Cet homme est la preuve vivante qu’on peut être Charentais et vivre avec bonheur en Béarn, grâce à un ballon ovale…
Magie du Rugby ! En effet, voilà quelques années déjà qu’Antony Bossy, originaire de Cognac, coule des jours heureux du côté d’Orthez. Pourtant mis en garde par la devise locale, « Toca-i si gausas », le Cognaçais n’a pu s’empêcher d’y toucher… Mais, muni du « passeport rugby », il l’a tellement bien fait qu’il a fini par être vite adopté par la cité Gasconne. Aujourd’hui installé au cœur du dispositif de formation des prometteurs Jeunes « Rouge & Noir » de l’US Orthez, Antony peut aussi apprécier les charmes de ce beau département des Pyrénées Atlantiques, depuis lequel, pour son plus grand bonheur, montagne, plages et Espagne lui tendent les bras… Alors, bonne continuation Antony, et… Merci !
Bonjour Antony, le rugby et toi, ça a commencé comment ?
Cognac, Charente (16)
Je suis originaire de Cognac, ville qui a donné son nom au célèbre alcool produit dans la région… Et j’ai dû faire une ou deux tentatives à l’aviron avant de me mettre au ballon ovale, mais je me suis vite rendu compte que l’eau ne m’aimait pas et que j’avais plus d’avenir sur le pré !
A vrai dire, le rugby, j’en ai entendu parler à la maison depuis tout petit… Je me revois encore avec mon arrière-grand-père, mon grand-père et mon père (respectivement Henri, Bernard et Philippe… Anciens rugbymen et passionnés), devant la télé pour voir les matchs du Tournoi des V nations et les finales du Championnat de France. Et puis un jour, le cuir ovale m’a fait du pied, d’abord à l’école primaire, et ensuite très vite à l’US Cognac, où vers l’âge de 8 ans je prends ma première licence. Je me souviens de mon premier entraînement, compliqué, car je me suis retrouvé face à Sylvain Mirande, qui jouera plus tard en Top 14… Après avoir reçu un bon « timbre » administré par Sylvain, mon éducateur de l’époque, Jean-Michel Declide a essayé de me rassurer comme il a pu en me disant : « Ne t’inquiète pas, tu es tombé sur le pire ! ».
Et à partir de là, quelle route as-tu suivie en Ovalie ?
C’est en 3ème ligne aile que j’ai fait mon apprentissage rugbystique et mes classes Jeunes à l’US Cognac, qui reste mon club formateur, et avec lequel j’ai toujours participé aux différentes sélections du Comité Poitou-Charente en Minimes, Cadets et Juniors.
J’ai arrêté de jouer à 25 ans suite à des blessures à répétition qui ont fini par m’exaspérer, et c’est à ce moment là que j’ai décidé de me tourner définitivement vers une carrière d’entraîneur, pour finalement en faire mon métier. J’avais déjà commencé à m’engager dans cette voie dès l’âge de 16 ans avec les gamins, sous la protection de Julien Descoubes, responsable de l’Ecole de Rugby Cognaçaise à l’époque… C’est quelqu’un qui m’a énormément apporté dans ce domaine.
En 2009 je pars à Royan Saujon pendant une saison pour occuper un poste de Responsable des catégories Cadets et Juniors, puis à Barbezieux, au sud d’Angoulême, où je resterai 3 ans en tant que Responsable de l’Ecole de Rugby. En parallèle, j’ai aussi entrainé des sélections régionales U14 U16 et U26 du Comité Poitou-Charente, et fait quelques passages rapides à Marcoussis avec des jeunes.
Et puis en 2013, je rencontre par hasard Alain Suzan, le Président de l’US Orthez. Après avoir longuement échangé, il me propose un contrat d’un an pour m’occuper du Pôle Jeunes de son club, et aujourd’hui, 3 saisons plus tard j’y suis toujours aussi bien !
Si je te demande de me confier 3 « super souvenirs » de ton épopée rugby jusqu’ici… Tu me dis quoi ?
En tant que joueur, je garde en mémoire un match au tournoi du Super Challenge à Orthez… C’était en 1998, j’étais Minime à l’US Cognac, et nous avons battu le Stade Toulousain, qui comptait dans ses rangs Frédéric Michalak et Clément Poitrenaud… La saison d’après, ils étaient Champions de France au Parc des Princes avec les Cadets Toulousains. Cette victoire nous appartient, et personnellement j’en suis fier. Dans notre équipe jouait Krist Kopetsky, qui évoluera plus tard à l’UBB, Tarbes, Blagnac, Limoges, et qui joue aujourd’hui à Hong-Kong.
