Jeudi - 21 Novembre 2024

Hervé Graulier / Entraîneur de l’Equipe I de l’AUC Rugby


Comme beaucoup d’entre nous, cet homme considère que le rugby est un excellent guide dans la vie. Il faut dire que la balle ovale, il ne pouvait guère passer à côté dans son village natal de Corrèze, Naves, dont vous apprendrez plus bas que le club de rugby détient un record mondial pour le moins surprenant…

Et en arrivant à Aix-en-Provence il y a maintenant un bon bout de temps pour y terminer ses études, Hervé Graulier a sacrément bien fait de « suivre le guide » qui lui a fait croiser la route de l’AUC Rugby. Une belle rencontre, dans la plus pure tradition du rugby amateur, où une valeur règne en maître parmi toutes les autres : l’Amitié… Merci Hervé !

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Bonjour Hervé, c’est en 1999 que ta route a croisé celle de l’AUC Rugby… Comment s’est effectuée cette rencontre, et quel avait été jusque là ton parcours dans le monde du rugby ?

panneau navesJ’ai commencé le rugby à 8 ans, et je n’ai eu qu’un club dans ma vie avant d’arriver à l’AUC, c’est le Naves Athlétique Club (N.A.C.), club corrézien qui évolue en Honneur dans le championnat régional du Limousin. Naves, dont je suis originaire, est un village qui se situe à 7 kms de Tulle et à 35 de Brive.

logo nsl 2Il y a toujours eu une très belle, très active et très performante école de rugby à Naves, qui en fait s’est regroupée avec celles de Seilhac et Lagraulière (rien à voir avec mon nom de famille !), 2 villages voisins, pour donner naissance à « l’entente N.S.L. » (Naves Seilhac Lagraulière), qui gère les catégories U6 à U18. Je me souviens qu’à l’époque, on damait le pion au C.A. Brive, et on est arrivé 3ème au Super Challenge Minimes de Béziers en 1990. J’en profite pour saluer tous mes amis de Naves, et un clin d’œil particulier à « Gégène » Lacroix, un entraîneur qui nous a suivis pendant des années dans plusieurs catégories.

Le N.S.L. organise depuis longtemps un « Tournoi des V(I) Nations » en catégorie Minimes, et ce club détient le record mondial du match de rugby à 7 le plus long : plus de 24 heures (24h 15mn 10 s pour être précis !), au cours desquelles toutes les catégories du club se sont relayées sur le pré (et à la buvette).

logo naves rugbyAprès les catégories Jeunes au N.S.L. (avec juste une pige d’un an en Juniors à Tulle), bien que je fasse mes études à Toulouse, je suis toujours resté fidèle à mon village et au Naves Athlétique Club, où je rentrais les week-ends pour jouer en 1ère, en « Rouge & Noir », au poste de 3ème ligne aile.

 

Et puis la fin de mes études m’a amené à Aix-en-Provence en 1999, où j’ai obtenu un DESS Economie du Tourisme… Je suis arrivé un samedi, le jour même je rencontrais Adrien Laborde, le Président d’alors, en lui disant que je ne cherchais pas d’argent (ça tombait bien !), mais avant tout un « esprit » (ça tombait bien aussi !), et le mercredi suivant j’étais à l’entraînement à l’AUC Rugby…

 

Voilà donc 16 ans que tu œuvres sous les couleurs « Jaune & Noir » de l’AUC, dont tu diriges l’Equipe première depuis 2 saisons… Quelles ont été les étapes dans le club qui t’ont amené à cette responsabilité ?

Hervé Graulier - visage victoire thuirA l’époque je suis arrivé dans un club de séries régionales disposant de peu de moyens et où beaucoup de choses étaient à construire, mais dans lequel il y avait beaucoup d’amitié. On s’entraînait au Stade de la Molière, qui est un stade de foot, on n’avait pas de club house attitré et, pour boire un coup après l’entrainement, on squattait dehors, sous des loupiotes, à côté des poubelles… Avant que petit à petit on commence à aller « Chez Mus », chez qui on est monté en puissance au fil du temps !

