Jeudi - 21 Novembre 2024

Jean-Luc Sautedé / Patron de l’« Hôtel des Pyrénées » à Laloubère


Si quand il prend sa guitare et écrit des chansons cet homme s’invente un monde virtuel, l’amour qu’il porte au rugby est quant à lui bien réel…

Il faut dire qu’entre Jean-Luc Sautedé et le rugby, l’histoire est longue… Une histoire commencée tout gamin, avec ses potes, dans les rues du « Bois de Cibat », à Orleix, avant qu’ensemble ils n’aillent investir la prestigieuse école de rugby du Stadoceste Tarbais, pour aller y cueillir un titre de Champions de France Benjamins. C’est bien au Stado que Jean-Luc va gagner ses galons de talon, jusqu’au jour où il quittera son Pays Tarbais pour s’engager sur les routes d’Ovalie… Un long voyage qui l’amènera à Vic-Bigorre, Lourdes, Istres, Dijon, Montélimar et Gap. Et puis, comme il a sa Bigorre vissée au cœur, c’est là-bas, du côté de Laloubère, qu’il a choisi de continuer à chanter son rugby avec tous les siens… Merci Jean-Luc !

 

Bonjour Jean-Luc, ta première licence de rugby, c’est dans quelles circonstances que tu l’as prise ?


Orleix, Hautes-Pyrénées (65)


logo stado tarbesEn 1968, j’ai 6 ans, et mes parents font construire au « Bois de Cibat », à Orleix, dans la très proche banlieue tarbaise… On habite alors à deux pas de l’école de rugby du Stado, et il ne me faut pas longtemps pour que je m’y retrouve, avec tous mes potes du quartier.

Déjà à cette époque, le rugby prenait beaucoup de place dans ma vie : on y jouait tous les dimanche matin au centre aéré de Bours, où se trouvait l’école de rugby du Stadoceste Tarbais, et à toutes les récréations en primaire, que ce soit dans la cour de l’école ou sous le préau quand il pleuvait… Et tous les soirs, on remettait ça sur la route, dans le lotissement… Bref, on jouait autant que les « pros » d’aujourd’hui (la muscu en moins !), et les talents en herbe que nous étions étaient toujours fidèles au poste, tous animés de la même envie !

 

A partir de là, quelle a été la destinée ovale du « joueur Sautedé » ?

Je serai affecté dès le départ au poste de talonneur (je ferai également plus tard une partie de ma carrière en 3ème ligne), et mes heures de gloire en Ovalie débuteront vraiment en Benjamins, avec un titre de Champions de France à 8, gagné à Saverdun, contre Béziers, puis un autre, en Minimes, gagné cette fois contre Grenoble. Suivra ensuite la Coupe des Provinces en Cadets… Mais tout ça, Pierre Pujo te l’a déjà raconté, puisque nous étions dans la même bande ! On était entraîné par Jacques Sen, qui s’est occupé de nous depuis l’école de rugby jusqu’en Minimes.

jl sautede champions france benjamins 74-75

1975 : Jean-Luc (dernier joueur en bas) fait partie des 8 Benjamins Tarbais Champions de France. Son ami Pierre Pujo est en haut à gauche.

jl sautede avec ballon et boue

C’est en Reichel que Jean-Luc gagne ses galons en 1ère …

Viennent ensuite les années Juniors2 années Crabos vécues dans un superbe esprit, mais pendant lesquelles nous n’aurons pas de résultat convainquant. Par contre, la saison suivante, mon année Reichel va me gâter au-delà de toutes mes espérances : On gagne la Coupe des Provinces avec le Stado, je suis Champion de France de La Marine Nationale avec « Marine Hourtin », où je fais mon Service National, et… Je fais mes premiers matchs en Equipe 1ère… C’est contre le glorieux voisin Bagnérais, chez nous à Tarbes, que je serai lancé dans le grand bain. Je deviens alors le remplaçant de Philippe Dintrans, et j’alterne également avec des matchs en Nationale B, équipe avec laquelle, en 1985, on chute contre Biarritz, à Mauléon, en finale du Championnat de France.

