Il y a très longtemps que cet homme a quitté sa Yougoslavie natale, pour venir arpenter de long en large l’Ile de France et l’Essonne, appareil photo en main.
Et parmi les innombrables sujets qu’il a immortalisés durant toutes ces années, c’est certainement pour les sportifs, tous les sportifs, et en particulier ceux de « l’ombre », que Bata Gluvacevic cultive la plus grande affection…. A tel point que pour leur rendre hommage, il leur dédie une plateforme, « Essonne, la sportive », sur laquelle, entre autres, on retrouve, bien entendu, les rugbymen de Massy… Merci Bata !
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Bonjour Bata, originaire de Yougoslavie, c’est en 1967 que vous découvrez la France et que vous décidez de ne plus jamais la quitter. Bien des années plus tard, lorsqu’on vous croise, votre appareil photo n’est jamais bien loin. Mais, avant d’arpenter les terrains de sport essonniens avec lui, quelles ont été les grandes étapes de votre parcours ?
J’avais 22 ans quand je suis arrivé en France, et j’ai eu la chance inouïe, par l’intermédiaire d’un copain, d’intégrer une agence de presse parisienne (beaucoup se sont créées à cette époque), qui s’appelait APIS (Agence de Presse Image et Son), qui était dirigée par François Granier, et dont sont issues entre autres les agences Sygma et Gamma. J’avais déjà acquis de bonnes notions de photographie en Yougoslavie, et on m’a donné ma chance… J’ai tout de suite été passionné par ce nouveau métier !
J’ai ensuite travaillé pour plusieurs agences de presse, et puis pour des raisons administratives, j’ai dû aller faire mon service militaire en Yougoslavie. A mon retour en France, je me suis marié, et nous nous sommes installés à Massy. J’ai continué à travailler dans le secteur de la photo et de la presse, et j’ai notamment travaillé pendant des années pour le journal « Le Républicain de l’Essonne », un hebdomadaire essonnien. J’ai également été pendant des années le représentant officiel de la Télévision yougoslave en France.
Quels sont les souvenirs ou les anecdotes les plus marquants que vous gardez de toutes ces années durant lesquelles vous avez donc « immortalisé » quantité d’évènements ?
Incontestablement, le premier évènement marquant pour moi a été Mai 68. J’étais en France depuis peu et, compte tenu du régime du pays d’où je venais, c’était la première fois de ma vie où je voyais des manifestations et des confrontations de rue d’une telle ampleur. J’ai couvert l’évènement avec tous mes collègues, parfois dans des conditions très précaires, on ne dormait pas beaucoup à cette époque !
Le deuxième est plus « joyeux » : c’était le premier reportage que je faisais pour l’agence… Le mariage de Charles Aznavour ! Sur le coup, j’étais tellement ébahi par tout ce que je voyais, et tellement subjugué par les stars que j’avais autour de moi, que je n’ai fait que 2 ou 3 photos… maigre butin pour un apprenti reporter photographe ! Je vivais un rêve éveillé, et heureusement qu’un collègue de l’agence était là aussi, lui n’a pas oublié de faire des photos…
Le troisième évènement, qui m’a énormément marqué, c’est la dislocation de la Yougoslavie, que j’ai vécue depuis la France, mais de très près quand même car je travaillais alors pour la télévision yougoslave et j’étais donc en relation permanente avec l’actualité du pays… Compte tenu de mes origines et de ma propre histoire, ça a bien sûr été une période très éprouvante et bouleversante pour moi.
Vous êtes aujourd’hui retraité, mais vous ne voulez pas entendre parler de retraite… Et la passion vous a amené à créer en octobre dernier la plateforme « Essonne, la sportive », accessible sur www.sportsenessonne.fr. Que retrouve-t-on-sur cette plateforme, pourquoi, et pour qui, l’avez-vous créée ?
Durant toute ma carrière, j’ai couvert énormément d’évènements sportifs, notamment pour le compte du « Républicain de l’Essonne ». Ca m’a permis de sympathiser avec beaucoup de sportifs, dont la très grande majorité n’a pas le statut de « vedette », et qui ne sont que trop rarement et trop furtivement mis à l’honneur.
