Samedi - 23 Novembre 2024

Adel Fellah / Responsable du Centre de Formation de l’US Tyrosse


Nous poursuivons aujourd’hui notre revue d’effectifs tyrossaise avec un homme très attachant, qui a bien évidemment le rugby ancré au plus profond de ses tripes et de son coeur, ce qui n’est guère surprenant pour un enfant qui a poussé en Pays Tyrossais ! C’est avec bonheur, enthousiasme, et surtout un très grand réalisme, qu’Adel Fellah dirige depuis peu le Centre de Formation de l’US Tyrosse Rugby Côte Sud…

Un beau challenge et une belle consécration pour ce talonneur qui a du, contraint et forcé, mettre prématurément un terme à sa carrière de joueur. Mais les incidents de la vie servent aussi à lui donner un sens, et Adel a trouvé dans la formation celui qu’il voulait donner à la sienne. Et c’est ainsi, qu’entouré d’une bien belle équipe de collaborateurs, il est en train, avec l’ensemble du club, d’emmener le Centre de Formation de l’UST vers la labellisation… Une reconnaissance qui, soyons-en sûrs, promet encore de magnifiques années à venir pour les Rouge & Bleu et la fougère. Adishatz Adel !

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ICO-ville-2 Côté Rugby


Bonjour Adel, depuis quand, et dans quelles circonstances, es-tu devenu Responsable du Centre de Formation de l’UST ?

Adel-Terrain-Face à face (2)Alors que je jouais au Pays Médoc, en Fédérale 1, j’ai subi une grave blessure en fin de saison 2011–2012. Cet incident a été pour moi l’occasion de réfléchir à mon avenir. En tenant compte des conséquences de cette blessure (qui me faisait désormais courir un risque trop grand sur les terrains), de mes propres aspirations (un intérêt grandissant pour entraîner les jeunes) et de discussions extrêmement riches avec le corps médical (je remercie au passage le docteur Bernard, de la Clinique du Sport à Mérignac), j’ai compris que je devais mettre un terme à ma carrière de joueur, et me consacrer à une autre mission au service du rugby : la formation.

J’ai alors suivi une formation DEJEPS à l’antenne de Soustons du CREPS de Bordeaux, et par bonheur, j’ai eu la chance de pouvoir revenir dans mon club de cœur, l’US Tyrosse, à la fois comme intervenant sportif au Centre de Formation (CDF), et comme coach des Crabos. Pendant un an j’ai ainsi pu mettre en application sur le terrain ce que je bossais en formation, en collaboration avec Gilles Barrère, qui était en charge à cette époque du projet Jeunes, et Stéphane Cambos, coordinateur du DEJEPS. Et puis la direction du club m’a proposé de prendre la responsabilité de la structure CDF.

Bon, et avant ça tu as certainement eu une histoire forte avec le Rugby… Quelles en ont été les grandes étapes ?

J’ai commencé le rugby en Poussins à l’école de rugby de Tyrosse, il y a un petit bout de temps maintenant!

Je suis issu d’une famille de rugbymen, et c’est donc « naturellement » que je suis arrivé à ce sport. A l’époque, mon oncle, Alain Narbey, pilier droit malgré un gabarit un peu atypique (avec peu de kilos, mais beaucoup de mental !), faisait partie de la génération championne de France Reichel A avec les Visensang, Fabre, Bontout, Puyobrau, Lassalle, etc… J’espère que les « anciens » ne m’en voudront pas de ne pas tous les citer, mais ils sont bien sûr tous associés ici.

C’est alors que j’ai commencé à connaître les joies et les peines de la plaine de Burry, avec des éducateurs et des entraîneurs formidables (pour l’anecdote, mon premier éducateur était une fille, Florence Henkes). Je me souviens de mon premier entraînement comme si c’était hier, et c’est là que j’ai construit mon enfance avec les copains, le collège, les retours en bus, les tournois de La Rochelle, Limoges, Orthez… Allez, pour le plaisir, je salue quelques éducateurs de l’époque : Caco Bernizan, Francis Grocq (toujours présent), Jean-Bernard Tesmoins, Pépette…

Tyrosse-rugby-logoEt puis ce fut le passage par les catégories Jeunes, avec de belles histoires de copains qui nous animent encore quand on en parle, car comme tout bon Tyrossais qu’on était, on faisait souvent chuter les grands clubs, et on vivait des moments extraordinaires en phases finales chaque année. Nous avons partagé des moments inoubliables, et si je dois résumer tout ça en un mot, c’est « Fierté »… La fierté d’avoir appartenu à des groupes de copains solidaires, qui luttaient chaque week-end comme des morts de faim face aux grosses « armadas ».

