendre un enfant par la main
Site Internet de l’US Tyrosse Rugby Côte Sud
Envoyez un message à Michel Duffranc
Interview et photos de Frédéric Poulet
Photos Wikimedia – Traumrune (église) Tangopaso (Plage)
Photo Phovoir (forêt de pin)
Laisser un commentaire