Avec le site « Essonne, la sportive », qui existe depuis octobre 2014, mon objectif est donc de mettre sous les feux des projecteurs le plus grand nombre de ces « sportifs de l’ombre » qui se démènent tous les week-ends sur les stades et dans les salles de sport, au niveau qui est le leur, au même titre que les stars du sport… Cette plateforme, c’est avant tout pour eux et tous les bénévoles qui gravitent autour, que je l’ai créée.
Mon idée est d’inviter quelques autres photographes à me rejoindre pour alimenter cette banque d’images, ce qui permettra de couvrir encore plus d’évènements sportifs en Essonne.
Le Rugby Club Massy Essonne est une place forte du sport essonnien, et nous sommes entrés en contact par son intermédiaire… Depuis quand le « suivez-vous » de près, et qu’est-ce que vous aimez le plus dans ce club ?
En fait, j’ai suivi le Rugby Club Massy dès que je suis arrivé à Massy, il y a maintenant de nombreuses années, car j’ai été aussi photographe pour la Ville de Massy, et à ce titre, j’étais en contact avec toutes les associations massicoises, dont, bien entendu, le rugby.
Mais c’est à partir des années 2000, sous l’ère « Tingaud », et l’arrivée du professionnalisme, que je me suis mis à suivre le RCME vraiment de près, et que je suis devenu dans les faits le photographe du club. J’assistais à tous les matchs, à domicile et à l’extérieur, et ça m’a permis d’avoir des relations privilégiées avec tous les acteurs du club.
Ce que j’aime dans ce club, c’est que, bien qu’il soit entré dans la voie, obligatoire, du professionnalisme, il a su garder son esprit de famille et de bénévolat, qui fait l’âme des clubs amateurs.
Si parmi toutes les photos du RCME que vous avez faites, vous devriez nous en montrer 2, ce serait lesquelles ?
Puisqu’il faut bien faire un choix dans tous ces souvenirs et ces clichés, je sélectionne 2 moments de grande joie pour le club, ceux des 2 montées en PRO D2 :
Et comme vous êtes bien placé pour savoir qu’il n’y a pas que du rugby dans le « 91 »… Quels sont les autres sports principaux auxquels vous vous intéressez et que vous mettez à l’honneur sur la plateforme « Essonne, la sportive » ?
Si on reste à Massy, il y a bien sûr le hand-ball, qui évolue aussi en Pro D2. Je connais très bien le MEHB (Massy Essonne Hand Ball) car j’ai moi-même fait partie du club. A l’instar du rugby, il y a un super esprit dans ce club et il y a d’ailleurs beaucoup de connivence entre les handballeurs et les rugbymen massicois.
Ensuite il y a les Féminines Foot de Juvisy, elles sont dans le haut du tableau de la D1, derrière les intouchables Lyon et PSG. En basket, on suit les garçons de Juvisy et les filles de Palaiseau. On suit également le tennis de table (Draveil et Viry-Châtillon), le foot masculin (Fleury Merogis, Viry-Châtillon, Evry), le hockey-sur-glace (Evry et Viry-Châtillon), le water-polo (Montgeron), le basket handisport (Corbeil), le roller in line, les courses pédestres, le trial, bientôt la gymnastique, etc… Le sport ne manque pas en Essonne !
Enfin, si un jeune, désireux de devenir reporter ou photographe sportif, vous demandait quelques conseils pour pouvoir exercer au mieux ce métier, vous lui diriez quoi ?
Je lui dirai que c’est un beau métier, pour lequel il faut avoir obligatoirement la passion du sport (quelles que soient les conditions climatiques parfois !) et également beaucoup de patience, car le chemin peut être long. Il faudra donc qu’il sache garder intacte sa motivation.
Site Internet de « Essonne, la sportive »
Interview : Frédéric Poulet
Photos : : Photos Sport : Bata Gluvacevic / Autres photos : Fotolia
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