Mercredi - 04 Décembre 2024

André Maurel / Ancien Président du Gap Hautes-Alpes Rugby


Quoi de plus normal qu’en bon (ex) pilier droit, ce soit en « n°3 » qu’André Maurel fasse son entrée dans notre « mêlée ouverte des Anciens Présidents » ? C’est aux « Olivades », magnifique établissement de charme surplombant Gap et codirigé par Cédric Manzoni, ancien joueur du RC Gap, qu’André nous a donné rendez-vous. Et c’est donc autour d’un excellent repas, dans ce superbe coin de France où Montagne et Provence se croisent et se mélangent, que ce Gapençais « pur jus » à l’accent enchanté s’est laissé (bien volontiers) « soumettre à la question »…

gap-panneauEt parce que, grâce au métier d’art qu’il exerce et auquel il voue une véritable passion, il a la chance d’avoir de l’or dans les mains (même si elles durent aussi parfois filer quelques castagnes en bon pilier qu’il fut !), André est pour nous la preuve vivante que les anciens du Champsaur ne se trompent guère quand ils affirment que « Lou boun sens s’apren pas dinc un libri » (« Le bon sens ne s’apprend pas dans un livre ! »)… A ben lèou, Dédé !


ICO-ville-2 Côté Rugby


Bonjour André, tu es notre Gapençais préféré et nous voudrions savoir… le Rugby et toi, vous vous êtes rencontrés comment, au début ?

Cédric Manzoni & André Maurel aux « Olivades »

Cédric Manzoni & André Maurel aux « Olivades »

Bien que je ne sois pas né et que je n’aie pas « poussé » sur une terre de Rugby, disons qu’il faisait partie des sports dont on parlait beaucoup à la maison, car mon père avait joué quand il était à l’Ecole Nationale de Voiron, où il apprit la chaudronnerie avant de faire carrière dans la Marine.

Pour ma part, quand à l’âge de 14 ans je suis rentré au Centre d’Apprentissage Paul Héraud de Gap, le directeur, Monsieur Limonne, qui avait joué au CS Vienne (club alors en nationale) voulait faire revivre le Rugby dans une région où ce sport était plutôt considéré comme « exotique », et en sommeil depuis longtemps. Ainsi, dès la saison 1963/64 une équipe Juniors était engagée en championnat des Alpes, et l’année suivante une équipe Seniors en 4ème série… Et c’est donc à cette époque là que mon parcours rugbystique a commencé sur le terrain, au poste de pilier droit … .

Et ensuite, ça a été quoi ton histoire avec le Rugby, et quels en sont les moments les plus mémorables pour toi ?

Joueur au Rugby Club de Gap, j’ai aussi beaucoup pratiqué pendant mon service militaire (qui durait 18 mois à l’époque !),que j’ai effectué à Rastatt, en Allemagne. Mais en 1971, puis à nouveau en 1973, de graves blessures aux 2 genoux m’ont malheureusement amené à interrompre prématurément ma carrière de joueur, et naturellement, je me suis alors orienté vers le rôle d’entraîneur. En même temps, je suis entré comme « jeune » (à l’époque !) dirigeant, et depuis… je le suis toujours resté (pas que dirigeant… « jeune » aussi !).

J’ai été Président du club pendant 10 ans, et aujourd’hui je fais partie de son Conseil d’Administration.

Je suis également, depuis 14 ans, Président du Comité Départemental des Hautes-Alpes. Alors, mes meilleurs souvenirs dans tout ça ?… Ah, comme tout un chacun qui tutoie le Rugby depuis si longtemps, il y en a beaucoup ! En tant que joueur, pendant ma période militaire, tiens, comment oublier ce match contre l’équipe d’Allemagne, en terre hostile ? Ce jour là, après les hymnes nationaux, on a été à deux doigts (et quelques poings !) de déclencher la 3ème guerre mondiale !

Nous aurions pu jouer sans ballon, car assez rapidement il n’était plus devenu le centre d’intérêt !!!!! Qu’est-ce qu’on s’est mis… Nous avons gagné 6 à 3, en présence du Général Massu, qui nous avait donné l’ordre de ne pas perdre ce match ! En tant qu’entraîneur, j’ai eu la joie, en 1978 d’amener mon équipe en quart de finale du Championnat de France à Alès, contre Mirepoix, qui était Champion des Pyrénées. Malgré la défaite, 14 à 5, nous accédions tout de même pour la première fois à la division d’Honneur. Et en tant que Président du club, un grand moment de bonheur a été pour moi l’accession à la 3° division fédérale, c’était en 1998.