J’ai fait partie de la première génération qui a connu le CDF à Tyrosse sous l’impulsion de Jérôme Dinale, lorsque nous étions en Pro D2. Senior, j’ai joué en Nationale B et en Equipe 1, où j’ai eu la chance de pouvoir évoluer, jeune, aux côtés de John Krief, avec qui j’ai beaucoup appris et malheureusement peu joué. Je garde des moments exceptionnels gravés dans ma tête, comme ces discours d’avant-match faits par Nico Bayer et d’autres anciens qui nous transmettaient les valeurs de Tyrosse… Des moments que tu ne peux pas oublier !

A un moment j’ai eu besoin d’air dans ma jeune carrière, et j’ai eu la chance de rejoindre les Espoirs du B.O. qui cherchaient un jeune « talon » pour compléter un effectif à l’époque extraordinaire, avec des jeunes joueurs qui aujourd’hui évoluent en PRO D2 ou en TOP 14. Ensuite, ce furent 2 ans au Pays Médoc, en Fédérale 1 et en Fédérale 2 avant mon retour à Tyrosse, et… Voilà, la boucle est bouclée !

Logo B.O.Logo Pays Medoc

Souvent on dit « le rugby c’est l’école de la vie »… Et bien avec du recul, je crois vraiment que c’est ce sport qui m’a aidé à me construire et à rencontrer les amis qui m ‘entourent aujourd’hui.

Quelle est la mission et l’objectif du Centre de Formation Tyrossais ?

Le CDF fait partie intégrante du club et c’est une volonté de la direction sportive de le soutenir. Nous sommes en lien permanent avec les entraineurs des catégories Jeunes et le staff Séniors par l’intermédiaire de Stéphane Cambos, Manager sportif du club. Nous avons pour mission de détecter, sélectionner et former les meilleurs potentiels qui visent un projet scolaire et sportif. Nous les accompagnons au quotidien dans leur parcours, et notre objectif est de les aider à atteindre leur plus haut niveau de pratique en vue d’intégrer, le moment venu, l’équipe première du club.

Nous avons commencé à créer un solide réseau de partenaires,

comme les établissements scolaires ou de formation. Avec Daniel Gaudin (Responsable pédagogique du CDF) et Alain Vasse (Responsable administratif), nous essayons de mettre en place un système qui permette d’être au plus proche des besoins du joueur en matière de progression sociale et professionnelle. L’idée n’est pas de se substituer à la famille, mais d’être capable à des moments précis d’activer des leviers.

En tant que Responsable de la structure, qu’est-ce qui t’incombe particulièrement ?

Notre travail demande beaucoup de patience et d’humilité. J’ai eu la grande chance de pouvoir choisir et constituer l’équipe de travail du CDF. Certes, nous sommes encore en construction, mais toutes ces personnes ont une grande valeur ajoutée en termes de méthode et d’expertise.

Mon rôle, c’est d’abord de veiller à ce qu’on ait une organisation humaine qui tienne la route, et que ça fonctionne bien entre toutes les composantes qui sont au service des jeunes : l’administratif, le pédagogique, le sportif, le médical, l’extra sportif. J’essaie aussi d’être au maximum à l’écoute de chacun, notamment des joueurs, pour qu’ils puissent évoluer dans un cadre privilégié… Mais sans jamais laisser en chemin la rigueur, élément indispensable pour nous conduire tous au succès.


Adel-Terrain-Groupe largeur (2)


Quel est le « profil-type » des joueurs qui entrent au Centre de Formation Tyrossais ?

