Même si tous les minots marseillais naissent avec un ballon rond au bout du pied et rêvent d’exploits au Vélodrome, il y en a qui un jour, au détour d’une fin d’année scolaire, et parce qu’ils sont curieux, découvrent avec des copains que la terre peut aussi être ovale…
Stéphane Laffet est de ceux-là ! Après 15 années passées au Rugby Club Aubagnais, voilà maintenant 5 saisons qu’il vit de grands moments de bonheur avec tous ses potes de l’AUC… Et parce qu’il sait qu’il pourra toujours compter sur la « Bonne Mère », c’est en chef de meute qu’il entend bien croquer Jacou avec ses « chiens poubelle », et ainsi apporter à l’AUC une « Sainte » Victoire… Merci Stéphane !
Envoyez un message à Stéphane Laffet
Bonjour Stéphane, où es-tu né et où as-tu poussé, et raconte nous dans quelles circonstances, un jour, le rugby a débarqué dans ta vie…
Je suis né à Marseille, et j’ai commencé le rugby à l’âge de 14 ans. C’était en 1995, juste avant la Coupe du Monde en Afrique du Sud et cette fameuse ½ finale contre les Springboks. J’étais en 4ème, on était vers la fin de l’année scolaire, et on a été 5 ou 6 de la classe à suivre à l’entraînement un copain qui jouait depuis les mini-poussins, … Bien qu’on était tous « naturellement » portés sur le ballon rond qui était un de nos passe-temps favoris, on avait voulu « essayer » le rugby… On a tous adoré ça tout de suite. Et à l’automne suivant, je signais ma première licence Cadets à l’USAM (Union Sportive Aubagne Marseille) où j’ai été entraîné, entre autres, par Louis Gueyrard, que j’ai retrouvé plus tard en Seniors.
Je n’étais pas issu d’une famille de rugbymen, mais j’ai immédiatement adhéré à ce sport, son état d’esprit, la rigueur et la discipline qu’il exige, mais surtout la camaraderie et les copains.
Et à partir de là, quel a été ton parcours rugbystique ?
Comme tout bon « novice destiné à jouer derrière » qui se respecte, j’ai fait mes premiers entraînements en Cadets à l’aile, mais j’ai rapidement rejoint l’ouverture, car j’avais un bon coup de pied de « footeux ».
C’est donc en n°10 que ’ai intégré le groupe Seniors de l’USAM, à 17 ans, d’abord en Réserve, puis en Equipe I. Et c’est à Fred Vaudo, actuel coprésident du Rugby Club Aubagnais (RCA) que je dois mon repositionnement à la mêlée : il manquait un jour un n°9 sur un match de la B, il m’y a mis… Ca a été une révélation (du moins pour moi !), et le début d’une longue carrière à ce poste.
Je suis toujours resté fidèle au Rugby Club Aubagnais (entre temps il y avait eu une scission entre Aubagne et Marseille, qui avait donné naissance au RCA pour Aubagne et au Stade Phocéen pour Marseille) mais après une douzaine de saisons passées en Seniors, avec des hauts et des bas, une descente en Honneur et une remontée en Fédérale 3, j’ai rejoint l’Aix Université Club Rugby à l’intersaison 2010/2011.
En effet, à Aubagne, j’étais arrivé à la fin d’un cycle, je travaillais et j’habitais à Aix-en-Provence, les trajets devenaient pesants, et un bon copain, Vincent Makinadjian, me suivait à l’AUC si j’y allais. On s’est retrouvé un vendredi soir avec « Maki » à la terrasse de « Chez Mus », et le lundi suivant Sébastien Bonnet (patron de « Chez Mus » et alors Président de l’AUC Rugby) nous faisait signer au club house… Voilà comment l’aventure AUCiste a commencé pour moi, au niveau Honneur !
Depuis tes tous débuts, ballon en mains, quels sont tes 4 ou 5 meilleurs souvenirs de rugby ?
