Comme il aime à le dire avec bonheur, cet homme a fait 2 grandes écoles dans sa vie, l’école buissonnière et l’école de rugby, et toutes 2 lui révélèrent de magnifiques passions…
Grâce à la première, Gérard Guidi entra en apprentissage dans le salon de coiffure de son père, à Castelsarrasin. Dès lors sa route était tracée pour le soin du cheveu, extraordinaire déclic qui bien des années plus tard, ayant découvert de nouveaux horizons, l’amena à créer le Centre de Chirurgie Esthétique de l’Océan Indien. Et grâce à la seconde, celle qui lui fit découvrir ce que valeur humaine veut dire, il tutoya les plus hauts sommets du rugby français des années 70, allant même, rêve suprême de tout rugbyman, jusqu’à brandir le bouclier de Brennus sous les couleurs du SU Agenais. Vraiment, le rugby nous réserve de bien belles histoires… Merci Gérard !
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Bonjour Gérard, ta rencontre avec le rugby se passe dans le Sud-ouest je crois… Tu nous racontes ?
Catelsarrasin, Tarn-et-Garonne (82)
Oui, et c’est en poussette que je suis allé pour la première fois sur un terrain de rugby… Ainsi installé en bord de touche, j’étais magnifiquement placé pour voir jouer mon père, qui était ailier… C’était à Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne, l’endroit où je suis né et où j‘habiterai les 38 premières années de ma vie, jusqu’au jour où je me suis envolé pour l’Ile de La Réunion.
Mon père, arrivé d’Italie quand il avait 5 ans, tenait un salon de coiffure dans la cité castelsarrinoise. Joueur, il fut également dirigeant du club, et je peux dire que c’est de lui que je tiens 2 des grandes passions de ma vie, le rugby et la coiffure… Il m’a montré la voie dans ces 2 mondes là : j’ai pris ma licence au CA Castelsarrasin à 10 ans à peine, et à 14 ans, je commençais mon apprentissage en coiffure dans son salon…
Je me souviens que gamins, on jouait tous les jours au ballon, sur la place du village, à l’école, dans la rue… Le rugby faisait vraiment partie de notre quotidien et de notre culture, c’était une passion qui nous amenait tout naturellement à prendre la licence… D’ailleurs, on ne se posait même pas la question.
Et depuis ce moment béni, quel chemin avez-vous parcouru ensemble, le rugby et toi ?
J’ai donc fait toutes les catégories jeunes du CA Castelsarrasin, et j’intègre l’Equipe 1ère , en 1968, j’avais 17 ans. A l’époque le club évoluait régulièrement entre la 1ère et la 2ème division (il avait été Champion de France 2ème division en 67). Je me rappelle très bien de mon premier match, c’était contre Lannemezan, le 12 décembre 1969, et je jouais à l’arrière (je ferai ensuite toute ma carrière tantôt à l’aile, tantôt à l’arrière, avec aussi quelques incursions au centre). A cette époque, j’étais encore cadet (et d’ailleurs, chose, qui peut paraître étrange aujourd’hui, on jouait à 8 dans cette catégorie, et non pas à 15…).
L’année d’après, en 70, je suis sélectionné en Equipe de France Juniors… En compagnie des Joinel, Gourdon, Sangalli, etc… Et on gagne le Tournoi FIRA, qui se déroulait au Maroc. Tout en continuant à jouer à Castelsarrasin, je pars ensuite au Bataillon de Joinville le temps de l’Armée, et j’y rencontre Roland Bertranne, Jean-Louis Martin et Armand Vaquerin (c’était l’époque du « Grand Béziers »), Christian Paul, etc…
Puis je signe au SU Agen, avec qui je serai International Espoirs et 4 fois remplaçant en France B !… Mais, surtout, avec qui je serai Champion de France en 1976, en battant Béziers en finale, au Parc des Princes… 13 à 10 après prolongations… Notre équipe comptait dans ses rangs Daniel Dubroca, René Bénésis, Alain Plantefol, Jean-Michel Mazas, Serge Lassoujade, le regretté Christian Viviès, et tous les autres que je ne peux pas tous citer, mais à qui je pense très fort… On était entraînés par Marceau Ambal.
Je signe ensuite en 78 pour une saison à Montauban, car ayant toujours mon salon de coiffure à Castelsarrasin, cela me rapprochait et facilitait grandement la réalisation de mes 2 activités, professionnelle et rugbystique. Je reviens ensuite dans mon berceau Castelsarrasinois, en tant que joueur/entraîneur pendant quelques saisons, avant de faire un break de 2 ans durant lesquels je me consacre au… Marathon (je ferai 2 fois celui de New-York).
