C’est avec un plaisir immense que nous accueillons Lydie Arickx-Bianchi dans notre « mêlée Puissance 15 », et que nous tentons avec elle, pour la première fois, une percée à l’extérieur des terrains de Rugby. C’est vrai quoi… Le Rugby c’est bien (et même très bien), mais il n’y a pas que ça dans la vie ! Il y a, tout près de nos stades, parfois cachés, mais jamais inaccessibles, une multitude de talents. Il suffit juste de les débusquer !
Lydie est une artiste peintre-sculpteur internationalement reconnue, elle vit à Angresse, à quelques encablures de Saint-Vincent-de-Tyrosse. C’est par l’entremise de Michel Duffranc que nous l’avons rencontrée chez elle, en compagnie d’Alex, son mari, et de César, leur fils. Elle nous a dit que son premier atelier, ce fut le ventre de sa mère… Lydie ne pouvait décidément rien faire d’autre que d’être artiste. Rencontre avec une femme « vraie » et sincère, qui connaît les Landes depuis toujours et les aime profondément… Merci du fond du cœur Lydie !
Côté Arts
Bonjour Lydie, merci de nous accueillir ici, à Angresse, dans votre univers, en compagnie d’Alex, votre mari, et de César, votre fils. Dites-nous, d’après vous, est-ce que l’on naît artiste, ou est-ce qu’on le devient ? Pour vous, ça c’est passé comment ? Racontez-nous quand et comment vous avez rencontré votre art pour la première fois…
Je pense que c’est comme pour tous les métiers à vocation… Pour moi être artiste était le seul et unique métier que je pouvais, que je devais faire. C’était le métier qui était fait pour moi et dans lequel j’ai plongé parce que je savais nager dans cette mer là, et pas dans une autre. Et quand je dis « plongé », il s’agit vraiment de ça, car mon premier atelier, ça a été le ventre de ma mère. C’est comme si j’étais née avec dix bras, et avec autant de pinceaux dans les mains.
Et à partir de là, quelles ont été les grandes étapes du chemin que vous avez parcouru avec la peinture et la sculpture ?
J’étais très nulle à l’école, et mon seul moyen de communiquer c’était le dessin. J’ai donc commencé à dessiner et à peindre très tôt, avec énormément de plaisir, et la sculpture est venue très vite après, vers l’adolescence. Mes parents ne voulaient pas que je fasse artiste, car cela n’avait pas très bonne réputation à l’époque, mais ils ont toléré que je m’inscrive dans une école de Pub à Paris, l’école ESAG Penninghen.
J’y ai passé 4 ans en ayant toujours le sentiment de ne pas être sur mes « bons » rails, mais en fin de cursus, Roland Topor a remarqué et a été sensible à mon travail, et il m’a dit : « Tu ne dois pas faire de pub, tu dois être artiste et tu dois rentrer dans une galerie ». Et c’est lui qui m’a fait rencontrer la Galerie Jean Briance, qui a été ma première galerie. Ca a fonctionné tout de suite, et tout le reste s’est enclenché par la suite.
Quelles sont les sources de l’inspiration qui guide votre Oeuvre globale ? Et quelles sont les œuvres, les artistes, les maîtres qui vous émeuvent particulièrement ?
Ma propre source d’inspiration, elle est simple, c’est la Vie, c’est l’Homme… l’Homme dans tous ses états. Et j’aime tous les artistes, vraiment, je ne peux pas dire qu’il y en a un que je préfère à un autre. J’aime l’Art en général, toutes les formes d’arts me passionnent et m’apportent des choses, surtout celles qui partent du corps, et je suis bouleversée chaque fois que je suis en présence de quelque chose de vrai et de sincère.
Expo Corpusculaire à Biarritz en mai 2014
Parmi toutes les œuvres que vous avez réalisées, y-en-a-t-il une que vous portez plus spécialement dans votre cœur ?
Je porte bien sûr toutes mes œuvres dans mon cœur, c’est comme si on demandait à quelqu’un : « Lequel de vos enfants préférez-vous ? »… On les aime tous car il n’y en a jamais deux pareils. Mais je vais quand même vous parler de « La Résurrection », car c’est une œuvre avec laquelle j’ai beaucoup « bataillé »… Je me suis battue avec elle, elle s’est battue avec moi. Je crois qu’il y a toute l’histoire de l’Art dans ce tableau que je ne vends pas d’ailleurs, mais que je garde, car il fait référence à un moment qui m’a beaucoup fait bouger.
On peut penser que pour toute œuvre, il y a le temps de l’inspiration, puis celui de la création, puis celui de l’exposition… Comment les vivez-vous, chacun de ces 3 temps ?