Sous les couleurs du Rugby Club Aubagnais, à mes tous débuts en Seniors, un des matchs les plus « intenses » dont je me rappelle, c’était à Nice. Ils étaient ultra favoris et jouaient la montée en Fédérale 2. Coachés par Louis Gueyrard, on avait fait ce jour là une préparation de match « à l’ancienne » (une de celle qui te « sur-motive » et te transcende !)… Sans sortir du vestiaire… C’était une grande première pour moi. Niçois et Aubagnais étaient tellement chauffés à blanc qu’on s’est battus avant le coup d’envoi ! Malheureusement, on perd le match de 2 points, sur un drop à la dernière minute…
Mais mes souvenirs les plus marquants, je les ai indéniablement à l’AUC, car ils sont plus récents et c’est sous les couleurs « Jaune & Noir » que j’ai connu des titres :
– D’abord le titre de Champions de Provence Honneur, obtenu en 2011 après un match énorme contre Arles, où on gagne aux tirs au but, après avoir été menés 17 à 3 à un ¼ d’heure de la fin… On m’a raconté après le match que le Comité avait même déjà commencé à installer le bouclier du côté des Arlésiens avant la fin du match, tellement l’affaire leur semblait pliée !
– Ensuite, le super parcours que l’on fait en phases finales du Championnat de France Honneur suite à ce titre régional de 2011, avec l’équipe des « chiens poubelles » (expression qui est restée depuis !). On échoue en ½ finales, contre Montesquieu Volvestre. Je l’ai compris plus tard, mais ces matchs de Championnat de France ont une saveur toute particulière. C’est incroyable ce qu’il s’est créé entre nous cette saison là, la première que je vivais personnellement avec l’AUC… On a vécu des moments magiques et quelque chose d’extraordinaire s’est passée avec cette équipe de « chiens poubelle ». AJDE !! (ndlr : ceux qui savent… Sauront… Moi je sais maintenant !!)
– Puis à nouveau le titre de Champions de Provence Honneur en 2013, gagné « chez moi », à Aubagne, avec le maillot de l’AUC, contre Uzès, et la montée en Fédérale 3 cette même année.
– Plus récemment, le match contre Martigues, en janvier dernier, à Maurice David, en lever de rideau de « PARC / Graulhet ». Tout le club, depuis l’école de rugby, s’est mobilisé pour venir nous encourager, et nous avons gagné ce jour là un match ô combien important, avec l’aide d’un « 16ème homme », le public, qui nous a soutenu de façon admirable.
– Et j’évoquerai enfin la victoire de dimanche dernier (ndlr: 5 avril) à Thuir (ce sera la dernière victoire à l’extérieur pour moi, car je joue ma dernière saison de rugby…), qui nous permet aujourd’hui d’avoir les cartes et notre destin en mains pour le maintien en Fédérale 3. On s’était préparé comme des « pros » pour aller chercher cette victoire, et on l’a ramenée à Aix ! Il nous reste maintenant 1 match, contre Jacou, 1 seul match pour que le club puisse continuer l’aventure en Fédérale 3 l’an prochain… Ce serait pour moi une grande fierté de ranger mes crampons en le laissant à ce niveau là.
Tu joues demi de mêlée… Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ce poste, et quel conseil donnerais-tu à un gamin qui en fait l’apprentissage en école de rugby ?
Quand tu joues à ce poste, on te confie une grande partie de la gestion du groupe et du jeu… Une responsabilité que tu partages avec le n° 10 pour conduire et orienter le jeu : accélérer, dynamiser à certains moments, temporiser à d’autres.
Il faut avoir une bonne vision du jeu, analyser rapidement les situations, et prendre les décisions en conséquence pour mettre l’équipe dans le bon timing: faire jouer les gros à hauteur quand il le faut, écarter le ballon, jouer au pied, etc…
Alors, au gamin « apprenti n°9 », je lui dirai simplement : travaille ta passe, ton coup de pied, tes placages, n’oublie pas de lever la tête, applique toi, implique toi, investis toi, ne te décourage jamais…
Tu a été désigné capitaine de l’Equipe dès ta première saison à l’AUC… Quel type de capitaine es-tu, et que dis-tu à tes co-équipiers, juste avant de sortir des vestiaires et d’entrer sur le terrain ?
