B comme « Bayonne », A comme « Anglet », c’est dans ces deux villes Basques voisines que cet homme a fait l’apprentissage de son « B.A.-BA » rugbystique…
Frédéric Canjouam commença ses gammes en Ovalie à l’AS Bayonnaise, avant de rejoindre les Reichel de l’illustre Aviron voisin. Et puis, c’est à Anglet qu’il ira vivre ses années Seniors. Au total, il aura l’honneur de toucher le « bois » à trois reprises dans sa carrière de joueur… Beaucoup en rêverait! Mais au-delà des succès, le plus important pour lui, ce sont les formidables aventures humaines que le rugby lui ont permis de vivre… Des aventures qu’il continue aujourd’hui de partager, dans un rôle d’entraîneur cette fois, du côté de Bardos… Merci Fred !
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Bonjour Fred, tu m’as dit qu’un jour le rugby est entré dans ta vie et que vous ne vous êtes plus jamais quittés… C’est bien ça ?
Né à Bayonne, je suis fils de rugbyman et Pierre, mon père, a toujours été un fanatique de ce sport… Il a joué à l’Aviron Bayonnais, à l’AS Bayonne et à l’Anglet Olympique. Moi, personnellement, je n’étais pas trop « pro-rugby », et quand j’étais gamin, je préférais le foot… Alors j’ai commencé par ça, jusqu’au jour où mon père m’a enfin convaincu que le rugby serait plus adapté à ma corpulence, car j’étais gaillard !
Et c’est à 6 ans ½ que j’effectue mon entrée officielle en Ovalie, en rejoignant l’école de Rugby de l’Association Sportive Bayonnaise (ASB) Rugby. Formé au poste de 3ème ligne centre, j’y ferai toutes mes classes jusqu’à mes années Juniors.
De mon passage dans les catégories Jeunes à l’AS Bayonnaise, je garde en particulier un très grand souvenir de mes 2 entraîneurs en Cadets, Alain Darrigrand et Philippe Ascarat… Au-delà de faire de nous des compétiteurs, ils ont inculqué aux adolescents que nous étions, des valeurs humaines et de « savoir vivre ensemble » extraordinaires, et je leur en suis aujourd’hui encore très reconnaissant.
Arrivé en Juniors 1ère année, je fais quelques matchs avec l’Equipe 1ère de l’ASB alors en Fédérale 2, et l’année suivante, des sélections obtenues en Comité Côte Basque-Landes me permettent d’être sollicité par l’Aviron Bayonnais voisin… Je pars donc tenter l’aventure là-bas, où j’arrive un peu sur la pointe des pieds car je quittais mes copains de l’ASB, et pour moi, la camaraderie, c’est une des valeurs clé qui m’ont toujours fait aimer le rugby.
A 18 ans, je trouve à l’Aviron une ambiance et des gars extraordinaires, et l’amitié est bien au rendez-vous… C’est là que je rencontre par exemple Julien Nérac, Pierre Latxague, Pierre Meyranx, Iker Lascaray… Et tous les autres !… Des potes avec qui, entraînés par « Tonton » Navarron et Armand Haïçaguerre, nous fêterons le titre de Champions de France Reichel en 1996, après avoir gagné Toulon en finale.
A l’issue de mes années Juniors, il me manque cette fois quelques kilos et quelques centimètres (contrairement à l’époque où je jouais au foot !), et la concurrence étant rude pour aller à l’étage supérieur, je suis appelé par l’Anglet Olympique Rugby Club, qui évolue alors en Fédérale 3. Le club me propose également un emploi à la Communauté de Communes, et je ne mets pas longtemps à me décider pour le rejoindre… On est en 98.
Au total, je ferai 10 saisons sous les couleurs Angloyses, d’abord en n°8, puis également occasionnellement en n°6 ou n°7. Sportivement, c’est d’abord un peu compliqué, car on va redescendre jusqu’en 1ère Série, mais, par contre, humainement, c’est une superbe aventure qui commence pour moi, avec la rencontre, entre autres, de celui qui est devenu mon meilleur ami, Manu Sanderson, 2ème ligne de son état… Et à partir de là, on a pu rebondir, avec aussi l’arrivée de Bernard Lataste à la Présidence du club, qui a placé l’humain au cœur de notre système… Et en 2 ans on est remontés en Fédérale 3, après avoir été consécutivement Champions de France de 1ère Série (victoire contre Sault de Navaille), et Champions de France Honneur (victoire contre Loriol)… On a dû perdre 1 seul match en 2 ans si je me souviens bien !