J’ai fait une dizaine de saisons en tant que joueur, durant lesquelles on a atteint le niveau Honneur, jusqu’à une blessure fatale où mes croisés ont fait une sortie de route. Et comme je n’arrivais pas à couper les ponts avec le club, j’ai entamé une reconversion en tant qu’entraîneur, un peu par hasard.

En effet, la Coupe du Monde 2011 avait amené beaucoup de nouveaux joueurs au club (des débutants, des anciens, etc…), et la I et la B étant surchargées en effectifs, j’ai commencé à m’occuper des nouveaux arrivants pour donner un coup de main à Philippe Laborde et Lionel Lagrange… Voilà comment j’ai mis le doigt dans l’engrenage, aux manettes de l’Equipe C, qui est devenue aujourd’hui, quelques années plus tard, une vraie équipe «Loisir».

Du coup, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur, et j’ai pris en charge l’équipe Juniors avec Pascal Pontarasse, avant de prendre ensuite la B avec Christophe Gay, puis, depuis 2013, l’Equipe I, avec Eric Saliès (une saison), Guillaume Marque et Chris Wyatt.

 

Si tu devais nous confier 3 souvenirs particulièrement forts que tu as jusque là dans ton parcours avec l’AUC Rugby, que ce soit en tant que joueur ou en tant qu’entraîneur, quels sont ceux qui te viennent les premiers à l’esprit ?

Chronologiquement, le premier souvenir, c’est le premier match que j’ai fait avec le maillot de l’AUC, contre Vaison-la-Romaine ! Adrien Laborde, l’ancien Président, jouait encore à l’ouverture. On me fait rentrer à la mi-temps, ça engage sur moi et… Je fais un en-avant de 4 mètres ! Superbe entrée dans le club…

Ensuite, bien sûr, le magnifique parcours en 2011, avec les « chiens poubelles », qui nous a emmené jusqu’en ½ finales du Championnat de France Honneur, qu’on perd de justesse contre les futurs Champions de France…. AJDE !! (ndlr: pour la traduction, demandez à l’intéressé…). Je n’étais plus joueur, ni tout à fait encore entraîneur, et c’est depuis le banc et en tant que porteur d’eau que j’ai vécu ça… Ex-tra-or-di-naire !

Hervé Graulier - victoire thuirEt puisque je n’ai droit qu’à 3 (il y en a beaucoup d’autres !), le dernier souvenir que j’évoquerai, c’est celui d’un « pacte » qui s’est scellé au mois de janvier dernier dans un certain vestiaire et qui a changé notre saison. Les protagonistes sauront de quoi je parle… Un moment fort de ma vie d’entraîneur, et de ma vie tout court à l’AUC Rugby.

 

Toi qui connais bien ce club, de quoi est fait son ADN ?

SUPERMAN AUCD’abord, et c’est tellement rare qu’il faut le souligner, ce qui caractérise l’AUC Rugby, c’est que c’est un vrai club « amateur », au sens noble du terme. Contrairement aux équipes que l’on rencontre tous les dimanches, il n’y a pas un joueur chez nous qui touche un centime.

Du coup, on est dans un certain état d’esprit, celui que j’ai personnellement toujours connu depuis mon entrée dans le rugby dans mon village de Corrèze, qui permet à l’amitié de réellement s’installer. C’est l’un des rares espaces qu’il nous reste, où l’argent n’est pas en jeu dans les relations humaines.

Est-ce qu’on arrivera à tenir encore longtemps dans l’avenir avec ce fonctionnement là ?… Je ne peux que l’espérer, même si on se rend bien compte des limites qui nous sont imposées par le « système ». La seule chose dont on est sûrs jusqu’à présent, c’est que les joueurs qui nous rejoignent, ce n’est pas pour l’argent qu’ils le font.

