Quelque part dans le Sud des Landes, entre « terre et mer », moins de 10 petits kilomètres séparent les communes de Saint-Vincent-de-Tyrosse et d’Hossegor. Si l’équipe de rugby fait la renommée de la première, c’est sans doute à sa « vague », l’une des meilleures du monde, que la seconde doit la sienne… Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que ce soit justement Soorts-Hossegor qui ait été choisie par les fondateurs de Rip Curl Europe, il y a 32 ans de cela, pour y implanter leur quartier général…
Rencontre avec François Payot, qui fut justement l’un des co-fondateurs de Rip Curl Europe, et qui préside aujourd’hui aux destinées internationales de l’entreprise australienne. Une belle rencontre que nous devons à Michel Duffranc, et au cours de laquelle il fut bien entendu beaucoup question de surf et de sport de glisse, mais également de rugby… Car il arrive parfois, surtout sur cette belle côte landaise, qu’entre les 2, le cœur balance… Merci François !
Côté Entreprise
Bonjour François Payot, Rip Curl a été créée en Australie en 1969… Que représente aujourd’hui cette entreprise au niveau mondial ?
Rip Curl a été créée en 1969 en Australie à Torquay par Doug Warbrick et Brian Singer, qui sont toujours les deux actionnaires principaux de l’entreprise.
Issus du monde du surf, nous sommes au niveau mondial un des leaders de cet univers des sports de glisse (surf, planches à voiles, snowboard, skate). Les « sports d’eau » étant de très loin notre secteur le plus important par rapport aux « sports de neige »… Notre vraie image vient de l’océan !
Il existe 3 grandes marques « leader » sur notre marché : Rip Curl, Quicksilver et Billabong.
Rip Curl est aujourd’hui la plus performante d’un point de vue de ses résultats, notamment grâce au fait que nous sommes restés une compagnie privée et aussi grâce à notre leadership sur tout ce qui concerne les produits techniques, comme les combinaisons isothermiques.
Notre chiffre d’affaires est d’environ 500 M$, nos principaux centres économiques sont l’ « Austral-Asie », l’Europe, et les Amériques (Sud et Nord). Nous sommes également présents sur d’autres marchés émergents, mais l’activité y est plus anecdotique.
Et dans ce contexte mondial, que représente la filiale Rip Curl Europe, créée en 1983 et dont vous êtes le co-fondateur ?
Les sports de glisse ont vraiment explosé dans les années 80. J’ai connu les deux fondateurs de Rip Curl en 1982. A cette époque, c’était facile, nous étions tous issus du même milieu des passionnés du surf. Un an plus tard, nous fondions, Frédéric Basse et moi-même, Rip Curl Europe. J’ai également par la suite été responsable du développement de la marque au niveau mondial ou dans d’autres zones à l’international, notamment en Asie.
Historiquement, Rip Curl Europe était la branche la plus importante et représentait environ 35% de notre chiffre d’affaires mondial, mais suite à la crise de 2008, crise qu’a connue le secteur ces dernières années, notamment sur le « soft wear » (textile grand public), cette part n’est plus que de l’ordre de 25% aujourd’hui. Là encore, ce sont avant tout les produits techniques qui nous ont permis de surmonter la crise, et de performer par rapport à la concurrence.
C’est sans aucun doute la passion pour le surf qui a été à l’origine de votre remarquable parcours d’entrepreneur… Que pouvez-vous nous dire de cette passion ?
Je suis architecte de formation, mais disons que pour moi, vivre cette aventure avec Rip Curl, ça a été une merveilleuse façon de travailler dans le milieu de ma passion, le surf !
Quand vous êtes gamin, que vous venez à Hossegor, qui est considéré comme un des meilleurs endroits de la planète pour pratiquer le surf, et que vous assistez au quotidien à ces migrations de surfeurs venus du monde entier… Forcément ça donne envie de partager cette évasion et cette émotion provoquée par la vague, et de les suivre.