Clairement, notre vivier de candidats au CDF se situe aujourd’hui sur un territoire plus vaste que Saint-Vincent-de-Tyrosse. Nous nous appuyons en effet sur le Rassemblement Côte Sud Landes, mis en place dès la catégorie des -14, et qui regroupe les clubs de Tyrosse, Soustons, Capbreton-Hossegor et Saint-Jean-de-Marsacq. Les premiers « fournisseurs » de talents sont donc les écoles de rugby de ce rassemblement, ainsi que la section sportive du Collège de Saint-Vincent-de-Tyrosse, avec qui nous avons des liens privilégiés. Nous pouvons aussi être amenés à repérer ou sélectionner un joueur venant d’une région plus lointaine, ce qui oblige à gérer d’autres problématiques de logistique.

Les pensionnaires du CDF ont entre 16 et 21 ans, ils sont repérés bien sûr par leurs qualités sportives, mais sont également sélectionnés sur leur capacité à ne pas pénaliser leur cursus scolaire par une pratique intensive du rugby… nos joueurs doivent s’investir sans compter dans un double projet : scolaire et sportif.

Sur le plan sportif, chaque joueur doit être animé de l’ambition d’accéder au niveau Seniors du club (où la barre est mise au haut du tableau Fédérale 1 / PRO D2), et atteindre ce but n’est pas possible sans motivation, concessions, intelligence et travail. Car le niveau de jeu en Fédérale 1 n’a jamais été aussi élevé qu’actuellement, et il se rapproche à certains moments de celui de la PRO D2 en terme d’intensité… Alors il y a du boulot !

Parmi tous ceux que vous menez, quels sont les projets qui te tiennent personnellement le plus à cœur ?

Adel-Terrain-Tabouret (2)Enormément de choses me tiennent à cœur, mais il y a une chose sur laquelle je voudrais vraiment insister : nous devons absolument continuer à valoriser l’activité « formation » au sein du club. Il y a en effet beaucoup de bénévoles qui participent sans compter à la réussite de ce projet, sans être toujours suffisamment mis en valeur : des éducateurs, des entraîneurs, des dirigeants, des administratifs, des anciens, des parents… La volonté de la direction du club est aujourd’hui de mettre en avant tout ce travail, car il est une composante essentielle de la réussite de l’US Tyrosse Rugby Côte Sud, et pour cela, nous sommes dans l’élaboration d’une nouvelle communication en interne.

Votre Centre de Formation est sur la voie de la labellisation… Ca consiste en quoi, et l’US Tyrosse en espère quoi ?

Oui, nous visons la labellisation de notre CDF par la FFR courant 2015. C’est un dispositif qui s’appuie sur des cahiers des charges précis couvrant plusieurs domaines : suivi scolaire, suivi sportif, organisation, moyens humains, méthodes de travail, pédagogie, etc… Cette démarche est essentiellement réservée aux clubs professionnels, et nous ne sommes que très peu de clubs de Fédérale 1 à y être engagés.

Pour nous, l’obtention de ce label va être une belle reconnaissance vis-à-vis de la FFR, du Comité Régional, du Comité Départemental,… et de l’ensemble du rugby français. Ca va nous permettre de sauvegarder et bonifier nos meilleurs potentiels locaux, et aussi de nous rendre plus attractifs vis-à-vis de « talents » extérieurs.

Quels sont les joueurs de rugby que tu admires ou que tu as admirés le plus ? Et si tu devais mettre à l’honneur un club de Rugby en dehors de l’UST, pour lequel tu as une affection particulière, ce serait lequel ?

En référence à mon poste de talonneur, j’ai beaucoup d’admiration pour Raphaël Ibanez, par ses capacités de leader naturel et de meneur d’hommes. C’était un capitaine emblématique qui savait montrer la voie.


ICONE-VIDEORaphaël Ibanez


Et puis surtout j’admire tous mes copains de la génération 85, 86, 87, qui jouent en première à Tyrosse tous les week-ends, dans cette division difficile, qui s’entraînent 4 fois par semaine et décrochent chaque année des résultats de fou. Ils auraient pu partir chaque année dans des clubs de Haut niveau, ils ne l’ont pas fait, on peut se poser la question : pourquoi?… Il faudra leur demander, mais ils ont la fougère sur le cœur et je voulais les mettre à l’honneur.