En tant qu’entraineur, je garde 2 souvenirs qui me sont très chers… Le premier avec les Minimes de Cognac, vainqueurs en 2009 du Tournoi Berland (un gros tournoi organisé chaque année à Cognac)… Certains de ces jeunes jouent aujourd’hui en équipe 1ère à l’US Cognac, comme par exemple l’arrière Jordan Crémoux, et l’équipe comptait également, entre autres, des garçons comme Eddy Roy ou Tanguy Garcia, mais également des filles !, comme Clémence Collin qui évolue aujourd’hui avec les POC’ettes de La Rochelle en Championnat Féminin de Fédérale 1.
Le second souvenir que je souhaiterais évoquer ici, c’est quand, il y a deux ans, les Minimes, Cadets et Juniors de l’US Orthez remportent le Challenge Aquitain, les Minimes à Marmande, les Cadets à Navarrenx et les Juniors à Hasparren … Sacré triplé, et belle reconnaissance pour les catégories Jeunes Orthéziennes !
Tout ça, certes, ce ne sont pas des histoires incroyables, mais elles m’ont vraiment marqué dans mon parcours personnel…
Tu es Responsable du Pôle Jeunes de l’US Orthez Rugby… Peux-tu nous le présenter dans les grandes lignes, et nous dire quelles sont les principales missions qui t’incombent ?
Notre Pôle Jeunes regroupe 7 catégories, divisées en 2 groupes :
D’abord l’Ecole de Rugby, forte de 120 jeunes et de 15 éducateurs… A ce stade, la mission principale est de travailler la technique individuelle, l’objectif étant que chaque joueur, en fonction de sa catégorie d’âge, puisse acquérir un certain niveau en la matière… Même quand on regarde le top du rugby français, on sait qu’on ne se trompe pas en insistant là-dessus… Je trouve que trop de joueurs français de haut niveau sont encore en retard dans le domaine de la pure technique individuelle (celle qui, par exemple, va te permettre, quel que soit le poste que tu occupes dans l’équipe, de bonifier une situation de jeu qui s’annonçait a priori défavorable) en comparaison avec d’autres grandes nations du rugby.
A priori, c’est une stratégie plutôt payante, et les résultats obtenus par notre Ecole de Rugby parlent en notre faveur… A l’US Orthez, nous « fabriquons » d’abord des joueurs de rugby, sans être obnubilé par la notion de poste… Un joueur costaud doit être capable de jouer de la façon la plus adaptée possible face à la situation qui se présente à lui, et non pas systématiquement sur son physique… Et le contraire est aussi valable !
Le second groupe rassemble la tranche d’âge des Cadets et Juniors… Là, nous allons rechercher la performance du joueur dans le collectif, mais sans jamais lâcher la formation (bien au contraire, nous continuons à être très exigeants), la finalité étant que chaque joueur puisse être capable d’intégrer notre groupe Seniors avec les meilleures dispositions possibles.
Dans le cadre de ma mission, je me rends également dans les écoles primaires de la ville d’Orthez et des alentours, 8 au total, en collaboration avec l’Inspection Académique. Nous travaillons sur des séquences de 6 séances de rugby (une de septembre à novembre, et l’autre d’avril à juin), et c’est un énorme succès… Les élèves et les enseignants attendent tous avec impatience le Tournoi des Ecoles qui aura lieu le 10 juin.
Tu fais partie de la grande famille de l’US Orthez Rugby… Raconte-nous un peu ce club ?
Orthez, Pyrénées-Atlantiques (64)
L’US Orthez est un club centenaire qui fête cette année son 116ème anniversaire… Et aussi son 40éme Tournoi International Minimes, qui vient de se dérouler tout récemment durant le week-end de Pâques. L’USO incarne des valeurs fortes que sont l’exigence, la réussite et la performance, mais aussi la convivialité, et notre Président Alain Suzan veille à ce que cela soit mis en place pas seulement au niveau des Seniors, mais sur l’ensemble du club.
Nous évoluons cette saison dans la poule 6 de la Fédérale 2, dont nous occupons pour l’instant le milieu de tableau. Le club a vécu une transition avec le départ de Philippe Ebel qui est parti coacher l’équipe nationale Belge, et l’arrivée aux commandes de Samuel Brethous, en provenance de Périgueux. La jeunesse de Sam et son expérience du haut niveau apportent un plus, et son rôle est diffèrent d’un entraineur traditionnel car il intervient avec moi dans la formation des éducateurs du club.