A l’approche de la saison 85/86, j’ai 23 ans, et c’est le cœur gros que je décide de quitter la taverne de l’Ours Tarbais… Je ne voyais pas d’issue pour moi au fait d’être l’éternel n°2 derrière Philippe Dintrans. J’opte logo vic bigorrealors pour une saison chez les voisins de l’US Vic Bigorre, en 2ème division, où je pars en compagnie de Gilbert Pescadère, qui m’entraînait depuis les Juniors, et de quelques potes, comme Thierry Morancho, Christian Drouilhet, Jean-Marc Verger… On obtiendra la montée en groupe B, et on remportera le Challenge de l’Essor, en battant Bergerac en finale.

 

logo lourdesL’année 1986 signe pour moi le retour en Groupe A, à Lourdes, où je vais jouer 3 saisons intenses en compagnie des Claude Nicolau, Louisou Armary, Alain Caussade, Jean-Pierre Garuet, Pierre Casteran, Richard Séguret… Et tous les autres ! Je ne suis pas loin de faire un France B… Je suis sur les tablettes… Mais non… C’est un peu le destin qui s’en mêle… Et je suis sûrement aussi un peu trop juste… Finalement ça ne se fera pas. Mais en juin 88, j’ai quand même la chance de partir 3 semaines pour un « Huguenots Tour » en Valise Af Sud - Fotolia_60487088_XSAfrique du Sud… Un souvenir énorme, avec à la clé 6 matchs (dont 5 victoires !) dans des stades mythiques, la rencontre du « monument » local Danie Craven… Et la découverte de Gérard Verdoulet, alors coach de la Sélection… Gérard qui à partir de ce moment là pèsera énormément dans ma vie et dans mon rugby.

 

panneau istresAprès une dernière saison au FC Lourdes, en 89, je rejoins justement Gérard Verdoulet à Istres, où je vais jouer 3 saisons et où je retrouve aussi quelques « Huguenots » avec qui j’étais allé en Afrique du Sud l’année d’avant, comme Jean-Marc Pigeaud et Richard Vacheron, avec lesquels j’irai à 2 reprises en ½ finale de la Coupe des Provinces, et serai sélectionné pour rencontrer les Iles Fidji à l’occasion de l’inauguration du Stade des Costières à Nîmes.

jl sautede a l'attaque ballon en main

1990 : Jean-Luc est à l’attaque contre Bayonne sous le maillot d’Istres…

Et puis en 1992, je quitte Istres… Je voulais rentrer dans mon pays de Bigorre, mais finalement je me mets une fois de plus dans les pas du coach Verdoulet, direction… Dijon ! Là, je vais passer 4 saisons magnifiques… Du rugby fou fou fou… Parfois trop, mais que de jeu ! Nous serons Vice-champions de France du Groupe B en 93 (finale perdue contre Périgueux à Tours), ce qui nous donnera le droit de jouer en Groupe A et d’affronter, entre autres, le Stade Toulousain, les « Mammouths » Grenoblois de Jacques Fouroux, et bien d’autres….

jl sautede equipe dijon

1993 : Jean-Luc (1er à gauche rang du milieu) est au Stade Dijonnais, coaché par Gérard Verdoulet, et monte en Groupe A !

 

Et puis un jour, le joueur est aussi devenu entraîneur… Raconte-nous la genèse de l’affaire, et le chemin parcouru dans cette fonction…

jl sautede avec juniors gap champions provence danet

Années 2000 : Jean-Luc (à droite) est Manager de Gap, dont les Juniors sont Champions Danet de Provence

Incontestablement, c’est la rencontre avec Gérard Verdoulet, à Istres, qui a été le déclic pour que je m’engage dans la voie de l’entraînement. C’est là-bas que j’ai commencé à être éducateur à l’Ecole de Rugby, parallèlement à mon activité de joueur. Puis arrivé en Côte d’Or, c’est toujours en tant que joueur du Stade Dijonnais que j’entraînerai durant 3 saisons les Reichel du club.

Ainsi, de 96 à 2010, j’entraînerai successivement les clubs de Saint-Apollinaire (Honneur et Fédérale 3, club qui fusionnera avec Talant en 97), le Rugby Club Gapençais (de 98 à 2002, en Fédérale 3), Drôme Provençale Rugby (Montélimar, saison 2002/2003 en Fédérale 2), puis à nouveau Gap, devenu Gap Hautes-Alpes Rugby (de 2003 à 2010, en Honneur et Fédérale 3).

Tarbes, Vic-Bigorre, Lourdes, Istres, Dijon, Saint-Apollinaire, Montélimar, Gap… J’ai porté tous ces maillots avec toujours la même conviction, le même goût du partage, la même envie d’apprendre, de donner et d’aller au fond des choses… Tant dans ma carrière de joueur que dans celle d’entraîneur.