Et en tout cas, ce qui est certain, c’est que ce fonctionnement de pur amateurisme n’empiète en rien sur l’esprit de compétition qui nous anime… Notre envie de gagner et de nous surpasser contre des armadas parfois mieux équipées, est bien notre moteur.

 

Après toutes ces années de pratique et de vie « dans » le rugby, qu’est-ce qui finalement te touche le plus dans ce sport ?

Sans hésitation aucune… Les Hommes, ce qui reste « après le ballon »…

Je suis souvent émerveillé de voir ce que sont capables de faire certains rugbymen ou anciens rugbymen dans leur vie de « tous les jours », en dehors des terrains de rugby, au service du collectif, que ce soit dans le monde professionnel ou dans le monde associatif. Par exemple, je connais plein de gens à l’AUC qui s’investissent pour les autres, en « périphérie » du rugby, pour traverser la vie ensemble… Oui, notre sport est vraiment un bon guide sur le chemin de la vie, et ça, ça me fait vibrer !

La relation entre tous les acteurs de l’AUC Rugby est d’ailleurs le fondement du « Cercle Ovale », l’amicale du club qu’on a créée il y a quelques saisons, et qui cette année est présidée par Grégory Varagnol.

 

Quel métier exerces-tu, et en quoi consiste-t-il ?

logo ariiBasé à Marseille, je travaille à l’Agence Régionale pour l’Innovation et l’Internationalisation (ARII) des entreprises. Notre mission est de créer des conditions favorables pour booster le développement économique et l’attractivité de la Région PACA, autour de filières majeures telles que l’aéronautique, le naval, l’énergie, le numérique, le tourisme, etc…

Au quotidien, je côtoie à la fois des institutionnels (Etat, Collectivités Locales, CCI, Pôles de compétitivité, etc…) et des entreprises (des grands groupes industriels, mais aussi quantité de PME innovantes) dans le cadre de projets économiques « structurants » que nous coordonnons et rendons « visibles ». Parmi tous les projets que nous gérons, pour n’en citer qu’un, je citerai par exemple le projet « Henri Fabre », qui concerne toute la filière mécanique, matériaux et procédés autour des activités d’Airbus Helicopters, avec un cœur de zone situé à Marignane.

 

Tu es né en Corrèze, et tu vis dans les Bouches du Rhône… Qu’as-tu perdu en quittant le Limousin, et qu’as-tu gagné en t’installant en Provence Alpes Côte d’Azur ?

Ecole de Naves - Wikimedia - Pymouss

L’école primaire de Naves… Celle d’Hervé !

En quittant la Corrèze, j’ai certainement perdu un brin de douceur de la vie rurale, loin des tracas et du stress de la vie urbaine. J’ai perdu ce contact de « proximité humaine » de Naves : là-bas, le cœur du village, c’est le bistrot, et on connaît tout le monde (avec l’inconvénient parfois que tout le monde connaît tout sur toi !)

Ce que j’ai gagné en arrivant dans l’agglomération Aix-Marseille, c’est d’être dans une autre dimension, en particulier dans le domaine professionnel. Il y a ici un dynamisme qui me plaît beaucoup. Et pour moi, le rugby a été un magnifique facteur d’intégration dans la région, il a énormément contribué à m’y sentir bien.

 

Y-a-t-il une chanson ou une musique que tu aimes particulièrement et qui pourrait accompagner ton portrait « Puissance 15 » ?

Ce sera « Les copains d’abord »… C’est une chanson qui colle vraiment à l’AUC Rugby !


ICONE-VIDEOGeorges Brassens – Les copains d’abord


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Site Internet de l’AUC Rugby


ICONE-CREDITSInterview : Frédéric Poulet
Photos : Hervé Graulier entraîneur : Xavier Faugère / Portrait « Une » d’Hervé : FP / Ecole Naves : Wikipédia – Pymouss


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