Voilà un garçon à qui il ne faut pas raconter de salade, fut-elle niçoise ! Avant même de venir jouer à Tyrosse, il savait en effet depuis longtemps que c’est à une potion magique que le club à la fougère doit une grande partie de ses incroyables exploits sur les prés d’Ovalie… Et il voulait y goûter !
Un élixir dont seuls les habitants de Semisens et des environs connaissent la recette, qu’ils se transmettent de pères en fils, en neveux ou encore en cousins… Une potion magique qu’ils partagent volontiers avec ceux qui un jour posent leurs valises chez eux, et qui donne la force de renverser des montagnes, fussent-elles savoyardes… Adishatz Bastien !
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Bonjour Bastien, où es-tu né, où as-tu poussé, et dans quelles circonstances t’es-tu mis un jour à pratiquer le rugby ? Que peux-tu nous dire de tes tous débuts, ballon en mains ?
Je suis né à Pau et j’ai grandi à Orthez, en Béarn. Après avoir pratiqué le football et être passé par le tennis, la natation ou encore la pelote, c’est vers 13 ou 14 ans que j’ai débuté le rugby, à l’U.S. Orthez, club où évoluait déjà mon frère, où mon père avait fait quasiment toute sa carrière, et où beaucoup de mes copains jouaient.
J’étais un peu « bouboule » à cet âge là, ce qui d’entrée m’a valu d’être positionné en pilier ! Après une première saison en Minimes où la principale préoccupation était, au grand dam de nos éducateurs, de rigoler avec les copains (d’ailleurs, les résultats s’en ressentaient puisque je ne me souviens que d’une seule victoire cette année là…), c’est à partir des Cadets que le rugby est devenu une chose plus sérieuse pour nous et pour moi. Je dois beaucoup de cette « montée en puissance » du phénomène rugby chez moi à Jérémy Spencer, un doux rêveur britannique, ancien international anglais et tisserand au Pays Basque, qui est arrivé au club à cette époque et qui nous a coachés pendant nos 2 ans de Cadets. C’est un éducateur qui a beaucoup compté pour moi, et dont la façon de voir les choses m’a souvent inspiré. C’est vraiment à partir de là que j’ai eu envie d’évoluer et de grandir dans ce sport.
Voilà 3 saisons que tu évolues à l’US Tyrosse Rugby Côte Sud… Quel avait été ton parcours et ton palmarès rugbystique jusque là ?
Après donc avoir fait mes classes Cadets à Orthez, je suis parti joué en Juniors à la Section Paloise, puis à Colomiers alors que j’étais étudiant à l’INSA à Toulouse (école avec laquelle j’ai été Champion de France Universitaire). Parti du poste de pilier, et après avoir également joué en 2ème ligne, c’est au fil des saisons que je me suis spécialisé au poste de 3ème ligne centre.
Je suis ensuite revenu effectuer 3 saisons en Espoirs à la Section Paloise, avant de retrouver l’U.S. Orthez en Seniors… L’occasion pour moi de rejouer avec beaucoup de mes copains d’enfance, qui pour certains avaient eux aussi évolué et mûri dans les grands clubs de la région. Sous la direction de Philippe Ebel, cette première saison de retrouvailles fut couronnée d’une accession en Fédérale 1… Un grand moment pour nous tous !
Après 2 saisons supplémentaires à Orthez, la fin de mes études et un concours de circonstances nous ont fait atterrir, ma femme et moi, à Nice, région dont je ne connaissais rien. J’ai joué 4 ans au Stade Niçois, qui évoluait alors en Fédérale 1. J’en garde de très bons souvenirs et de grandes amitiés. Humainement parlant, la dernière saison passée là-bas a sans doute été un des plus forts moments de ma carrière, car dans un contexte très difficile, qui s’est soldé au bout du compte par la rétrogradation administrative, nous avions maintenu le club sportivement en Fédérale 1.
Etant devenus parents durant notre tranche de vie niçoise, nous avons voulu nous rapprocher du « pays » et de nos familles, car c’est dans le cadre de « notre » Sud-Ouest que nous souhaitions faire grandir notre fils, plutôt que dans une grande ville… C’est ainsi que j’ai contacté l’US Tyrosse, et que j’y effectue ma troisième saison.
Quelle image avais-tu de l’US Tyrosse avant de venir y jouer, et après 3 ans de « pratique », cette image est-elle toujours la même pour toi ?
Quand j’étais jeune joueur, l’US Tyrosse était pour moi le club du petit village par lequel je passais pour aller à la plage, un club qui luttait contre les « gros » de la PRO D2. C’était un peu le village d’Astérix qui résistait à la super-puissance romaine…. Je me souviens que ça m’impressionnait vraiment, et je me demandais quelle pouvait bien être leur potion magique.
L’UST est descendue en Fédérale 1 alors qu’Orthez y montait, et le premier match amical de la saison fut Orthez / Tyrosse… Connaissant les valeurs tyrossaises, nous, Orthéziens, étions tous un peu inquiets d’affronter cet ogre avant le coup d’envoi ! Durant la saison qui a suivi, j’ai eu la chance de côtoyer en Sélection Côte-Basque les joueurs Tyrossais de l’époque : les Mazas, Abadie, Britz, Dupré, Lapoyalère, ou encore un « petit jeune » à l’époque… Paul Dubert ! Pour le « jeune » que j’étais alors aussi, et qui faisait ses premières armes en Fédérale 1, partager les repas d’avant-match avec ces joueurs qui parlaient de joutes contre Toulon, Dax ou Le Racing était assez intimidant.