 

Si tu devais me confier des « grands moments » que tu as vécus en Ovalie, et auxquels tu penses encore régulièrement aujourd’hui… Quels sont ceux qui te reviennent, juste là ?

portrait jl sautede maillot rouge et bleu

90’s : Jean-Luc sous le maillot du Stade Dijonnais

Des grands moments, j’en ai déjà évoqués quelques uns, mais l’image de mon père, accroché au grillage du tunnel du Stade Maurice Trélut à Tarbes lors de mon premier match officiel en Equipe 1ère contre le grand Bagnères de l’époque, m’a toujours suivi… Sans doute une histoire de fierté masculine !

J’ai partagé tellement d’aventures sportives et humaines avec le rugby, que ce soit en tant que joueur ou en tant qu’entraîneur, partout où je me suis engagé, que pour moi, mettre en avant celle-ci ou celle-là, plutôt que telle autre, me paraît impossible… J’ai tellement tout aimé ! Une chose est sûre, je reste un adepte inconditionnel du vestiaire et ça, c’est de l’ordre de l’intime…

 

Attention Jean-Luc, voici la question la plus importante de ton « Portrait Puissance 15 », et tu ne dois y répondre qu’en une seule phrase : Le rugby, c’est quoi pour toi ?

Le rugby… En une seule phrase ???… Alors, je te dirai que le rugby, je crois bien que c’est mon ADN !!

jl sautede phrases sur le rugby

Tu es patron de l’« Hôtel des Pyrénées » à Laloubère, présente nous ton établissement…

Oui, je suis gérant de « l’Hôtel des Pyrénées », bar-hôtel-restaurant à Laloubére, tout près de Tarbes, depuis août 2011 et notre retour de Gap. J’y travaille en compagnie de Betty, mon épouse… Finalement, nous sommes donc bien revenus en Bigorre, après un long périple de 22 ans sur les terres de France !

Nous proposons diverses formules : pension complète, demi-pension, repas ouvrier le midi, repas de groupe, repas sportifs et, bien sûr, quelques troisièmes mi-temps accompagnées de chansons, de rires et de musique… Ici, forcément, le rugby est souvent mis à l’honneur !

jl sautede avec fils et X dans son bar

Jean-Luc (à droite) dans son bar, aux côtés de son fils Baptiste et de Brian Lidenberg

 

Dernière question sur le rugby… Aujourd’hui, de quelle façon restes-tu connecté à lui ?

Je regarde beaucoup de rencontres à la télé, et notamment, j’ai pu, grâce à Eurosport Player, retransmettre tous les matchs du TPR cette année ! Je me libère aussi parfois pour aller voir jouer Baptiste, mon fils… Il a commencé son école de rugby quand on était à Gap, et il joue aujourd’hui ½ de mêlée avec les Cadets du Stado Tarbes Pyrénées Rugby. Quand je le peux, je vais également voir jouer l’équipe Espoirs, chapotée cette saison par Henry Broncan et Bernard Simon, et entrainée par 2 anciens partenaires de jeu, Patrick Caïe et Pierre Lapenne.

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2007 : Betty et Baptiste Sautedé, à l’occasion du Jubilé de Jean-Luc à Gap

 

logo laloubère rugbyQuant à l’UAL (Union Athlétique Laloubère), le club local, son terrain est situé à 100 mètres de notre bar, alors j’ai souvent l’occasion de traverser ! Je profite du moment pour féliciter l’équipe qui vient de faire cette saison un très beau parcours en 1ère Série, qui s’est terminé par une courte défaite contre Cestas en ¼ de finale du Championnat de France… Bravo les gars !

Et puis, si je veux répondre jusqu’au bout à ta question, je te dirai que la connexion avec le rugby est permanente chez moi… Et ça me démange de plus en plus de reprendre une équipe… Je me sens prêt à remettre ça… Il me semble que j’ai encore des choses à partager, à donner et à recevoir !

 

Tu as poussé à Tarbes, le rugby t’a fait découvrir d’autres contrées, et puis tu es revenu sur les pas de ton enfance… Qu’est-ce qu’il a de si beau ton pays ?