L’US Orthez a pour objectif de se situer dans le haut du tableau de la Fédérale 2, et bien sûr, notre public a hâte de nous voir retrouver l’étage supérieur, mais celui-ci, avec l’évolution du rugby moderne, est devenu très difficile d’accès, sportivement et économiquement. Et pour conclure, je dirai que ce club « Rouge et Noir » incarne bien le Béarn… Très joli, accueillant, mais difficile à apprivoiser… Comme le dit en Gascon la devise de la ville d’Orthez : « Toca-i si gausas »… Touches-y si tu l’oses !
L’US Orthez va organiser les 14 et 15 mai prochains la Finale du « Super Challenge de France »… Que peux-tu nous dire de cet évènement qui va rassembler les meilleurs Minimes Français ?
Le « Super Challenge de France » est une compétition organisée par 7 clubs historiques : Agen, Béziers, Brive, Clermont, Orthez, Toulouse et Toulon. Chaque club organise chaque année un tournoi, dont les 2 premiers sont qualifiés pour la grande finale du Super Challenge, qui se disputera donc en effet ici, chez nous à Orthez, en mai prochain. Je peux t’assurer que cette compétition est extraordinaire et qu’elle suscite énormément de jeu sur le terrain, et d’engouement autour du terrain ! Alors oui, bien sûr, ce cru 2016 est une année « spéciale » pour nous, puisque c’est à notre tour d’accueillir cette finale, qui tourne chaque année dans les 7 clubs à tour de rôle. L’année dernière, elle s’était parfaitement bien déroulée à Clermont, alors c’est sûr qu’on a un peu la pression, mais on peut compter sur notre chef d’orchestre, Alain Poeymiroo, Secrétaire Général de l’USO et également de l’association « Super Challenge de France », pour gérer cette affaire d’une main experte…
Parrainé par la bible jaune du rugby, « Midi Olympique », cet évènement va être l’occasion d’une grande fête pendant 2 jours au Stade Henri Cazenave à Orthez ! Les clubs qualifiés connus à ce jour pour l’édition 2016 sont : Agen, Béziers, Carcassonne, Colomiers, Grenoble, Perpignan, Racing, Toulon… Que des grands noms du rugby français! On saura prochainement quels sont les 10 autres clubs qui vont les rejoindre pour cette grande finale.
Tu es originaire de la Charente et tu vis depuis quelques années dans les Pyrénées Atlantiques… Qu’apprécies-tu le plus dans la région Orthézienne ? Si je viens te voir, on va manger où et quoi ?
Je suis arrivé à Orthez en août 2013, avec ma femme, Emilie, et mes enfants (Maeva, Lyzea et Louna… 3 filles !!), et nous avons découvert ici une autre façon de vivre, très agréable. Le Béarn est un beau pays, qui a vraiment le sens du festif et de la convivialité… Les fêtes de village sont des moments extraordinaires de communion entre les gens… Faire la fête est un art ici ! Et coté gastronomie, tu vas avoir le choix dans la région… Depuis le boudin béarnais à l’axoa de veau, en passant par le Jurançon et l’ossau-iraty (fromage de brebis), il y a de quoi manger ici, oui !
Ce que j’aime dans les Pyrénées, c’est la proximité de la montagne (c’est l’un des endroits que j’apprécie le plus car il me permet de m’échapper et d’évacuer tous les tracas de la vie), mais aussi des plages basques et de l’Espagne… Depuis Orthez, nous ne sommes qu’à 1 heure de route de Gourette (station de sports d’hiver), des plages de Biarritz, ou encore d’Arneguy et ses Venta Peio (magasins qui sont à la frontière espagnole)… Que demander de plus ?
Antony, nous te souhaitons la bienvenue dans la « Mêlée Puissance 15 », et comme c’est la règle chez nous, tu dois maintenant passer le ballon… Ce sera vers qui ?
Je commence à connaitre pas mal de monde dans le rugby avec qui je partage cette passion intense du ballon ovale, alors il y a beaucoup de personnes à qui j’aurais envie de faire la passe… Mais puisque je ne peux en faire qu’une, je vais envoyer le ballon dans mon club formateur… L’US Cognac… A l’intention de Romain Ferrand, qui est Responsable des catégories Jeunes là-bas…
Et si on se quitte en chanson, tu nous fais écouter quoi?
Dans ce cas, je te propose qu’on écoute « Hegoak », un célèbre chant basque que j’aime bien.
Hegoak
Interview : Frédéric Poulet
Photos : Photo de « Une » d’Antony et d’Antony à la montagne : AB / Photos Rugby d’Antony : Archives d’Antony / Antony à Barbezieux : Lise A.
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