Comme tu l’as dit plus haut André, tu n’as pas poussé sur une terre de Rugby, bien que ton « pays » ne soit pas si loin que ça de Toulon, de Grenoble ou autre Bourgoin-Jallieu… Alors comment on fait ici, à Gap, pour entretenir la flamme ovale ?

gap-club-3Oui, il est sûr que Gap est aujourd’hui plus connue grâce à ses « Rapaces » (l’équipe de Hockey sur Glace) que grâce à son équipe de Rugby… Nous sommes avant tout un pays de montagne, et le Rugby ne fait pas partie de sa culture originelle !

Une de nos grandes difficultés pour accéder et nous maintenir à un niveau supérieur est de faire venir des joueurs de l’extérieur. Et pourtant ! Notre ville et notre région sont magnifiques, et toute personne qui s’installe ici ne le regrette jamais. Il est vrai que nous pâtissons encore, même si c’est de moins en moins vrai, de notre relatif enclavement géographique, et d’une situation économique qui ne peut rivaliser avec celle des très grands centres urbains.

Nous sommes perpétuellement confrontés à cette « quadrature du cercle » : notre niveau actuel n’est pas suffisant pour attirer assez de joueurs de l’extérieur susceptibles de nous faire passer un cap, et donc nous peinons beaucoup à progresser dans la hiérarchie du Rugby français, et donc, et donc, et donc… Tant que nous ne serons pas installés durablement à un niveau suffisamment attractif (minimum Fédérale 3), ce sera difficile d’enclencher un « cercle vertueux » pour aller au-delà. C’est pour ça que nous mettons le paquet sur la formation des jeunes… . Oui, c’est sûr, la destinée du Gap Hautes-Alpes Rugby se trouve avant tout dans les mains (et les jambes !) de nos jeunes Gapençais, de l’Ecole de Rugby aux Juniors.

Et en tant que fan de Rugby, quels sont les grands clubs qui te « remuent » le plus, et les joueurs dont tu voudrais ici saluer la bravoure ?

Mes clubs préférés sont, bien sûr, le RC Toulon (surtout actuellement !), car il est près de chez nous, mais également le Stade Français, que j’ai toujours aimé, en particulier sous l’ère Galtier. J’ai aussi un petit faible pour Montpellier qui, j’en suis sûr, atteindra un jour prochain le sommet.

Sur le plan des joueurs, j’ai toujours été admiratif de ce gars exceptionnel que fut Jacques Fouroux. Malgré sa petite taille, il était et restera à jamais dans nos pensées, un immense meneur d’hommes. Je n’oublie pas Christian Carrère, capitaine discret au grand cœur et joueur redouté du RC Toulon pour sa défense et son déplacement sur le terrain. Plus près de nous Bakkies Botha, pour ce qu’il apporte par sa présence dans l’équipe toulonnaise, malgré une carrière déjà bien remplie.


ICONE-VIDEOJacques Fouroux


ICONE-VIDEOBakkies Botha


A l’époque de la « première mi-temps » de Puissance 15, tu étais Président du Rugby Club de Gap, qui faisait partie du réseau. Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans l’aventure que nous avons partagée avec les autres clubs, et comment entrevois-tu aujourd’hui la contre-attaque que nous lançons depuis nos « 22 mètres » ?

Lors de la première version de « Puissance 15 », j’ai vraiment été enthousiasmé par le désir de chacun de faire vivre et réussir le projet, à la fois pour son club, mais aussi pour tous les autres clubs. Finalement, c’était un peu comme si, avec nos forces et nos faiblesses respectives, nous dépendions tous les uns des autres… A l’image d’une équipe de Rugby en quelque sorte !

Dans un contexte « pas simple » pour nous compte tenu du relatif faible attrait du Rugby pour le tissu économique local, constituer et fédérer une « Equipe de Partenaires » autour du RC Gap pouvait sembler être un défi… et nous l’avons relevé !

« Puissance 15 » nous a aidé à nous structurer en matière de Partenariat, et cela a mis de l’enthousiasme

et de la pertinence chez nos dirigeants pour aller chercher les partenaires, en capitalisant sur l’expérience et la renommée des autres clubs qui constituaient le réseau, je pense notamment à Saint-Vincent-de-Tyrosse et à Massy, qui étaient déjà bien connus à l’époque, et de façon positive, sur la Planète Rugby.

Mes meilleurs souvenirs restent évidemment les Rencontres du réseau à L’Ile de La Réunion en 1998, j’en ai encore des images plein les yeux, et bien entendu à Vannes en 2000, où les « Rencontres Puissance 15 » furent d’un niveau exceptionnel grâce à nos amis Bretons. Maintenant, comment entrevoir la suite à l’heure où nous parlons ? Bien sûr, j’y suis à titre personnel très favorable, même si je sais que pour nous, Gapençais, le défi va peut-être être, une fois encore, plus difficile à relever que pour certains autres territoires, économiquement plus « riches » et évoluant à un niveau rugbystique supérieur.