Puis, appelé par Marceau Ambal, J’irai co-entraîner avec lui Valence d’Agen, qui à l’époque était en Groupe B, pendant 2 saisons.
En 1990, je décide de partir m’installer à La Réunion, et j’entraîne là-bas pendant 5 ans le CS Saint-Denis où jouaient, entre autres, Jérôme Flous et Yves Garrigue. En parallèle j’ai créé « Formation sans Frontières », un projet mené à Madagascar et qui réunissait mes 2 passions, la coiffure et le rugby : nous avons parrainé plus de 400 « gamins de la rue », pour qu’ils puissent être correctement vêtus et scolarisés dans les meilleures conditions possibles, avec également en parallèle l’apprentissage du rugby… Nous n’avons fait que mettre en application la maxime qui nous est si chère à nous tous, amoureux du rugby : « Ecole de rugby, école de la vie ! ». Nous avons formé là-bas quantité d’apprentis coiffeurs, venus des 4 coins de France et de La Réunion, dans le cadre d’une aventure humaine extraordinaire, que j’ai eu aussi la joie de partager avec Clito (mon père) et Pierre (mon fils).
C’est ensuite à l’Ile Maurice, où je pars vivre en 1999, que je mettrai un terme à mon activité rugbystique, après avoir co-entraîné pendant 5 ans l’équipe nationale avec Bernard Castelin.
Tu as vécu mille et un magnifiques moments en Pays d’Ovalie, mais là, si tu devais nous en sélectionner quelques morceau choisis, ce serait quoi par exemple ?
Alors je vais partir du « berceau » Castelsarrasinois… Comme je te l’ai dit, je suis entré très jeune en Equipe 1ère, et je jouais avec certains gars dont les enfants avaient mon âge… Du coup, quand je me retrouvais au milieu des cadets, j’avais un peu pris le « melon » comme on dit… Un jour, mon entraîneur, Jean-Louis Maybon (excellent pilier, avec qui d’ailleurs je jouerai par la suite), à qui j’avais fait une réflexion déplacée, m’a mis 2 claques et m’a viré de l’entraînement… En me voyant arriver plus tôt que prévu à la maison, mon père m’a lui aussi passé un savon et m’a demandé de retourner au stade pour aller m’excuser, ce que j’ai fait devant tous les copains… Ce jour là, j’ai pris une énorme leçon, dont je me rappelle très souvent, et qui m’a servie pour construire ma vie… Avec le recul, c’est bien sûr un magnifique souvenir !
Un autre « grand moment » pour moi à Castelsarrasin, c’est d’avoir joué avec des gars extraordinaires… Il y en a eu beaucoup, mais je voudrais en citer un en particulier… Serge Lannes, pour qui j’ai toujours eu une très grande admiration. C’était un ½ d’ouverture d’exception, et il aurait pu aller jouer n’importe où au plus haut niveau, il aurait sans aucun doute été international, j’en suis certain. Mais mettant l’humain par dessus tout, Serge est toujours resté fidèle et dévoué à son club et à son village.
Et puis, un peu plus tard, il y a bien sûr ce titre de Champions de France avec Agen en 76… Un moment inoubliable, que régulièrement on fait revivre en se retrouvant à l’occasion d’un match de championnat du SU Agen. Comme c’est moi qui viens du plus loin (l’Ile Maurice est à 10.000 kms de la France !), mes anciens coéquipiers me laissent le choix de la date… On a toujours un plaisir immense à se retrouver (la saison dernière, c’était à l’occasion d’Agen / La Rochelle) !
Je voudrais aussi évoquer de très bons moments de rugby vécus à l’Ile Maurice, où je réside maintenant depuis une quinzaine d’années. J’ai entraîné l’équipe nationale pendant quelques saisons dans les années 2000, en compagnie de Bernard Castelin. Ce fut un régal, dans une ambiance anglo-saxonne empreinte d’une discipline et d’une rigueur incroyables, quelque chose que je n’avais jamais connu dans mon parcours en France, même au plus haut niveau ! Des gars hyper-engagés, respectueux, attentifs aux consignes, jamais un problème, toujours à fond, en match comme à l’entraînement… Un vrai régal quand tu es entraîneur ! En fait, la très grande majorité de ces garçons là étaient partis à 15 ans faire leurs études (et jouer au rugby !) en Afrique du Sud…
Enfin, je parlerai d’un autre moment très fort que le rugby m’a donné… Il s’est également déroulé ici, à Maurice… J’étais au bord de la touche d’un match qui opposait la sélection Juniors Mauricienne à son homologue Malgache. Au coup de sifflet final, un joueur traverse le terrain en courant vers moi et vient me saluer chaleureusement… 7 ans auparavant, c’était un enfant de la rue à Tananarive, dont nous nous étions occupés dans le cadre de « Formation sans Frontières »… Et là, il était en terminale et faisait de brillantes études… Ca m’a rempli de bonheur.