J’ai raccroché mes crampons de joueur à 31 ans, mais avant de le faire, j’avais également déjà commencé à m’intéresser au rôle d’entraîneur, en allant donner des coups de main aux catégories Jeunes de l’AORC. Et comme je voulais absolument continuer à rester acteur dans le monde du rugby, j’ai continué dans cette voie, et j’ai passé mes diplômes.
En 2006, j’ai commencé par entraîner les Balandrade d’Anglet, qui étaient en entente avec l’AS Bayonne… Pour une « première », ce fut une formidable expérience d’entraîneur. On est parti de rien, vraiment de rien, et il a d’abord fallu fédérer des garçons issus de 2 clubs historiquement « concurrents ». J’ai gardé cette génération 2 ans en Balandrade, puis 2 ans encore en Reichel B… Non seulement ils disputeront un ¼ de finale du Championnat de France Reichel B contre Limoges, mais ils sont devenus les meilleurs amis du monde, ils sont inséparables… Dans cette aventure, c’est ce dernier point qui est ma plus belle victoire!
En 2010, on me propose d’entraîner l’Equipe 1ère de l’Anglet Olympique Rugby Club, alors en Fédérale 3, ce que je fais pendant 3 saisons aux côtés d’Eric Balhader, qui venait de Saint-Jean-de-Luz… Et on monte en Fédérale 2 dès la 1ère année de notre collaboration. Après ce bloc de 3 ans, je suis retourné entraîner les Bélascains du club pendant 2 saisons, avec pour objectif de les préparer à jouer au niveau Fédérale 2.
Et enfin, au début de cette saison 2015/2016, je pars entraîner l’Union Sportive Bardos Rugby, en binôme avec Dominique Gueraçague… Histoire de vivre un nouveau challenge sportif et humain, et de me remettre en question par rapport à mon épopée Angloyse.
Fred, pour être tout à fait précis sur ton « curriculum rugby »… N’as-tu pas oublié de nous dire quelque chose ?
Ah oui, effectivement, j’ai oublié de te dire qu’en plus d’avoir été joueur et entraîneur, j’ai aussi occupé la fonction… D’arbitre ! En réalité, je l’ai fait un peu sous la contrainte, quand avec Anglet nous sommes montés en Fédérale 2. Accéder à ce niveau nous imposait d’avoir un 2ème arbitre officiel dans le club, sous peine d’avoir des points de pénalité au classement… On n’avait qu’un arbitre, et je me suis donc dévoué pour être le deuxième !
Quand aujourd’hui il t’arrive de repenser à tout ton chemin parcouru en Ovalie, quels sont les meilleurs « bons moments » qui remontent parmi les premiers à la surface ?
En premier, je dirai sans hésiter que globalement, mes meilleurs bons moments, ce sont toutes les belles rencontres d’amitié et les aventures humaines que le rugby m’a permis de vivre… C’est ça le plus important pour moi.
Plus factuellement, mon passage chez les Juniors de l’Aviron Bayonnais reste un bon et grand moment de ma carrière rugbystique, en ce sens qu’il m’a fait passer un cap important… Cela m’a obligé à me fixer des objectifs, et pour les atteindre, j’ai vraiment été obligé de bosser et de me surpasser.
Mes premières années à Anglet restent aussi gravées en moi… Même si ça a été sportivement un peu compliqué puisque nous sommes d’abord descendus, c’est là que j’ai rencontré ceux qui sont en première ligne de mon réseau d’amitié d’aujourd’hui… Ceux avec qui, après la descente, j’ai eu le bonheur de connaître 2 titres de Champions de France successifs… C’est quelque chose d’inoubliable !
Et puis j’évoquerai enfin le partage avec cette formidable génération de Juniors de l’entente Anglet / AS Bayonne que j’ai entraînée, la génération « 89 », avec les Quentin Landes, Pec, Juju, Marco, Cucu, Flo… Tous se reconnaitront, et que les autres ne m’en veuillent pas de ne pas pouvoir tous les citer, mais ils sont tous bien présents dans mon esprit. Là, je peux te dire que j’ai vécu un truc vraiment très fort avec ces gamins, dont pas mal d’entre eux jouent aujourd’hui en Seniors à l’AS Bayonne où ils se sont finalement rejoints au fil du temps pour continuer à jouer ensemble.
Tu entraînes aujourd’hui l’Union Sportive Bardos Rugby, peux-tu nous présenter ce club?