Concernant les clubs, je voudrais dire que j’apprécie beaucoup le B.O. car j’y ai joué, et je l’ai donc vécu de l’intérieur. C’est un club très famille. Je suis aussi un peu nostalgique de l’époque du Stade Français dans lequel jouaient Christophe Dominici, Diego Dominguez, Christophe Juillet, Fabien Galthié… J’étais un grand fanatique de ce club qui a toujours été un peu « à part », et je le supporte toujours encore.

Adel, si tu devais convaincre un gamin de venir jouer au Rugby (qui plus est à l’US Tyrosse !), tu lui dirais quoi ?

Ah, je lui dirai d’abord qu’au rugby il va trouver des copains et qu’il va bien s’amuser… C’est le plus important. Je lui dirai aussi, quelle que soit sa morphologie, gros, maigre, petit, grand, que ce sport est ouvert à tout le monde. A l’US Tyrosse en particulier, il trouvera une « famille » et il ne sera jamais seul. Il ne sera jamais un « pion », il sera toujours considéré, et tout sera fait pour qu’il s’épanouisse pleinement.


ICO-ville-2 Côté Ville


De quelle région es-tu originaire ?

Je suis né à Bayonne, et suis originaire de Saubrigues, un petit village à côté de Tyrosse, dans lequel vit toute ma famille.

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans cette région où tu vis ?

J’aime la Côte Atlantique, toute proche. J’aime la chaleur des gens, l’atmosphère de simplicité qui règne ici. C’est aussi une région très sportive, et il y a tout type de sports : la glisse, le ski (pas très loin), le rugby, la pelote, le foot, etc… . Au niveau culturel, c’est un pays qui respecte et honore pleinement ses traditions, la fête y est toujours présente.

Y-a-t-il d’autres régions que tu as découvertes et que tu as particulièrement appréciées ?

J’ai habité Bordeaux, et j’ai adoré son centre-ville, que je trouve magnifique et très agréable à vivre. Un peu plus haut, j’ai aussi aimé le Médoc et sa tradition viticole.
J’ai l’occasion aussi d’aller en Angleterre chaque année, à Brentwood, dans la banlieue de Londres, dans le cadre d’échanges avec le collège de Saint-Vincent-de-Tyrosse, et on y est toujours très bien reçus, et c’est un endroit que j’aime bien.

Avant que tu ne prennes la Direction du Centre de Formation de l’US Tyrosse, quel a été ton parcours de formation et professionnel ?

Après un BTS d’Assistant de Gestion de PME/PMI, j’ai travaillé pendant 2 ans dans la banque, avant de partir à Bordeaux pour jouer au Pays Médoc. Là-bas, j’ai travaillé comme assistant d’éducation dans des collèges et lycées, c’est ce qui m’a rapproché des jeunes et a réveillé en moi une vocation pour la formation.

En dehors du Rugby, as-tu des activités ou « hobbys » particuliers qui occupent tes moments de loisirs ?

Il est clair que mettre les crampons pour aller jouer me manque… Alors avec les copains, on joue de temps en temps à la pala, on gravit la Rhune (montagne en Pays Basque). Et puis j’essaie au maximum de profiter de ma famille.

Et là Adel, il va falloir que tu m’indiques une musique ou une chanson, sinon on ne pourra pas se quitter…

Alors ce n’est pas une chanson que je voudrais te faire écouter, mais une vidéo qui illustre quelque part notre positionnement de club un peu « spécial », un club qui lutte sans cesse dans un monde où l’économie essaye de prendre le pas sur les valeurs.

« Nous ne lâcherons jamais nos idées et nos convictions qui font notre force depuis plus de 100 ans. »… C’est un combat qui demande d’être à l’unisson !


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Site Internet de l’US Tyrosse Rugby Côte Sud


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ICONE-CREDITSInterview et Photo Portrait par Frédéric Poulet


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