Tyrosse a toujours eu pour moi l’image d’un club à l’identité très forte, où des jeunes du village et des environs allaient défier avec leurs moyens les grands clubs de l’époque. Dans une moindre mesure, c’est encore vrai aujourd’hui. Notre sport a évolué et même en Fédérale 1, pour notre club, compte tenu de ses moyens financiers, il est difficile de lutter à armes égales avec les cadors de la division. Cependant, nous avons encore et toujours ce petit supplément d’âme qui nous pousse à vouloir exister, à continuer à être un club qui compte et qui nous aide à nous transcender par moment. Quand on joue dans ce club, on ressent très vite qu’on ne joue pas seulement pour l’équipe et pour faire une bonne saison, mais aussi pour que l’histoire du club ne soit pas oubliée, que ses valeurs perdurent, et qu’il ne tombe pas dans l’anonymat du rugby français. Si cela peut être un poids parfois, c’est avant tout une force dans les moments importants d’une saison. J’espère que cet état d’esprit saura être transmis et que cela durera de nombreuses saisons encore.
Y-a-t-il des « choses particulières » que tu as découvert à l’UST, et que tu n’avais jamais vécues (ou avec autant d’intensité) dans les autres clubs où tu as joué ?
Je reviens à cette forte identité et à la place que tient le club dans la ville. Cela amène à des moments très forts comme lors des phases finales de la saison dernière où il y a eu une énorme ferveur autour de nous. Je n’avais jamais vécu cela de manière aussi forte dans toute ma vie de rugbyman. On sent ici toute la place que l’UST a dans la ville, dans le cœur de beaucoup de gens, et qu’elle fait partie intégrante de l’identité tyrossaise.
Il s’est créé quelque chose de très fort entre les joueurs bien sûr, mais aussi avec les supporters et les dirigeants du club. Une telle communion laisse évidemment de très bons souvenirs, et j’espère que nous pourrons revivre des moments comme ça: les entraînements avant les rencontres, la tension dans les vestiaires et les discours d’avant-match, le tour du stade avant les matchs, et les « TY-ROSSE ! » scandés par le public, les joies et les tristesses au coup de sifflet final, les troisièmes mi-temps qui suivent… Tout cela marque la carrière d’un joueur et rarement cela aura été aussi fort pour moi qu’ici l’an dernier.
Tu habites à Saint-Vincent-de-Tyrosse… Tu n’es pas né ici mais tu joues ici… Le rugby est-il un « bon » vecteur d’intégration à Semisens ?
Le meilleur je dirai. Quand on joue au rugby ici, on est amené à connaître très vite beaucoup de monde ! D’une part, parce que beaucoup d’anciens joueurs tiennent encore un rôle dans le club mais aussi dans la vie de la cité, mais également parce que les gens ont facilement tendance à venir te parler dans la rue, soit du match du week-end passé, soit du suivant. Cela m’a d’ailleurs un peu surpris quand je suis arrivé de voir la place que tenait le rugby ici. A Orthez nous avions bien sûr quelques fidèles supporters, à Nice le club était noyé dans la grande ville et la quantité d’associations sportives qui coexistent, mais ici, tout le monde est au courant des résultats et de la vie du club.
Le rugby fait partie de la culture tyrossaise : beaucoup de gens d’ici ont joué pour l’UST, ou ont un père, un frère, un enfant ou un cousin qui joue, et cela compte énormément pour eux. Ca crée un lien très fort, quasiment familial autour de ce club… Alors , oui, bien sûr, quand on a un intérêt commun avec les personnes, c’est d’autant plus facile de s’intégrer !
Exerces-tu une activité à côté de ta carrière de joueur, et quel est ton projet professionnel à moyen-long terme ?
Actuellement je suis surveillant au collège de Tyrosse et j’interviens également au sein de sa section rugby. C’est ma première année d’expérience en la matière, et j’y prends beaucoup de plaisir, mais cela ne peut-être qu’une situation transitoire.
Je suis titulaire d’un Master en Biologie, mais je n’ai jamais exercé professionnellement dans ce domaine, car à Nice je ne faisais que du rugby, et en revenant ici, j’ai voulu prendre le temps de m’occuper de mon fils.
Aujourd’hui, j’envisage de passer les concours pour devenir instituteur ou professeur de Maths. Travailler au contact des enfants est quelque chose qui m’intéresse vraiment, et j’espère pouvoir en faire mon métier.
Tu peux accompagner ton portrait « Puissance 15 » d’une musique ou d’une chanson… Ce serait laquelle pour toi ?
Je n’ai pas une chanson fétiche, mais plutôt des artistes et des groupes qui ont marqué certaines époques de ma vie et que j’aime réécouter selon mes états d’âme: En premier lieu Ben Harper, qui est mon artiste préféré, mais il y en a plein d’autres : Bob Dylan, Jeff Bucley, Otis Redding, Led Zeppelin, Oasis, Red Hot Chili Peppers, etc… J’ai plus de 1500 morceaux en permanence avec moi !
Ben Harper- Please Bleed
Bob Dylan – Blind Willie Mc Tell
Jeff Bucley – Hallelujah
Site Internet de l’US Tyrosse Rugby Côte Sud
Interview : Frédéric Poulet
Photos : Bastien joueur : Clin d’Œil Tyrosse / Pont Vieux Orthez : Wikimedia – Mossot / Vue aérienne Tyrosse : Phovoir
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