Non, vous ne rêvez pas, c’est bien le Gwen-ha-Du qui flotte sur le mont Eden à Auckland, avec au loin le mythique Eden Park ! Et oui, c’est Alain Berthe, Président du Rugby Club de Vannes de 1993 à 2011, que nous accueillons aujourd’hui avec grand plaisir dans notre mêlée ouverte des « Anciens Présidents ».
Voilà 50 ans ( !) que ce « pur produit Vannetais » traîne ses guêtres (et ses crampons !) au RC Vannes, club qu’il connaît par cœur et avec qui il a, au fil des ans, connu l’ascension dans la hiérarchie du Rugby français…Au point d’en être aujourd’hui un pensionnaire quasi-incontournable du « Jean Prat », antichambre de la PRO D2. Suivez-nous sur la piste de ce Breton amoureux de sa Bretagne, de son Pays de Vannes et de son Rugby, qui se joue là-bas en bleu et blanc… Trugarez, Alain !
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Côté Rugby
Bonjour Alain, alors pour toi, ça a été quand ta « première fois » avec le Rugby ? Et dans quelles circonstances ta route a-t-elle croisé celle du Rugby Club de Vannes ?
Le Rugby est venu à moi (à moins que ce soit moi qui sois venu à lui…) par hasard à l’âge de 16 ans ! Au lycée, un copain de classe faisait du Rugby au RC Vannes, qui était alors un club balbutiant, composé à l’époque essentiellement de militaires. Il m’a entraîné avec lui…et j’y suis resté !
Du coup, j’ai vraiment le sentiment que la route du RCV et la mienne ne se sont jamais croisées, puisque depuis plus de 50 ans, ce sont les mêmes !
Bien, voyons si cet ami a bien fait de t’emmener au RC Vannes… Après cette entrée en matière à l’adolescence, il se passe quoi ensuite entre le ballon ovale et toi ?
Ah… c’est finalement une longue histoire ! : joueur pendant 20 ans (de 17 à 37 ans) au RC Vannes, avec le n° 15 (qui reste quand même « le meilleur endroit pour voir le match sans payer ! »), en Honneur régionale, puis en Fédérale 3.
Je suis également dirigeant du club depuis l’âge de 24 ans, sans interruption. Président par intérim en 1993 (un intérim qui durera en réalité 18 ans !), j’ai eu l’immense joie de connaître à ce poste la montée du club en Fédérale 2, puis en Fédérale 1… .
J’ai aussi été co-entraîneur des seniors pendant 2 années, arbitre pendant 2 ans également et, depuis ma retraite professionnelle, je donne un coup de main comme « éducateur stagiaire » à l’école de rugby, auprès des U 11… .
Ah oui quand même ! Donc, on te confirme Alain : il a vraiment bien fait, ton copain d’enfance, de t’emmener au RC Vannes ! Dis-nous, dans cette vie de Rugby hyper active, quels bons moments, là, tout de suite, tu pourrais nous faire partager ?
En tant que joueur, c’est la montée en Fédérale 3 en 1969… et la remontée en 1980. En tant que président, je citerai la montée en Fédérale 2, en 1997, avec dans l’effectif 15 joueurs issus de l’école de rugby vannetaise, puis la montée en Fédérale 1 en 2006. Moment historique, puisque nous sommes les premiers Bretons à nous être hissés à ce niveau.
J’évoquerai également la belle aventure des juniors Reichel B en 1999, qui sont allés jusqu’en finale (hélas perdue de très peu…). Et puis, la belle, l’immense victoire à Sapiac devant Montauban en 1/8éme de finale du Jean Prat 2011. Nous avions perdu de 2 points à l’aller à Vannes, et nous gagnons de 3 points au retour, à Montauban… Quel coup de tonnerre dans le monde du rugby !!!
J’ai aussi eu la chance d’assister, avec le Comité directeur de la FFR, à quelques matchs internationaux, dont la fameuse victoire de la France contre les All Blacks à Cardiff en ¼ de finale de la Coupe du Monde 2007.
Aujourd’hui, quelle relation gardes-tu avec le RC Vannes, et toi qui connais ce club depuis si longtemps, qu’est-ce qui en fait sa « marque de fabrique » ?
Je reste dirigeant, membre du « bureau exécutif », et en quelque sorte, je suis le « vieux sage », le gardien des valeurs du club. Celles-ci sont empreintes de solidarité et d’enthousiasme, dans un environnement parfois difficile : Vannes et la Bretagne sont une terre de football, et nous, rugbymen, sommes toujours sur une terre de mission, avec une mentalité de « pionniers »… L’image des « irréductibles gaulois » nous colle bien à la peau.
Si on laisse de côté 30 secondes (pas plus, promis !) le RC Vannes… quels sont les autres clubs pour lesquels tu as une certaine affection, et les joueurs qui t’ont fait vibrer ?
Outre les 3 autres clubs historiques du Réseau Puissance 15 (Massy, Tyrosse et Gap), j’admire particulièrement La Rochelle et son emblématique Président, ainsi que Toulouse, pour sa qualité de formation de joueurs, essentiellement du cru. Mes joueurs préférés restent Pierre Villepreux et Serge Blanco, mes modèles en n° 15, et Philippe Sella pour sa réussite sportive et professionnelle.
Pierre Villepreux
Serge Blanco
Philippe Sella
Finalement Alain, qu’est-ce que tu aimes vraiment dans le Rugby ? De quoi lui es-tu redevable ?