L’US Bardos est un club jeune, puisque fondé en 1977 par Jean-Baptiste Lamote qui d’ailleurs, 38 ans plus tard, est toujours Président. Affilié au Comité Côte Basque-Landes, c’est un club de village, qui fonctionne vraiment avec ses valeurs locales et qui a l’appellation « Club de Rugby des 3 Vallées »… Ici tout le monde se connaît et nous suit le dimanche où, quand nous jouons à la maison, c’est jour de fête chez les Bardoztars (ndlr : habitants de Bardos).
Sous les couleurs « Orange & Noir », Bardos évolue actuellement en Honneur après avoir été Champion de Promotion Honneur Côte Basque-Landes la saison dernière. C’est un club qui a tout de même joué, malgré sa relative « jeunesse », en Fédérale 2. Notre objectif est de retrouver au plus vite le championnat de Fédérale 3 pour le ramener au Stade Municipal de Bardos, et pour cela nous comptons beaucoup sur nos jeunes, issus du club ou des villages environnants, et qui composent à plus de 80% l’effectif de notre équipe 1ère.
Si le rugby n’avait pas existé, qu’est-ce qu’il t’aurait manqué dans ta vie ?
Hormis bien sûr mes proches, le rugby est l’une des choses les plus importantes pour moi… Je ne peux pas m’en passer, et je crois que sans lui, je me serais vraiment ennuyé… C’est une passion qui a contribue grandement à me permettre de trouver un « bon » équilibre dans ma vie.
Où travailles-tu ?
Je suis employé depuis une quinzaine d’années à la Communauté d’Agglomération de Bayonne-Anglet-Biarritz (BAB) (devenue depuis quelques années Agglomération Côte Basque-Adour suite au ralliement des communes de Boucau et Bidart), dans les services responsables de la collecte et de la valorisation des déchets.
Je suis entouré de beaucoup de rugbymen dans mon travail, ce qui permet, dès le lundi matin, de savoir précisément ce qui s’est passé dans tous les clubs du coin…
Si on vient à Bardos en touriste, quels sont les 2 ou 3 choses que l’on ne doit absolument pas oublier de visiter ?
Bardos, Pyrénées-Atlantiques (64)
Bardos est un village des Pyrénées Atlantiques de 1700 habitants, qui se situe à une vingtaine de kms à l’est de Bayonne, sur la route qui mène à Orthez, puis plus loin à Pau. La région est très festive, et on a ici de très bons restaurants et de belles buvettes pour accueillir touristes et gens du rugby qui viennent nous rendre visite.
Il y a dans la région quelques châteaux à voir, tel que le château de Miremont (ndlr : 15ème siècle), ainsi que le Belvédère, qui offre une vue panoramique sur l’Adour, les Landes et les Pyrénées, ou encore le château de Bidache (ndlr : 14ème siècle), commune située à 6 kms de Bardos. Sinon on bénéficie bien sûr de la proximité de Bayonne, Anglet, et Biarritz, et de leurs très nombreux atouts en matière de divertissements, entre autres.
J’ai la chance d’être né et de vivre dans une superbe région, dont je suis fier… Personnellement, ici, j’aime tout, et pour rien au monde je ne changerai… On a les montagnes, on a la mer, on a l’Espagne, on a la pelote, on a l’état d’esprit de fête et de convivialité… Je crois qu’on n’est pas à plaindre !
C’est l’Angloy Johann Capdeville qui t’a fait la passe « Puissance 15 »… A qui transmets-tu le ballon à ton tour ?
Je remercie Johann pour cette belle passe, lui avec qui j’ai eu le plaisir de jouer à Anglet, et que j’ai entraîné ensuite. Je profite aussi de mon « Portrait Puissance 15 » pour adresser un grand « merci » à Bernard Lataste, qui copréside maintenant l’AORC avec Jean-Michel Artigue… Bernard est quelqu’un qui a beaucoup compté dans mon cursus rugbystique.
Et maintenant, j’aimerais passer le ballon à Thomas Charabas… Thomas est l’un de cette « génération 89 » que j’ai entraîné à Anglet, et à 26 ans, il attaque cette année sa première saison comme arbitre professionnel en TOP 14.
Page Facebook de l’US Bardos 3 Vallées
Interview : Frédéric Poulet
Photos : Photo « Une » et photos « Rugby » de Frédéric : Archives de Frédéric et page Facebook de l’US Bardos / Photo Château de Salha: Wikipedia Urruty 64-Peïo Dibon-CCBY-SA 3.0
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