Basé à Trou-aux-biches, tu diriges le Centre de Chirurgie Esthétique de l’Océan Indien… Quelle est sa vocation, et quel a été ton parcours jusque là ?
suis donc coiffeur de formation… Et comme je le dis souvent, j’ai fait 2 écoles dans ma vie… L’école buissonnière et l’école du rugby ! Après avoir vendu mon salon à Castelsarrasin, je suis donc parti pour La Réunion, où j’ai créé à Saint-Denis le salon « Vert Tendre », ainsi qu’un institut de soins capillaires.
J’ai ensuite créé, en 2000, avec un associé, un centre de greffe de cheveux à l’Ile Maurice, à Pointe aux Canonniers. Puis je prends un nouveau virage, en décidant de créer à Trou-aux-biches une clinique spécialisée dans 3 domaines : la greffe de cheveux, la chirurgie dentaire, et la chirurgie esthétique… Et le projet est devenu réalité depuis 2010, date à laquelle le Centre de Chirurgie Esthétique de l’Océan Indien a ouvert ses portes. A ce jour, nous employons une quarantaine de personnes, et 11 chirurgiens interviennent dans notre clinique.
L’Ile Maurice est une île tournée vers le monde, et en 2014, nos clients sont venus de 31 pays différents, beaucoup de la Zone Océan Indien (Réunion, Mayotte, Madagascar), mais aussi de France, d’Europe, d’Afrique du Sud, de Nouvelle-Calédonie, etc… Le fait d’être basés à Maurice permet à nos clients d’associer une activité touristique au cours de leur séjour, dans un cadre idyllique et « zen ».
Si on vient te voir à L’Ile Maurice, quels sont les 2 ou 3 endroits que tu nous fais découvrir en priorité ? Et tu nous emmènes dîner où ?
Maurice est île fabuleuse, où il y a quantité de choses à voir et à faire… On pourra par exemple prendre le catamaran et aller à « l’Ile Plate », une île magnifique au nord de Maurice. On ira aussi à Tamarin, sur la côte sud-ouest, plonger avec les dauphins, et admirer de splendides couchers de soleil.
Puisqu’on est « rugby, on ira manger aux « Canisses », un restaurant à l’entrée de Grand Baie, tenu par la famille Cassignol, des Biterrois… Dont la fille, Océane, entraînée par Philippe Lucas, est un très (très !) grand espoir de la natation française (elle est récemment devenue championne d’Europe Juniors du 5 kms).
J’aime aussi aller manger au restaurant de l’hôtel Baystone, à Pointe aux Canonniers, à proximité de Grand Baie. C’est un établissement magnifique qui offre un cadre hôtel luxe, dans une atmosphère décontractée.
Bon, ça y est Gérard, toi aussi désormais tu pousses dans la « Mêlée Puissance 15 »… Vers qui tapes-tu à suivre pour nous rejoindre ?
Ce ballon, c’est avec un grand plaisir que je vais l’envoyer à 10.000 kms d’où je vis actuellement, vers l’endroit où tout a commencé pour moi… Castelsarrasin, mon village natal, et je ne doute pas que Serge Lannes, là-bas, saura le récupérer de main de maître.
J’envoie aussi le ballon à destination de tous mes anciens coéquipiers Agenais, et je vais désigner l’un d’eux… notre besogneux et talentueux 2ème ligne Alain Buzzighin, pour l’attraper au vol et le faire fructifier.
Et puis je profite de ce portrait « Puissance 15 » pour adresser un gros clin d’œil à tous ceux que j’ai eu le plaisir de côtoyer, en France comme dans l’Océan Indien, grâce à ce sport magnifique qui m’a maintes fois appris ce que « valeur humaine » veut dire. En particulier, je tiens à rendre hommage à Armon Coupou, pour l’attention qu’il a portée jusqu’au dernier moment à Clito Guidi, mon père.
Et si une chanson ou un texte devait accompagner ton portrait Gérard, ce serait quoi… ?
Sans hésiter , ce serait « Maintenant je sais », de Gabin.
Jean Gabin – Maintenant je sais
Site Internet du C.A. Castelsarrasin
Site Internet du Rugby Union Mauritius
Interview : Frédéric Poulet
Photos : Photos de Une de Gérard: E-Max Productions / Photos « rugby » : Archives GG / Ballon rugby, ciseaux et vue Ile Maurice : Fotolia / Photo centre esthétique OI : site internet CEOI / Equipe Nationale rugby Maurice : site Rugby Union Mauritius
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