Il est toujours difficile de parler de soi, et je pense que je suis un capitaine exigeant et rigoureux, et, surtout, j’espère être un capitaine exemplaire (il faudra que tu le demandes aux gars !).
Ce que je dis aux joueurs dans le vestiaire… Je vais justement le garder pour le vestiaire, mais pour faire simple et soft, le message est de rappeler qu’on est une bande de copains avec une même passion, et surtout un même maillot, celui de l’AUC. Je leur dis qu’on est là de notre plein gré, uniquement par plaisir (c’est la seule chose avec laquelle nous sommes rémunérés à l’AUC), et pour le plaisir de notre sport. Et je leur dis que quand on met le maillot, on fait partie de la même famille, une famille qui compte aussi d’autres membres dans le club, et dont nous sommes la vitrine, qu’on doit toujours tout donner les uns pour les autres, pour n’avoir jamais aucun regret.
Voilà 5 saisons que tu joues en « Jaune & Noir »… Au final, ta rencontre avec l’AUC Rugby a-t-elle été une belle rencontre ?
Oui, ça a été une magnifique rencontre ! Bien sûr, il m’a été difficile de quitter Aubagne, c’est mon club formateur et j’y ai joué plus de 15 ans. Mais j’ai vraiment retrouvé quelque chose de fabuleux à l’AUC : une seconde famille, des copains, des amis, le sens de la fête… Les 3èmes mi-temps de l’AUC sont un ciment extraordinaire entre nous ! La meilleure preuve en est le parcours que nous avons fait en 2011, à partir d’un groupe qui ne se connaissait pas trop en début de saison car nous étions nombreux à arriver.
Quel métier exerces-tu, et ressens-tu des points de similitude entre ce que tu vis sur un terrain de rugby, et ce que tu vis au quotidien dans ton travail ?
Je travaille au CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) d’Aix en Provence. J’ai une formation d’administrateur de réseaux, et j’assure au quotidien une mission de chef de projets (système d’information, réseaux, téléphonie, applications métiers, etc…) au service informatique du CCAS.
J’essaie le plus possible d’utiliser mon expérience de joueur de rugby dans le contexte professionnel, en particulier dans ma relation aux autres, car pour moi, finalement, une organisation, quelle qu’elle soit, c’est comme une équipe de rugby : il y a des dirigeants, des entraîneurs, des capitaines, des co-équipiers. Chacun doit faire son travail à un poste bien spécifique, en partageant des valeurs communes, dont une, fondamentale : l’esprit d’équipe. Du coup, c’est vraiment ce que je m’efforce de mettre en œuvre dans mon quotidien professionnel.
Toi qui es Provençal… Qu’est-ce que tu aimes le plus, justement, dans ta Provence ?
Je suis Marseillais, mais mon premier hommage ira à la Place de la Mairie et sa fontaine à Aix-en-Provence… Que de bons souvenirs (ndlr : clin d’œil à ceux qui se reconnaîtront) !
Aix est vraiment une ville magnifique et je suis devenu Aixois. Et concernant Marseille, mon berceau, bien sûr, je ne pourrai pas ne pas évoquer le Vieux Port et la « Bonne Mère », sites incontournables de la cité phocéenne.
Quant à la Provence, il y a tant d’endroits qui valent vraiment le détour, que je laisse le soin aux offices de tourisme locaux d’en parler, ils le feront mieux que moi !
On va se quitter sur une musique ou une chanson… Tu nous proposes d’écouter quoi ?
La première chanson sera « Les copains d’abord », car le rugby c’est ça avant tout.
Et puis, pour à nouveau rendre hommage à la magnifique saison 2011 avec l’AUC, ce sera « La montagne », de Jean Ferrat… C’était un des tubes lors de nos déplacements, pour rendre hommage à « notre » montagne, la Sainte-Victoire !
Georges Brassens – Les copains d’abord
Jean Ferrat – La montagne
Interview : Frédéric Poulet
Photos : Stéphane Laffet joueur : Xavier Faugère / Portrait « Une » de Stéphane : FP / Vues Marseille et Aix, et service informatique : Fotolia
Laisser un commentaire