Indiscutablement, c’est le caractère collectif et solidaire du jeu qui m’a toujours attiré dans le Rugby. Je pense que c’est le sport le plus collectif qui soit, dans lequel l’individu, même s’il est le meilleur du monde, doit forcément compter sur tous les autres.
C’est aussi une « famille » dans laquelle tout le monde, de tout âge, de toute origine, de tout niveau social se côtoie : joueurs, supporters, dirigeants, hommes, femmes, enfants… . Oui, je peux vraiment dire que c’est un sport qui m’a formé. Il m’a apporté autant que ma formation scolaire, universitaire et professionnelle.
Il m’a fait côtoyer des gens d’horizons différents, mais tous animés par la même passion pour cette balle ovale.
Selon toi, quels sont les grands changements qui se sont opérés dans le Rugby ces dernières années ?
Il ne fait nul doute que le professionnalisme a fait changer la nature de notre sport. Nous sommes passés, et je le déplore, d’un sport d’évitement à un sport d’affrontement, favorisé par des règles qui tolèrent le « rentre-dedans », même quand on n’a pas le ballon !!! Parfois, cela m’effraie et je regrette les belles envolées du Rugby que je pratiquais… .
Tu étais partie prenante lors de la « version 1 » de Puissance 15 puisque tu étais à l’époque Président du Rugby Club Vannetais. Qu’en retiens-tu, et comment perçois-tu aujourd’hui la « relance » de ce concept ?
Mes meilleurs souvenirs, ce sont nos rencontres annuelles, l’occasion de partager avec des amis venus des 4 coins de France, en particulier avec les Tyrossais et les Massicois, que nous avons aussi depuis croisés sur le « pré » en Fédérale 1 au cours de matchs qui ont toujours, forcément, une saveur particulière.
Et puis les bons moments passés à Vannes, autour du Golfe du Morbihan (à chaque fois que je vais à L’île aux moines, je pense à vous…). Je retiens surtout l’amitié qui est née entre nous et les points de vue que nous avons pu comparer notamment dans la gestion de nos clubs.
Alors, la « relance » ?: comme sur le terrain, les relances depuis l’en but sont les plus difficiles, mais, quand cela réussit, cela fait de magnifiques essais….Et puis, comme le disait Sénèque (ne cherchez pas, ce n’est pas un joueur de rugby !) : « Ce n’est pas parce que c’est difficile qu’on n’ose pas, c’est parce qu’on n’ose pas que c’est difficile… Alors, OSONS !!!!!!! ».
Côté Ville
Echappons-nous un instant du Rugby, et parles nous un peu de ton pays de Vannes… Depuis combien de temps y vis-tu ? Quels en sont les lieux que tu préfères ?
Je connais Vannes depuis toujours… j’y suis né ! Vannes, qui jouit de sa proximité avec le Golfe du Morbihan avec ses 40 îles et les 2 presqu’iles de Rhuys et Quiberon.
Mes sites préférés sont la cale de Pen Er Men, à Arradon (c’est en bas de chez moi et j’y passe tous les jours), l’Ile aux Moines et l’Ile d’Arz, les chemins côtiers autour du golfe ou en presqu’île de Rhuys. Notre façade maritime est merveilleuse, à l’image des 2.700 kms de côte que compte la Bretagne.
Et quand tu arrives à quitter ta Bretagne, c’est vers quels autres territoires que ton esprit aime vagabonder ?
J’aime le Pays Basque pour son tour de force de réunir bord de mer, montagne et … Rugby ! Mais il y a beaucoup d’endroits magnifiques en France qui reste, pour moi, l’un des plus beaux pays du monde par la variété de ses paysages et de ses territoires.
Alain, tu es maintenant un retraité heureux, mais quelle a été ton activité professionnelle auparavant ? Et aujourd’hui, comment aimes-tu l’occuper, cette retraite ?
J’ai fait toute ma carrière comme cadre bancaire au Crédit Agricole du Morbihan, où j’ai exercé différents métiers : très peu comme « banquier », je me suis surtout occupé de formation, de communication et de relationnel dans une entreprise « mutualiste ».
Après ces années consacrées au travail, je savoure aujourd’hui les voyages-découverte en pays étrangers, la marche à pied avec quelques amis, le bateau à voile (j’ai une « caravelle » qui me permet de profiter à plein du Golfe du Morbihan). J’aime aussi chanter, quelquefois en m’accompagnant (mal) à la guitare, et je passe aussi du temps avec mes 5 petits enfants, que j’adore.
Oui oui on confirme… Tu aimes chanter (comme beaucoup de Bretons !), et nous pouvons attester que tu le fais très très bien… et justement, tiens, ici et maintenant, tu aurais envie de nous chanter quoi ?
Bien entendu, c’est « Mon p’tit garçon », chanson de marins de Michel Tonnerre, que j’ai chantée des centaines et des centaines de fois…
Parce que c’est « l’hymne » du RC Vannes, celui qu’on chante encore, qu’on ait gagné ou perdu (15 qui gagnent, 15 qui perdent, ça fait toujours 30 qui chantent !!!)…
Parce que ça parle de la mer, du bistrot, de la convivialité et de tous mes frères de Rugby… Et puis, parce que « ça me fait des embruns au coin des yeux… ».
Mon p’tit garçon
Site Internet du Rugby Club de Vannes
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Interview par Frédéric Poulet
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