Cela donne aussi l’envie et le goût du voyage, pour aller voir d’autres vagues, ailleurs. C’est une façon de vivre, un état d’esprit qui sont bien sûr très plaisants.
Disons que j’étais sans doute dans les meilleures conditions possibles pour « tomber » dans ce monde là, et lorsque j’ai pris conscience qu’il y avait une possibilité d’y travailler, la décision n’a pas été très difficile à prendre.
Côté Territoire
Le siège de Rip Curl Europe se trouve à Hossegor, sur la Côte Sud des Landes, pour quelles raisons ?
Comme je l’ai dit plus haut, c’est parce que la vague d’Hossegor est l’une des meilleures du monde, et qu’il ne faisait donc nul doute que c’est près d’elle que nous devions être.
Certaines personnes ne comprenaient pas ce choix, nous disant que nous allions être loin de tout… Ca paraissait anachronique à quelques-uns à l’époque, alors qu’aujourd’hui ça semble tout naturel.
Et en tout cas, nous avons été la première société internationale à nous installer ici, sur un territoire qui jusque là vivait essentiellement du tourisme en saison et de quelques activités industrielles et artisanales le reste de l’année.
En nous installant ici, nous avons inscrit le nom d’Hossegor sur toutes les cartes du monde de la glisse, on a créé des compétitions internationales, et des évènements comme « La Braderie » qui, économiquement, représentent quelque chose d’important pour la région.
(ndlr : Depuis 1987, « La Braderie » est une grande vente au déballage que les marques de surf organisent durant le week-end de Pâques sur la zone Pédebert à Hossegor, et qui est devenue une véritable foire commerciale).
Nous participons également au cluster EuroSIMA (European Surf Industry Manufacturers Association), qui met en réseau les acteurs privés et publics et contribue à la promotion et au développement de la filière glisse en Aquitaine, dans des domaines tels que l’innovation et la R&D, la formation et l’emploi, le développement durable. Frédéric Basse en est aujourd’hui le président.
Vous connaissez bien ce territoire des Landes Côte Sud… Au-delà de l’aspect économique, que vous inspire-t-il et comment le « vivez-vous » ?
Compte tenu des mes responsabilités au niveau international pour Rip Curl, je réside aujourd’hui à Bali, et je ne reviens ici que de temps en temps. Je vois donc ce territoire comme un endroit où il y a certaines valeurs qui me sont chères et importantes par rapport aux années que j’ai vécues ici… ce sont les valeurs du Sud-ouest ! J’aime revenir ici car j’y ai aussi une grande partie de ma vie sociale.
Et puis, sur ce territoire, il y a l’US Tyrosse Rugby Côte Sud… Vous en pensez-quoi ? Et quelle relation avez-vous vous-même avec le rugby ?
L’US Tyrosse Rugby Côte Sud est un club qui a formé et qui forme encore de grands joueurs, et je crois qu’il est largement reconnu pour ça bien au-delà des frontières landaises… C’est tout à son honneur.
Concernant ma propre expérience avec le rugby, j’ai été joueur au Stade Français CASG, et quand je suis revenu à l’époque m’installer dans les Landes, j’ai eu un choix cornélien à faire entre une carrière de rugbyman (je pouvais aller jouer à Dax) et une carrière de surfeur… J’ai finalement opté pour le surf, et à partir de ce moment là, je crois que j’ai toujours eu un regret vis-à-vis du rugby, parce que j’adorais vraiment pratiquer ce sport !
Alors j’ai essayé de parer à ce manque de 2 manières : je suis aujourd’hui actionnaire de l’Aviron Bayonnais d’un coté, et de l’autre, depuis une vingtaine d’années, je fais partie de l’équipe de « Lous Pibalous », qui regroupe des anciens de Capbreton, Hossegor et Seignosse, ce qui me donne l’occasion de temps en temps d’aller défier « Los Esquiros » de Tyrosse !
Site Internet de Rip Curl Europe
Laisser un commentaire