Bien sûr, on vit ici avec devant nos yeux le cadre magnifique de la Chaîne des Pyrénées, majestueuse… Le Cirque de Gavarnie, le Pic du Midi, la Vallée d’Aure, etc…

Cirque Gavarnie - Wikipedia - Benh LIEU SONG - CC BY-SA 3.0

Le Cirque de Gavarnie

Mais je vais te dire, ce que je préfère par-dessus tout, moi, dans mon pays… C’est la tradition du chant transmise par nos anciens, et qui perdure dans les repas de famille, les fêtes de village, les bars, les bus, les vestiaires… Ce sont pour moi des instants magiques d’union, de partage… Et de vie, tout simplement !

 

C’est depuis Marseille que ton ami d’enfance Pierre Pujo, Tarbais lui aussi, t’a envoyé le ballon « Puissance 15 »… Vers qui vas-tu taper à suivre à ton tour ?

Je remercie Pierre, qui à travers sa lointaine passe depuis Marseille, a fait venir le ballon « Puissance 15 » dans notre Pays Tarbais, où gamins, nous avons eu tous les 2 la chance de porter le maillot du Stado… Que de souvenirs !

Et maintenant, c’est avec plaisir que je vais talonner à mon tour en direction de Jean-Marc Pigeaud, un ancien pilier gauche… On s’est connu en Afrique du Sud à l’occasion de la « Tournée des Huguenots » de 1988, et on s’est retrouvé ensuite sous le même maillot à Istres.

Et puisque j’ai eu l’occasion de te parler de Betty et de Baptiste dans mon portrait Puissance 15, je ne voudrais pas qu’il se termine sans avoir aussi adressé un gros clin d’œil à ma fille, Laurie, qui passe son D.E. de Professeur de danse.

 

Si on finit ton Portrait Puissance 15 en chanson, tu nous fais écouter quoi ?

J’adore la musique et je joue de la guitare. A mes moments perdus, j’écris des chansons… J’en ai déjà écrit une cinquantaine… C’est une formidable échappatoire pour moi. Durant mon séjour à Gap, j’ai eu la chance de jouer dans un groupe, « Ka Ora », qui a interprété mes textes… Je te propose d’en écouter un, « Le Virtuel »… Je suis à la guitare et il est chanté par Audrey.


ICONE-VIDEOLe Virtuel – Ka Ora


Et puis je voudrais aussi mettre à l’honneur  « Les Chanteurs Pyrénéens de Tarbes », et je t’invite à aller les découvrir sur leur site Internet :


ICONE-WEB Les Chanteurs Pyrénéens de Tarbes


 


ICONE-WEB Site Internet de l’Union Athlétique Laloubère


ICONE-CREDITS

Interview : Frédéric Poulet

Photos : Photo de « Une » et photos « Rugby » de Jean-Luc : Archives de Jean-Luc / Valise Afrique du Sud: Fotolia 60487088 / Cirque de Gavarnie: Wikipedia-Benh LIEU SONG-CC BY-SA 3.0

Eu égard aux droits qui leur seraient associés, nous nous engageons à enlever les illustrations présentes dans cet article, sur simple demande de leurs auteurs.


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5 commentaires
  1. Jean Luc Ferrandis

    27/06/2016 à 23:42

    Un petit coucou d’un autre jean Luc, je me suis reconnu sur la photo d’Istres en compagnie d’Armitano, Gubini, Aliouat, Brothier, de très beaux souvenirs
    Amitiés JL

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  2. OUDOT Christian

    24/06/2016 à 16:00

    Très heureux d’avoir de tes nouvelles Jean-Luc, et de me remémorer les bons moments partagés à St Apo. Bon vent dans ta carrière et ton établissement où je ne doute pas de l’ambiance, ayant connu celle de la rue Jeannin…
    Amitiés sportives

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  3. Jean-Michel Gros

    24/06/2016 à 15:53

    J’ai reconnu Edouard Alric sur la photo du Stade dijonnais… Le monde (du rugby) est vraiment petit…

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    • Frédéric Poulet

      25/06/2016 à 15:34

      Et oui ces 2 là ont joué ensemble à Dijon… Ce n’est sans doute pas un hasard de les voir maintenant pousser de concert dans la Mêlée Puissance 15!

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  4. simon

    24/06/2016 à 10:04

    Un vrai personnage, une vraie « tête » d’homme bon.
    Si vous êtes dans le coin, n’hésitez pas à vous arrêter quelques minutes (ou heures) dans son établissement. Lui et Betty forment une équipe du tonnerre.
    Vous aimez le vie ? alors vous aimerez leur établissement.

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