J’espère que nous parviendrons encore et toujours à mobiliser autour de ce projet, et bien au-delà du Rugby, les énergies et les nombreux talents que compte le Pays Gapençais.

 


ICO-ville-2 Côté Ville


Et entre Gap et toi, ça se passe comment ? Qu’est-ce que tu aimes dans ta ville et dans ton Pays Gapençais ? Indique nous quelques lieux où quelques « trucs » que tu voudrais nous faire connaître, absolument…

gap-Lac-Serre-Ponçon-Brigitte-AlliotEntre Gap et moi ?… ça se passe plutôt très très bien ! Elle m’a vu naître et grandir cette ville, alors entre elle et moi, c’est une longue histoire d’amour. Hormis une courte évasion professionnelle de 4 ans à Grenoble, la grande voisine, je suis resté fidèle à ma cité, dont je vante les charmes partout où je vais, partout où je suis. Gap et les Hautes-Alpes ont deux atouts majeurs que j’aime par-dessus tout : leur taille humaine (ici tout le monde se connaît et est accessible) et le climat… 300 jours de soleil par an, n’est-ce pas un avant-goût du Paradis ça ?

Le seul gros « problème » que nous pouvons ressentir parfois, c’est notre enclavement… mais toute médaille a son revers, et que nous sommes bien chez nous !!! Un des endroits que je préfère dans ma région est le lac de Serre-Ponçon, et au niveau des spécialités locales, j’avoue avoir un petit faible pour les « tourtons », une sorte de beignet croustillant, fourré de choses diverses et variées, salé ou sucré, et qui vaut son pesant d’or… .

Bon, et après Gap et les Hautes-Alpes, c’est quoi pour toi la deuxième plus belle région de France ?

J’aime beaucoup le Pays Basque, pour l’accueil que savent toujours nous réserver ses habitants, pour son Rugby, et pour les nombreuses fêtes qui font tellement partie de la culture de cette région, sans oublier, bien sûr, sa gastronomie.

André, je sais que tu as un beau et noble (et rare) métier « dans les mains » comme on dit… Tu peux nous en parler un peu ? Et qu’est-ce que tu dirais à un jeune qui voudrait se lancer dans ce métier ?

Andre-MAUREL-Ancien-President-du-Gap-Hautes-Alpes-Rugby-2Bien sûr ! Je suis tapissier décorateur, depuis plus 45 ans. Je suis maintenant à la retraite, mais j’ai conservé une activité réduite en statut d’auto-entrepreneur, parce que j’ai toujours au fond de moi la passion de ce métier, et que je suis fréquemment sollicité ! Au cours de ma carrière professionnelle, j’avais créé une structure à mon compte qui a eu jusqu’à 8 salariés, ici à Gap.

Mon entreprise était spécialisée dans la rénovation de salles de spectacle et de théatres. Nous avons travaillé pendant plus de 20 ans au Palais des Papes d’Avignon, décoré l’Opéra de Toulon, la salle Gaveau à Paris, sans oublier de nombreux théatres en France, en Belgique et en Suisse. A un jeune qui serait tenté par ce métier ?, je lui dirai simplement « Viens-y avec passion dans ce métier, et, comme moi, garde la toute ta vie cette passion: tu ne manqueras jamais de travail et tu feras de tes mains des choses magnifiques ».


ICONE-VIDEOLe métier de Tapissier Décorateur


Entre le Rugby, ta famille, et ton métier d’art, tu arrives à intercaler quoi dans tes moments de loisirs ?

Mes genoux ne me laissant guère plus la possibilité de courir, je joue maintenant à la Boule Lyonnaise, et je m’adonne à de nombreuses randonnées entre amis, y compris en raquettes pendant la saison d’hiver.

Nous avons en effet la grande chance de vivre dans un département qui dispose d’une palette incroyable de ballades somptueuses, et de magnifiques paysages de neige en hiver… Alors nous profitons un maximum de cette nature grandiose qui s’offre si généreusement à nous.

Et quand tu te ballades, tout là-haut dans tes montagnes, et que tu es en communion avec la Nature, dis-nous Dédé, tu as quelles chansons exactement dans la tête ?

Dans ces moments là, j’écoute en boucle « Les copains d’abord », de Brassens, suivie de très près par « Emmenez-moi », de Charles Aznavour. Ah, et puis j’ai découvert, il y a très peu de temps, lors de la dernière AG de la FFR à Lyon, le fameux « Dimanche à 15h », une chanson qui m’a profondément ému car elle correspond à tout ce que le Rugby me fait vivre.


ICONE-VIDEOLes copains d’abord » / Brassens


ICONE-VIDEOEmmenez-moi » / Charles Aznavour


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Site Internet du Gap Hautes-Alpes Rugby


Interview et photos de Frédéric Poulet
Photo Lac Serre Ponçon Wikimedia – Brigitte Alliot


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