Je suis tout le temps « dedans, en train de… », je suis complètement immergée dans un monde qui m’éclate vraiment, que je partage avec beaucoup de monde, ma famille, mes amis, les galeries (notamment la galerie Capazza qui est ma galerie), et toutes les personnes qui s’intéressent à ce qu’on fait. Tous ces gens « du premier cercle » m’aident aussi à réaliser mes œuvres, car le regard qu’ils portent sur elles est très important pour moi.
Ensuite, plus tard, il y a en effet le temps de l’exposition, et là c’est complètement une autre histoire, très importante aussi. C’est le contact avec le public, à nouveau le regard de l’autre, et ce regard là, c’est lui qui fait l’œuvre aussi…
L’artiste immergée
Finalement Lydie, qu’est-ce que vous aimez le plus dans l’exercice de votre art ?
De quoi lui êtes-vous le plus redevable ?
Je lui suis redevable de vivre, tout simplement… Je le pratique parce que je vis, et je vis parce que je le pratique. La peinture et la sculpture, c’est ma manière de respirer, c’est quelque chose qui part du corps, mais qui le nourrit intérieurement en même temps. Il m’arrive de faire une pause de temps en temps, parfois de quelques mois, et dès que je me remets au travail, je recouvre aussitôt une sorte de santé « physique », un équilibre.
La flauta magica
Côté Territoire
D’où êtes-vous originaire, et quelle est l’histoire de votre rencontre avec les Landes et Angresse ?
Je suis d’origine Flamande, par mes parents. Je suis née en région parisienne, mais j’ai grandi à partir de 6 ans dans les Landes. J’y ai donc passé toute mon enfance et mon adolescence, et j’y suis maintenant revenue depuis une vingtaine d’années, car c’est un endroit que j’aime énormément… Un endroit fort, qu’il faut « apprivoiser », à tous les niveaux, y compris des gens. En général, les landais sont plutôt discrets, ils aiment la simplicité.
C’est un peu comme notre culture, la culture des asperges, la culture des pins, ce sont des cultures un peu particulières, que l’on ne trouve pas partout. Nous sommes ici dans une région neuve et forte, avec son océan, ses grandes forêts de pins, ses grandes vastitudes… avec un côté mystique. Moi j’aime beaucoup la région des Landes, c’est ma région.
Quels sont les lieux que vous y aimez particulièrement ?
J’adore notre lieu de vie à Angresse, j’adore ce qu’on a fait de cet endroit qui était la maison de mes parents. Même si je suis toujours très curieuse de découvrir de nouvelles choses, j’aime les parfums d’ici, la lumière du soir qui descend en s’infiltrant à travers les pins.
Le lieu de vie de Lydie Arickx
Hormis les Landes où vous résidez, quelles sont vos autres régions de cœur ?
L’île de La Réunion est un endroit où j’adore aller et où j’adore retourner… Elle me manque quand je n’y vais pas. Les gens là-bas sont merveilleux, gentils, vrais, simples, c’est exactement ce que j’aime dans les rapports humains. Ils se contentent de ce qu’il y a autour d’eux, et comme moi ici je le fais dans mon métier, ils vivent là-bas avec ce qu’ils ont à leurs pieds. J’aime la diversité de cette île qui est très apaisante et très nourrissante… Après les Landes, c’est mon deuxième endroit préféré !
L’île de La Réunion recèle d’innombrables joyaux
Côté Rugby
Puisque c’est à l’US Tyrosse Rugby Côte Sud que je dois de vous avoir rencontrée, dites-nous, Lydie, vous avez un lien, vous, de près ou de loin, avec le Rugby ?
Quand j’étais jeune, j’allais au stade voir les matchs à Saint-Vincent-de-Tyrosse… Et j’ai même joué au Rugby avec les garçons, j’adorais ça! Le Rugby, c’est notre culture ici, il est partie intégrante de notre patrimoine, de notre histoire. Le Rugby a un côté festif, et en même temps il est « vrai », fraternel, il fait corps avec les Landes.
Lydie, merci beaucoup pour ce superbe instant passé avec vous. Et je n’ai pas le droit de vous quitter sans vous demander s’il y a une musique ou une chanson que vous aimeriez que nous écoutions ensemble, juste là…
Alors ce serait peut-être « Seventeen seconds », des Cure, pourquoi pas… .
The Cure
Interview par Frédéric POULET
Photos Lydie Arickx : Alex Bianchi
Photos Landes et Ile de La Réunion : Fotolia
Isabelle
Belle rencontre avec Lydie Arickx qui au travers de ses mots, de ses œuvres et de son lieu de vie nous fait partager simplement son art, et mieux comprendre (enfin je crois) son univers et sa sensibilité. Du coup, au delà même du pourquoi et du comment, j’aime !